Parachat ‘Hayé Sarah – Rester jeune

« La durée de vie de Sarah était de cent ans, vingt ans et sept ans ; ce sont les années de la vie de Sarah » (chapitre 23, verset 1). Rachi explique, sur la base du Midrach Raba, pourquoi le verset répète les années de sa vie séparément, et ne dit pas seulement que sa vie a été de cent vingt-sept ans. Chaque numéro vient nous apprendre quelque chose de spécial : à cent ans, elle était sans pêché comme à vingt ans (jusqu’à vingt ans, personne n’est passible de punition), et à vingt ans, elle avait la beauté naturelle d’un enfant de sept ans, qui n’a pas besoin de produits cosmétiques. Rachi ajoute que les années de la vie de Sarah étaient toutes également bonnes (commentaire d’Artscroll). Qu’est-ce que les années de la vie de Sarah nous apprennent aujourd’hui dans nos vies ? Comment est-ce que je me sens, vieux ou jeune ?

Rabbi Natan de Breslev explique que les années de la vie de Sarah viennent nous apprendre que le principal aspect d’achèvement qu’une personne peut obtenir est de recommencer à vivre à chaque fois. Qu’est-ce que ça veut dire ? Même lorsque vous vieillissez et devenez âgé, vous devriez vous regarder comme si vous étiez encore un très jeune enfant, comme si vous n’aviez toujours pas commencé à vraiment vivre et servir D.ieu. Cela vous aidera à commencer maintenant une vie significative, en servant à chaque fois Hachem avec une nouvelle force.

Si une personne se considère jeune quel que soit son âge, cela l’aidera à grandir spirituellement et elle méritera une longue vie. Ses jours seront vraiment longs car elle n’en laissera passer aucun sans y ajouter de la sainteté et de la vitalité (Likutey Halah’ot, Lois des Téfilin, 5e enseignement). Nous pouvons, nous aussi, vivre une vie bien remplie comme Sarah – cela dépend simplement de notre point de vue. Se sentir jeune ou vieux dépend de la façon dont nous nous percevons et comment nous abordons la vie.

Rabbi Natan apporte également cet enseignement en relation avec l’histoire de Rabbi Nah’man sur les sept mendiants, qui n’étaient en fait pas des mendiants mais de grands Tzaddikim, chacun possédant un trait spécial qui semblait, à la surface, comme un défaut. Chacun d’eux vient rendre visite à un couple de jeunes mariés pendant les sept jours des shéva berah’otes qui suivent leur mariage. Le premier jour, le mendiant aveugle vient leur rendre visite. Alors qu’il leur parle, il dit : « Je suis extrêmement vieux, mais je suis complètement jeune. » Dans son commentaire, le rav Aryeh Kaplan, de mémoire bénie, explique : « Lorsqu’on est toujours en train de prendre un nouveau départ, c’est comme si sa vie ne faisait que commencer. »

De plus, dans la Torah, il y a plusieurs versets qui parlent d’accomplir les commandements aujourd’hui, ce qui signifie que nous devrions apprendre et accomplir la Torah comme si aujourd’hui était notre premier jour – chaque jour à nouveau. Le rav Kaplan conclut là, sur la base du Likutey Halah’ot, « Ainsi, nous pouvons apprendre du mendiant aveugle la puissance de ce renouvellement continu. Il faut être aveugle quand il s’agit d’examiner les obstacles sur sa voie pour servir D.ieu » (Les histoires de Rabbi Nah’man).

Personnellement, cet enseignement sur la vie de Sarah m’encourage et m’aide à me regarder comme encore jeune, même si je me vois vieillir physiquement. J’apprends avec des étudiants de la yéchiva où j’enseigne qui sont nés quand j’avais 22 ans (!), et j’ai parfois la pensée : « Wow, je me sens vieux. » J’ai eu 41 ans récemment, et parfois quand je regarde dans le miroir et vois des signes de vieillissement, comme plus de poils blancs dans ma barbe et mes cheveux, c’est difficile pour moi d’accepter. Comment le temps est-il passé si vite ?! Cependant, en essayant de vivre une vie au service d’Hachem du mieux que je peux ; une vie de don de bonté de tsedaka, d’étude de la Torah et d’une volonté de s’améliorer dans tout  ce que je peux faire de bien dans le monde. Cette attitude battante m’aide à me sentir jeune et vif dans mon être.