D-ieu hait la débauche

Si les Israélites avaient veillé à leur vue: s'ils l'avaient conservée pure et sainte, Mais ils l'ont souillé en regardant l'interdit.

4 Temps de lecture

le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 05.04.21

Balak et Bil'am ne pouvaient maudire les Israélites que s'ils réussissaient à les détacher de l'étude de la Torah. Comme nous l'avons vu, Bil'am connaissait exactement l'instant où Dieu se met en colère, mais durant tout ce temps-là, l'Eternel ne s'était pas mis en colère pour qu'on puisse connaître les bontés de l'Eternel (Michée 6:5). C'est pourquoi Bil'am demanda: Comment maudirai-je celui que Dieu n'a point maudit? Comment menacerai-je, quand l'Eternel est sans colère? (Nombres 23:5). Il était toutefois bien déterminé à les faire trébucher en les détachant de l'étude de la Torah.
Commentant le verset Cela formera pour vous des franges dont la vue vous rappellera tous les commandements de l'Eternel, afin que vous ne vous égariez pas à la suite de votre cœur et de vos yeux… (Nombres 15:39), Rachi explique: l'œil voit, le cœur convoite, et le corps commet le péché…

L'intention de Bil'am était de faire tomber les barrières de pudeur gardées par les enfants d'Israël pour qu'ils trébuchent et commettent tous les péchés. C'est de lui que toutes les nations voulant nous exterminer ont appris.

Les enfants d'Israël voulaient un peu se reposer: Israël s'établit à Chitim (ibid. 25:1) dans la paix et la tranquillité. Rappelons à cet effet l'enseignement du Midrach (Béréchith Rabah 4:1) selon lequel quand notre patriarche Ya'akov a voulu un peu se reposer, le problème de Yossef a immédiatement surgi. Ce n'est pas là l'attitude à adopter quand on livre un combat à l'ennemi. Les guerres ne faisaient que commencer contre Amalek, Bil'am et Balak qui ne visaient qu'à exterminer les enfants d'Israël… L'œuvre de Satan a donc réussi et les enfants d'Israël ont succombé aux péchés les plus graves… D'ailleurs la valeur numérique de CHiTiM, où ils se sont débauchés, est la même que celle de SaTaN (359) qui a réussi à les faire trébucher spirituellement.

Si les Israélites avaient veillé à leur vue: s'ils l'avaient conservée pure et sainte, ils ne seraient pas arrivés à ce stade. Mais ils l'ont souillé en regardant ce qui est interdit. Leur cœur a convoité le péché, que le corps a mis en application: ils ont ainsi souillé le signe de l'Alliance sainte. Comme on le sait, lorsqu'un Juif cohabite avec une femme qu'il n'a pas épousée dans la sainteté, il engendre une souillure dans le secret de la création de l'homme qui a été créé à   partir du sable, qui fait allusion à la multitude de mitsvoth, comme nous l'avons vu plus haut. Et lorsqu'il cohabite avec une non-juive, les résultats sont infiniment plus désastreux. Nous voyons donc ce qui arrive quand on néglige d'étudier la Torah: ce péché fait descendre directement à la tombe. C'est ce qui s'est passé à la génération de la Connaissance qui a fini par se prostituer à Ba'al Pé'or.

Bil'am savait tout cela, et c'est pourquoi il a engagé toutes ses forces de l'impureté dans ce but. Comme les lettres Beth et Péh sont interchangeables, on peut dire que Bil'am, fils de Bé'or, a conduit les enfants d'Israël à la prostitution à Ba'al Pé'or… Bil'am les enviait car il les connaissait bien: qui peut compter la poussière de Ya'akov (Nombres 23:10) s'est-il exclamé à leur sujet… Qui peut compter le nombre de mitsvoth qu'ils accomplissent avec le sable: Ne laboure pas avec un bœuf et un âne attelés ensemble (Deutéronome 22:10); ne sème point dans ton champ des graines hétérogènes (Lévitique 19:9), la cendre de la vache rousse et le sable mêlé à l'eau à la femme accusée d'adultère (cf. Lévitique 5), etc. Bil'am savait que tout comme on ne peut pas dénombrer les grains de sable, on ne peut pas dénombrer les mitsvoth relatives au Juif qui a été créé à partir du sable, qui correspondent à ses deux cent quarante-huit membres et ses trois cent soixante-cinq tendons, et grâce auxquelles il peut mériter le monde futur.
Bil'am a toutefois fini par souhaiter une mort comme celle des enfants d'Israël: Puissé-je mourir comme meurent ces Justes et puisse ma fin ressembler à la leur (Nombres 23:10). Car une fois revenu au sable d'où il a été créé, il pourra rectifier tout son être et sa création et amener l'accomplissement de ses mitsvoth à la perfection.

Il ignorait sans doute que pour accéder à cette mort, il convient de s'engager assidûment toute sa vie dans l'étude de la Torah et l'accomplissement des mitsvoth. Celui qui se prépare activement pour le Chabath, mangera le Chabath (Avodah Zarah 3a; Kohéleth Rabah 1:36). Bil'am, qui était tout entier imbu d'orgueil, assouvissait ses passions et n'était pas du tout disposé  à produire des efforts dans ce but, ne méritait certainement pas une telle mort, lui, qui d'après le Talmud (Sanhédrine 105a) a eu des rapports avec Bé'or, son ânesse (Rachi), lui qui incarnait la débauche! Si Balak a emmené Bil'am sur la cime de Pé'or qui domine la surface du désert (Nombres 23:28), c'est parce qu'il savait que les enfants d'Israël étaient destinés à y transgresser la volonté de Dieu, mais il ignorait l'essence du péché qu'ils allaient y commettre (Midrach Agadah, Rachi). Bil'am voulait ainsi les maudire par n'importe quelle façon.

Il ignorait cependant que le Saint, béni soit-Il, ne punit pas pour les fautes qu'on se destine à commettre: comme nous l'avons vu, Dieu ne joint pas une mauvaise pensée à l'action (Kidouchine 40a; Zohar I, 28b). C'est pourquoi Dieu n'a pas laissé Bil'am les maudire pour le péché qu'ils allaient dans l'avenir commettre à Pé'or… Car si Dieu veut pardonner toutes les fautes du passé des enfants d'Israël, l'attribut de jugement portera des accusations contre eux en affirmant qu'ils sont destinés à pécher dans l'avenir. Or, comme nous l'avons dit, Dieu ne punit pas pour les fautes de l'avenir. Commentant à cet effet le verset: Dieu a entendu la voix de l'enfant là où il est (Genèse 21:17), le Talmud (Roch Hachanah 16b) explique qu'on ne juge l'homme que pour les fautes qu'il commet dans le présent… Les enfants d'Israël n'avaient donc rien à craindre des malédictions de Bil'am.

Balak et Bil'am voulaient annuler l'attribut de miséricorde pour que les Israélites soient punis pour leurs fautes de l'avenir. Mais, comme l'Eternel est tardif à la colère, plein de bienveillance et d'équité (Exode 34:6), Il n'y a pas consenti. Dieu est la justice absolue: s'Il châtiait avant le péché, le Peuple d'Israël ne pourrait pas subsister… Seul, le fils libertin et rebelle, qui a déjà commencé à mal agir dans sa plus tendre jeunesse et dont on est sûr que sa conduite empirera par la suite, doit être puni avant qu'il ne passe à l'action (Sanhédrine  72a).
 

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire