Les merveilles d’Hashem

Le Saint, béni soit-Il, baigne constamment les Israélites d’un flux d’abondance céleste. De nombreux versets en témoignent: Il l’a fait monter victorieusement sur les hauteurs de la terre et jouir des produits des champs; l’a nourri avec le miel des rochers, avec l’huile de la roche pierreuse (Deutéronome 32:13); Car ce peuple est la part du Seigneur; Jacob est le lot de son héritage (id. 9). Moïse invite alors Israël à se souvenir des jours antiques; à méditer les annales de chaque siècle. Interroge ton père, il te l’apprendra, tes vieillards et ils te le diront (id. 7). Tout vient donc de Dieu, tout Lui appartient; tout dépend de Lui. Rendons-Lui donc hommage pour les miracles qu’Il accomplit constamment en notre faveur.

Toutefois, à cause de nos nombreux péchés, la plupart d’entre nous n’attachent pas l’importance qu’il convient aux différents phénomènes de la nature. Ils considèrent que tout cela va de soi et n’y voient pas la main de Dieu. Contrairement à notre patriarche Avraham qui, après s’être approfondi sur le sujet, en est venu à la conclusion qu’il y a un maître souverain à tout ce qui se passe autour de nous (Béréchith Rabah 391a), nous ne nous posons même pas de questions là-dessus. Comme nous l’avons vu, on fait emprunter à l’homme la voie qu’il veut suivre: celui qui cherche des théories mensongères sur ces phénomènes, le Ciel ne l’en empêche pas. Mais celui qui cherche à accéder à la vérité se fait aider du Ciel. Non seulement il reçoit une récompense généreuse dans le monde futur et a droit aux plus grands honneurs, mais il a le mérite insigne de sanctifier le nom de Dieu. Toutes ces merveilles qu’on appelle la nature, tout, absolument tout provient de Dieu, et le psalmiste s’exclame à cet effet: C’est l’Eternel qui l’a voulu ainsi, cela paraît merveilleux à nos yeux (Psaumes 118:23).

En revanche, ceux qui n’aspirent pas à accéder à la vérité, qui considèrent que tout va de soi, se font punir mesure pour mesure, car on sait que HaTéVa (la nature) a la même valeur numérique (86) que ELoKIM, qui incarne, comme on le sait, l’attribut de jugement (Zohar I, 64a). Cet attribut sévit sur eux dans ce monde-ci comme dans le monde futur. Les méchants peuvent trouver leur mort par suite de l’éruption d’un volcan, d’un tremblement de terre, de tempêtes, d’éclairs ou du tonnerre, à Dieu ne plaise.

Et quand l’attribut de jugement sévit, il ne distingue pas les méchants des sages, et même les bons se font châtier dans ce monde et ne reçoivent leur récompense que dans le monde futur. Ou bien l’Eternel accomplit de grands miracles en leur faveur et transforme l’attribut de jugement en celui de miséricorde. Il les épargne parce qu’ils sont fermement convaincus que la nature est une création merveilleuse de Dieu.

Lors d’un séjour récent en montagne en France, nous avons eu l’occasion d’admirer un paysage de neige éblouissant, oeuvre maîtresse traduisant la gloire de l’Eternel. Nous avons alors ressenti dans toutes les fibres de notre coeur l’exclamation du Roi David: Mah Rabou – Que tes oeuvres sont grandes, ô Seigneur (Psaumes 104:24): comment peut-on, à cette vue, nier l’existence de Dieu? Dans la terminologie de la Kabalah, MaH a la valeur numérique du Nom Saint YKVK avec expansion de la lettre aleph, YOud HE VaV HE = 45: en d’autres termes, le Roi David a vu l’univers créé par l’attribut de jugement. Mais du fait qu’il en a ressenti la véracité, cet attribut se transforma en attribut de miséricorde, ce qui l’a attaché davantage à son Créateur. Dans le verset: Rendez hommage à notre Dieu, du cantique Haazinou que nous avons vu plus haut, Dieu, Elokim, incarne l’attribut de jugement, mais grâce à la foi en Lui ce peuple est la part du Seigneur, c’est-à-dire l’attribut de jugement se transforme en miséricorde. C’est ce qui se passe quand on rend hommage à l’Eternel, même pour la nature qui est Sa création.

Saisis donc par la splendeur des montagnes enneigées, et nous concentrant sur cette oeuvre merveilleuse du Tout-Puissant, nous f-mes accostés par un Juif qui avait entendu un enseignement d’un des ‘Hassidé Belz, selon lequel c’est de Jérusalem que Dieu apporte cet air frais en Europe et dans le monde. Pourquoi, nous demandâmes-nous alors, est-ce précisément en Europe que Dieu a créé ces montagnes sublimes? Et pourquoi doit-Il y amener l’air frais de Jérusalem?

Nos Sages enseignent: Rabbi Yéhoudah dit au nom de Rav: Les Enfants d’Israël savaient bien l’insignifiance totale de l’idolâtrie, et s’ils ont adoré des idoles (le veau d’or en l’occurrence), c’est essentiellement pour qu’on leur permette l’inceste en public (Sanhédrine 63b). Rachi explique que le penchant de l’immoralité les avait dominés, ils voulurent s’en débarrasser, mais le penchant de l’idolâtrie ne les avait pas dominés. Stupéfiant! Comment peut-on concevoir que cette génération de la connaissance, qui a entendu la voix de l’Eternel au milieu du feu (Deutéronome 4:12) au Sinaï, qui a assisté à de nombreux miracles, se f-t dépravée à ce point? N’oublions pas que dans leur asservissement en Egypte, les Enfants d’Israël observaient les lois de la pureté familiale, celle du signe de l’alliance sainte et n’ont changé ni leur langue ni leurs habits (Vayikra Rabah 32:5; Tana Débé Elyahou Rabah 17); ils se sont sanctifiés alors qu’ils se trouvaient déjà dans les quarante-neuf portes de l’impureté (Zohar Yithro 39a) et ont reçu la Torah.

S’ils sont arrivés à ce stade, c’est essentiellement parce qu’ils négligeaient l’étude de la Torah. Comme on le sait, l’oisiveté engendre la folie, père de tous les péchés, qui conduit à son tour à la débauche (Kéthouvoth 59b). Les Enfants d’Israël firent semblant de désirer Moïse comme dirigeant et pour qu’il soit accepté par tous même par Aharon ils façonnèrent le veau d’or par la magie. Toutefois, dans leur for intérieur, ils savaient que c’était vanité des vanités, et qu’ils pouvaient le briser sans que personne ne les en empêche. Ce qu’ils visaient essentiellement, c’était de permettre la débauche…

Nous voyons là les conséquences désastreuses de la négligence de l’étude de la Torah: même au sein d’une génération d’une telle sagesse, elle pouvait conduire au meurtre, à l’idolâtrie, et à l’inceste, à Dieu ne plaise. Il nous est par conséquent interdit de délaisser la Torah, ne serait-ce un instant, et tout moment de repos devrait viser à nous faire prendre conscience de notre situation au plan spirituel et à nous renouveler dans nos dévotions. Continuons à nous attacher au Saint, béni soit-Il, et prenons constamment conscience de notre mission dans ce monde.

Revenons donc à notre panorama. Même si on se trouve éloigné de la sainteté de la Terre d’Israël, on peut s’attacher à l’Eternel et prendre conscience du fait que tout vient de Lui. Si Dieu a imprégné l’Europe et le monde entier de l’atmosphère de la Terre Sainte, c’est parce qu’Il savait que les Israélites étaient destinés à sortir en exil, la Terre d’Israël étant plus sainte que tous les pays du monde (Kélim 1:6). C’est aussi pour qu’ils s’engagent dans l’étude de la Torah et s’en assagissent en respirant un air frais et sain, celui de la Terre d’Israël. Leur foi en le Créateur s’en trouve ainsi intensifiée s’ils contemplent Ses oeuvres merveilleuses.

Tout a été créé en faveur des Juifs, et non pour les nations qui se sont débarrassés de tout joug divin, prétendent que tout va de soi dans la nature, en arrivent ainsi au meurtre, à l’inceste et à l’idolâtrie, et souillent leur terre et leurs animaux sans considérer aucun problème d’écologie. Elles ignorent à cet effet que Dieu peut tout détruire et rebâtir. Notre sidrah y fait allusion: Quand le Souverain donna leurs lois aux nations… Il fixa les limites des peuples d’après le nombre des Enfants d’Israël (Deutéronome 32:8). En revanche, concernant les nations, l’Eternel dit: Oui, un feu s’est allumé dans ma colère, dévorant jusqu’aux profondeurs de l’abîme (id. 22). Les péchés des nations engendrent la destruction de toutes leurs terres et les plus beaux panoramas de la nature sont destinés à Israël.

Quand les Juifs se trouvent en exil, Dieu veille à leur offrir les plus belles vues de la nature pour qu’ils Le glorifient et prennent conscience du fait que tout vient de Lui. Dieu merci, nous sommes éloignés des nations, comme l’est de l’ouest, elles qui croient que tout va de soi dans la nature. Quant à nous, nous veillons essentiellement à intensifier sans répit l’étude de la Torah et raffermir notre foi en Dieu.