La racine de toutes les fautes : L’Orgueil-Chelah’

Le dirigeant doit viser essentiellement à pousser le peuple à servir D-ieu, mais s'il ne vise que son honneur personnel, il est susceptible d'abaisser le niveau spirituel

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 08.06.23

 Dans notre sidrah, nous avons vu que le péché des explorateurs était dû essentiellement à leur orgueil: ils voulaient rester dans le désert pour se mettre à la tête des enfants d’Israël, ils savaient à cet effet que s’ils entraient en Terre Sainte, leur poste serait occupé par d’autres. C’est pourquoi ils décrièrent le pays qu’ils avaient exploré (Nombres 13:32).

Le dirigeant doit viser essentiellement à pousser le peuple à servir D-ieu, mais s’il ne vise que son honneur personnel, il est susceptible d’abaisser le niveau spirituel des enfants d’Israël. Car l’honneur n’appartient exclusivement qu’à la Torah… La gloire réelle revient au Sage, et non au dirigeant ou au roi; l’honneur interne appartient à la Torah du Tsadik; celui du souverain n’est qu’externe, enveloppé de mensonge et de flatterie.

Grâce aux honneurs sincères qu’on lui accorde, le Tsadik élève l’honneur qui est dû au Saint, béni soit-Il, comme il est écrit: L’Eternel règne! Il est revêtu de majesté (Psaumes 93:1). C’est à cet honneur qu’aspiraient les explorateurs, mais la Torah nous ordonne: Chéla’h Lékha (qui a, avec le nombre de lettres et de mots, la même valeur numérique que Chiltone, le pouvoir), débarrasse-toi des honneurs et du pouvoir: tu n’y arriveras qu’en t’effaçant devant le Tsadik, et à plus forte raison devant le Saint, béni soit-Il.
Sages, mesurez vos paroles, nous avertit la Michnah (Pirké Avoth 1:11); n’exploitez pas les honneurs qui ne sont dus qu’à la Torah, qui donne à ceux qui l’étudient la vie de ce monde et la vie éternelle dans le monde futur. Ne vous en servez pas comme une pelle pour creuser (ibid. 4:7), c’est-à-dire n’en faites pas un métier (voir aussi Nédarim 62a).

En fin de compte, les explorateurs sont partis au pays de Cana’an dans l’intention la’hpor de tout creuser, c’est-à-dire détruire et démolir aussi bien au plan matériel que spirituel, par suite de leur passion du pouvoir et de leur orgueil.
C’est comme quelqu’un qui entre chez un Tsadik la tête haute, tout empli d’orgueil et demande une bénédiction. Il va sans dire que leTsadik ne peut lui être d’aucune utilité, il ne peut pas agir sur quelqu’un qui se considère supérieur à lui… Notre homme sort donc de chez Tsadik et médit de lui… Ce n’est naturellement pas le Tsadik qui est fautif, mais l’orgueilleux qui est entré chez lui.
C’est ce même mauvais trait qui dépeint Kora’h et son assemblée. Commentant à cet effet le verset: Kora’h a pris… (Nombres 16:1), le Midrach (Tan’houma, ibid. 2) explique: Kora’h s’est mis seul de côté, séparé de l’assemblée, et a prétendu au titre de Cohen Gadol. Au lieu de tirer la leçon des explorateurs qui se sont opposés à Moché et fait verser des larmes aux générations qui les ont suivis, cet orgueilleux a suivi leurs traces et finit dans le Chéol (Sanhédrine 109b).

Moché, en revanche, qui était le plus humble des hommes, a restitué au Saint, béni soit-Il, tous les honneurs qui lui ont été réservés. La Torah témoigne d’ailleurs de lui: Il n’a plus paru en Israël un prophète tel que Moïse, avec qui le Seigneur avait communiqué face à face (Deutéronome 34:10).
L’orgueil est donc la source de tout péché. Comme nous l’avons vu, la Torah ne peut subsister que grâce à la modestie, que chez celui qui se considère comme un désert (Midrach Hagadah, ‘Houkath 21:19).

Celui qui fait preuve d’une humilité exagérée est toutefois susceptible d’en arriver au désarroi. Le mauvais penchant peut lui tenir les propos suivants: Tu ne revêts aucune importance aux yeux de Dieu; Il ne tient pas du tout compte des préceptes divins que tu accomplis. Il peut alors cesser d’accomplir les mitsvoth. Aussi la Torah lui dit-elle: Nasso (littéralement relève) les enfants de Guerchon… (Nombres 4:22): en d’autres termes, si le mauvais penchant prétend que tu n’es pas important relèves-toi à tes yeux (comme il est écrit: il éleva son cœur dans les voies de Dieu.) et guerchon, débarrasse-toi de lui une fois pour toutes.

La sidrah Béha’alotékha nous enseigne que lorsqu’on accomplit une mitsvah, il convient d’en prendre pleinement conscience. Si par exemple on fait la charité à un pauvre, on doit en ressentir physiquement les effets, si on peut dire. Le corps s’élève et se sanctifie alors, et l’âme se réjouit d’avoir mis en pratique le commandement divin: Tu aimeras ton prochain comme toi-même (Lévitique 19:18)… Béha’alotékah: nous avons-là alors deux (Bé ou Beth = 2) élévations, celle du corps et celle de l’âme lors de l’accomplissement de la mitsvah.

Et si le mauvais penchant vient nous séduire pour commettre un péché, rappelons-nous le jour de la mort, comme nous l’avons vu plus haut. Après s’être engagé dans l’étude de la Torah et avoir récité le Chéma’ avant de se mettre au lit, comme il est écrit: Tremblez et ne péchez point; rentrez en vous-mêmes sur votre couche, et gardez le silence! Sélah! (Psaumes 4:5). Allusion à cela: A la fin de nos jours, quand nous nous présenterons vis-à-vis de la face du candélabre, c’est-à-dire devant le Tout-Puissant pour Lui rendre compte de nos actions, faisons preuve d’humilité. (Notons à cet effet la similitude des valeurs numériques de EL MOuL PéNé HaMéNoRaH (en face du candélabre) et ZoTh Ha’ANaVaH (c’est la modestie) (plus 8 pour les lettres et 1 pour le collel) (556) pour notre bien dans ce monde-ci comme dans le monde futur.
Avec l’amabilité du site www.hevratpinto.org 

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