La source de perfection-Vayéra

Avraham pria pour que ses enfants suivent les voies de D-ieu et restent attachés au fond de leur âme aux patriarches Avraham, Yits’haq et Ya’aqov…

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.11.22

Veiller à la sainteté du signe de l’Alliance, source de perfection

Il est écrit (Béréchith 18:1) : “L’Éternel se révéla à lui dans les plaines de Mamré…” et (ibid. verset 2) : “Il leva les yeux et vit trois personnages debout devant lui, et il courut à leur rencontre du seuil de la tente et se prosterna devant eux.”
Présentons d’abord quelques questions afin de mieux comprendre ces versets :
1. Les Sages disent (Sota 14a, Babba Metzya 86b): “C’était le troisième jour après la circoncision d’Avraham, et D-ieu vint lui rendre visite comme on va visiter un malade.” Si Avraham est malade, où puise-t-il la force de se lever et de courir vers les gens de passage en dépit de la grande douleur qu’il ressent ?
2. Il est écrit : “Il était assis sur le seuil de la tente”, ce qui nous indique qu’Avraham voulait se lever, mais D-ieu lui dit : ‘Reste assis, et Moi Je me tiens debout. Ce sera un signe pour tes enfants, comme il est écrit (Téhilim 82:1) : “D-ieu se tient debout dans l’assemblée de Ses gens” (Béréchith Rabba 48:7). La question se pose : Avraham désirait se lever respectueusement devant la Présence de D-ieu mais D-ieu l’invite à rester assis. Y a-t-il là pour ses enfants l’indication que, lorsqu’ils siégeront, D-ieu se tiendra debout parmi eux ? Quel signe est-ce là ?
3. Surtout, comment Avraham a-t-il pu quitter la Présence de D-ieu et courir vers les hôtes de passage ?
Lorsqu’Avraham est devenu parfait par l’empreinte sacrée de la circoncision, il est aussi devenu le support de la Présence divine, comme le disent les Sages (Béréchith Rabba 82:6, Zohar I 213b) : “Les Patriarches constituent le Char divin.” Maintenant il est à la ressemblance de D-ieu dans tous ses attributs. C’est ce qu’écrit le Ohr Hah’ayim (Béréchith 18:1) concernant le verset “L’Éternel se révéla à lui” : “La Tora veut indiquer que la Présence de D-ieu l’enveloppe et il en devient le support.”
Après la circoncision, le Youd de l’empreinte sacrée est imprimé dans sa chair, et c’est ce qui est dit (Zohar I 95a) : “Celui qui est marqué de l’empreinte sacrée, la Présence de D-ieu est avec lui.” Avraham ressentit à ce moment-là des forces nouvelles prodigieuses, et bien qu’il ait, avant la circoncision, servi D-ieu avec une détermination hors du commun, maintenant était né en lui un élan qui effaçait toute douleur physique. Lorsqu’il vit les gens de passage debout devant lui, il bondit vers eux pour les inviter à entrer chez lui.
Cela nous enseigne que quiconque porte atteinte à ce signe sacré, ou bien n’est pas circoncis, ne peut pas servir D-ieu convenablement, car il n’est pas entré dans l’Alliance. Mais dès qu’il corrige ce manque et reçoit les bénédictions lors de la cérémonie de la circoncision – des bénédictions qui, on le sait, se réfèrent à Avraham, l’aimé de D-ieu, qui fut élu et sanctifié par D-ieu dès sa conception (voir Tossafoth Menah’oth 53b) – il va de soi que se réveillent et se révèlent en lui, en chacun, des forces nouvelles et un élan nouveau pour le service de D-ieu (c’est l’essence de la diligence d’Avraham).
Lorsque quelqu’un ressent un manque d’enthousiasme pour le service de D-ieu, il est certain que c’est parce qu’il a porté atteinte au signe de l’Alliance, et il doit se corriger. Sa vivacité sera restaurée, et il pourra servir D-ieu avec des forces renouvelées.
Après la circoncision, Avraham fut rempli de forces inconnues jusque-là, il n’était plus le même homme.
Son corps fonctionnait maintenant avec une alacrité supplémentaire, car il dominait les deux cent quarante-huit membres et les trois cent soixante-cinq tendons de son corps, comme le disent les Sages (Nédarim 32b) : “Tout d’abord il s’appelait Avram car il ne dominait que les deux cent quarante-trois membres de son corps, et en fin de compte il s’appela Avraham comme il est écrit (Béréchith 17:5) : “Ton nom ne sera plus Avram, mais Avraham” , car il dominait deux cent quarante-huit membres (la lettre d’Avraham est égale à cinq)” , et il était alors en pleine possession de toutes ses forces.
Lorsque ses yeux virent les gens de passage, ses jambes se mirent à courir vers eux avec toute la bienveillance désirée par D-ieu.
À présent nous pouvons comprendre le signe que D-ieu a donné à Avraham pour ses enfants, lorsqu’Il lui dit : “Reste assis, et Moi Je Me tiens debout, ce qui sera un signe pour tes enfants.” Effectivement, si D-ieu l’invite à rester assis, il doit y avoir une raison. Il est possible que D-ieu tienne compte des douleurs aiguës d’Avraham, douleurs dues à la circoncision. Mais au moment où il vit les trois personnages debout face à lui, il n’eut aucun doute que D-ieu souhaitait qu’il coure les accueillir, bien qu’un instant auparavant, Il lui ait dit de rester assis.
Avraham eut le mérite de surmonter ses douleurs de sa propre initiative et d’exprimer son grand amour de D-ieu justement par le fait de n’être pas resté assis, mais de s’empresser vers les hôtes de passage. Nous apprenons ainsi que “l’hospitalité est plus importante que de recevoir la Présence de D-ieu” (Chabath 127a), puisque D-ieu a agréé son geste. Seul l’homme qui est parvenu à la perfection, peut distinguer que l’intention réelle de D-ieu n’est pas qu’il reste assis, mais qu’il s’empresse d’accueillir les passants.
C’est ce que D-ieu lui répondit : “Reste assis tandis que Moi, Je Me tiens debout, et ce sera un signe pour tes enfants.” D-ieu lui indique que ses enfants veilleront au signe de l’Alliance et parviendront à la perfection, puisque “les faits et gestes des pères sont un signe pour leurs enfants” (voir Sota 34a). Ils siégeront en Présence de D-ieu.
Eux aussi sauront quand il convient de se lever et courir accueillir des invités, car ils domineront les deux cent quarante-huit membres et les trois cent soixante-cinq tendons de leur corps. Ils ont hérité cela de leur ancêtre, et s’ils se conduisent comme lui, D-ieu sera présent parmi eux, et ils sauront distinguer quand il est possible et nécessaire de se lever et d’aller au secours du prochain, comme l’a fait Avraham. Nous comprenons maintenant pourquoi le Roi des rois, le Saint, béni soit-Il, s’est révélé à Avraham au troisième jour de la circoncision.
À propos du verset : “L’Éternel se révéla à lui”, le Ohr Hah’ayim écrit : “Il faut comprendre pourquoi la Tora change l’ordre de la phrase et mentionne l’objet (celui qui est vu) avant le sujet (celui qui voit), et il faut comprendre ce que D-ieu dit à Avraham dans cette prophétie.
Les Sages nous enseignent (Tanh’ouma Vayéra 2), que D-ieu vint le visiter après la circoncision comme on rend visite à un malade, mais cela n’est pas indiqué dans le texte.
Il semble que l’intention de la Tora est de nous faire savoir que la Présence de D-ieu était avec lui, qu’il en était devenu le support, et c’est pourquoi le mot “à lui” précède la mention de D-ieu, pour indiquer que la Présence de D-ieu s’est révélée à lui, ce que nous n’aurions pas su si l’ordre grammatical de la phrase n’avait pas été inversé” (Les traductions en Araméen de ce verset, celle d’Onkelos ainsi que celle de Yonathan, traduisent “Il se montra – Il se révéla”, pour indiquer qu’il s’agit d’une prophétie).
Avraham pria pour que ses enfants suivent les voies de D-ieu et restent attachés au fond de leur âme aux patriarches Avraham, Yits’haq et Ya’aqov, et pour qu’ils aient le mérite d’être eux aussi le support de la Présence de D-ieu.
C’est ce qui est dit dans les livres : “Lire les récits de la vie des hommes pieux (avec le désir de leur ressembler et d’agir comme eux), équivaut à une méditation des sciences divines.” C’est dire que quiconque modèle sa conduite sur les actes des patriarches, s’attache à la connaissance de D-ieu, et “par l’éveil qu’il produit dans ce bas monde, il éveille les mondes d’en-Haut”, comme le Talmud le rapporte longuement (H’aguiga 13a, 14b).
Chacun peut, selon ses capacités, parvenir à ce niveau grâce à la foi qu’il a dans les hommes pieux et à leur bonne influence sur lui.
Cela nous permet de comprendre aussi ce qui est écrit dans la section du sacrifice d’Yits’haq (Béréchith 22:11) : “Un envoyé de D-ieu l’appela du Ciel et lui dit : ‘Avraham, Avraham !’” Pourquoi deux fois ? “Lorsque le nom de quelqu’un est répété, c’est une marque d’amour” (Béréchith Rabba 56:7). Le Midrach (ibid.) ajoute : “Lorsque l’ange lui dit (Béréchith 22:12) : ‘Ne porte pas la main sur le jeune homme, ne lui fais aucun mal’, Avraham ne l’a pas écouté et voulait tout de même faire couler un peu de sang (en sacrifice), si bien que l’ange lui dit : ‘Ne lui fais aucun mal’.”
N’est-ce pas difficile à comprendre ? Comment Avraham pouvait-il vouloir transgresser un commandement de D-ieu En effet s’il avait accompli ce geste, il aurait finalement commis un meurtre. Une telle chose est-elle pensable ?
Si ce n’est qu’Avraham savait qu’en sacrifiant son fils comme D-ieu le lui avait ordonné, son obéissance lui vaudrait, à lui et à ses descendants après lui, un grand mérite : D-ieu se souviendrait favorablement de ce jour-là et pardonnerait aux juifs leurs fautes, jusqu’à la fin des temps.
C’est ce que les Sages expliquent, à propos du verset : “Avraham dénomma cet endroit ‘D-ieu pourvoit’” (ibid. 22:14), parce que “D-ieu se souvient (de ce qui aurait pu devenir) des cendres d’Yits’haq réunies et destinées à pourvoir le pardon pour toutes les générations” (Yérouchalmi Ta’anith II:4). Avraham désirait exprimer son amour envers D-ieu comme D-ieu exprima Son amour pour lui en l’appelant “Avraham, Avraham”, et Son amour pour Ses enfants lorsqu’Il leur enseigna les treize attributs de la Miséricorde divine, comme il est écrit (Chémoth 34:6) : “Éternel D-ieu Tout-Puissant, clément et miséricordieux…”

C’est ce qui est écrit à la fin de notre section (Béréchith 22:17) : “Je te comblerai de bénédictions et Je multiplierai ta descendance…” Les Sages expliquent (Béréchith Rabba 56:11) : “Une bénédiction pour le père et une bénédiction pour son fils.” Avraham fut béni pour son amour infini de D-ieu, et D-ieu récompense mesure pour mesure (Chabath 105b, Nédarim 32a).

Il se savait le bien-aimé de D-ieu puisque D-ieu ne met à l’épreuve que ceux qu’Il aime, comme il est écrit : “L’Éternel châtie celui qu’Il aime” (Michlé 3:12). Avraham désirait gagner l’amour de D-ieu pour ses enfants après lui – “une bénédiction pour le père et une bénédiction pour son fils” – et de même que D-ieu l’aime et l’appelle ‘Avraham, Avraham‘ deux fois, de même Il aimera ses enfants et sera plein de miséricorde envers eux : “Tout-Puissant, clément et miséricordieux.”

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