Ma culture n’est pas votre culture – Qédochim

Les autres peuples se présentent avec leur culture qui paraît sage, mais quand on se laisse séduire, on tombe dans le piège des théâtres, des cafés, des stades et ainsi de suite…

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 10.06.21

Sur le verset “Soyez saints” (Lévitique 19, 2), les Sages disent : “Éloignez-vous de l’impudicité et des transgressions” (Vayiqra Raba 24:6, Rachi Ibid.). Il faut se demander quel est le lien entre les parachioth A’haré Moth et Qedochim, qui sont le plus souvent lues ensemble (..). Le Ba’al Hatourim écrit à ce propos : “Il est écrit ci-dessus : respectez mes barrières, et tout de suite après : soyez saints, car si l’on se garde de la faute on ne rencontre plus la tentation du péché (Yoma 38b) et on est sanctifié d’en haut (Ibid. 39a)” (Lévitique 19, 2).

Comme dans beaucoup d’autres endroits, la Tora nous met ici en garde sur la sainteté et la pureté des benei Israël, en leur enjoignant de s’écarter des coutumes et des cultures des autres peuples. Le Rambam écrit à ce propos (Hilkhoth 'Aqoum, I, ch. 11) : “On n’observe pas les coutumes des non-juifs et on ne cherche à leur ressembler ni par le vêtement ni par la coiffure, ainsi qu’il est écrit : “Vous n’adopterez pas les lois de ce peuple” (Lévitique 20, 23), “Ne vous conformez pas à leurs lois” (Ibid. 18, 3), ou encore “Prends garde de te fourvoyer sur leurs traces” (Deutéronome 12, 30).
 
Tout cela traite du même sujet, qui est de se garder de leur ressembler : le juif doit être différent d’eux.”
 
La Tora nous a particulièrement mis en garde contre le fait de se mélanger à eux (par le mariage) : “Ne te marie pas avec eux, ne donne pas ta fille à son fils et ne prends pas sa fille pour ton fils” (Deutéronome 7, 3) et le Rambam enseigne que cette interdiction s’applique à tous les peuples (Hilkhoth Issouré Bia, ch. 2 hal. 1). Elle a pour but de nous empêcher d’apprendre de leurs actes et de leur mauvaise conduite, en particulier dans le domaine des mœurs, comme l’ont dit les Sages : “Dix mesures d’immoralité sont descendues dans le monde… [et neuf ont été prises par certains peuples]” (Qidouchin 49b).
 
On entend pourtant souvent des gens qui demandent pourquoi la Tora est tellement opposée aux mariages mixtes, sans manifester la moindre pitié pour deux personnes qui voudraient se marier. On demande aussi fréquemment pourquoi les choses sont rendues si difficiles à un non-juif qui souhaite se convertir : on le fait revenir sans cesse (“On repousse le prosélyte trois fois”, et s’il insiste, à partir de là on l’accepte (Ruth Raba 2, 17).
 
Les Sages ont dit que de nos jours, il faut demander à un prosélyte : “Pourquoi veux-tu te convertir, ne sais-tu pas que les juifs sont persécutés et accablés de malheurs ?” (Yébamoth 47a).
 
De plus, on l’informe que ce qui lui était permis jusqu’à présent lui devient interdit et on lui signale qu’il ne doit pas venir se plaindre ensuite sous prétexte qu’il y a beaucoup de juifs qui n’observent pas la Tora et les mitswoth sans que cela change rien à leur statut de juif, alors qu’on l’oblige pour sa part à prendre entièrement sur lui le joug de la Tora et des mitswoth. Cela paraît injuste !
 
Pour l’expliquer, il faut commencer par la dernière question : pourquoi les juifs qui n’observent rien restent-ils néanmoins juifs (“les benei Israël, même s’ils fautent, se repentent et sont des juifs” (Chemoth Raba 23:11), alors qu’un non-juif qui veut se convertir doit accepter le joug de la Tora et des mitswoth ?
 
C’est qu’un juif de naissance le restera jusqu’au jour de sa mort, parce qu’il naît avec une étincelle qui le prédispose à se repentir, fût-ce au dernier instant de sa vie, fût-ce dans une autre incarnation où il devra réparer ses fautes (Zohar II 91b, 76b). Si rien de tout cela ne se réalise, il recevra son châtiment dans le Guéhénom, où il sera purifié et sanctifié afin qu’il ne reste en lui aucune scorie (II Samuel 14:14).
 
Le Or Ha’haïm traite également de ce point à propos du verset : “Le nom de l’homme d’Israël frappé était Zimri fils de Salou” (Nombres 25:14). La raison pour laquelle il est dit “l’homme d’Israël” avant de dire “frappé” peut se comprendre à la lumière de l’enseignement des kabbalistes selon lequel rien ne se perd des étincelles de sainteté, toutes méritant en fin de compte de retourner à l’endroit d’où elles étaient venues.
 
Même si un homme d’Israël se conduit mal et s’attaque à son âme, il finira tout de même par revenir à sa source, c’est pourquoi il est dit “le nom de l’homme d’Israël” : il continue à porter le nom d’Israël même après son acte, pour nous enseigner qu’il n’est pas arraché de sa racine.”
 
Ce n’est pas le cas du non-juif, qui est né sans la moindre étincelle de retour à D-ieu. En outre, rien ni personne ne l’oblige à se convertir au judaïsme, bien au contraire le judaïsme voit souvent d’un mauvais œil la présence des prosélytes (Yébamoth 47b).
 
Par conséquent s’il décide de faire ce pas pour diverses raisons, il doit observer la Tora et les mitswoth dans leur intégralité, et ne peut pas demander pourquoi tel autre juif ne les observe pas sans cesser pour autant d’être juif, alors que si lui négligeait ses engagements, il jetterait un doute sur la valeur de sa conversion, sans compter que s’il a la nostalgie de sa vie antérieure, il risque de se détériorer encore davantage et de revenir à sa situation initiale (Qidouchin 17b).
 
En effet, si les Sages ont interdit au juif de naissance de s’approcher de tous les endroits qu’il fréquentait avant de se repentir (Chabath 13a), comme le nazir à qui l’on dit de faire tout le tour du vignoble pour ne pas y rentrer, ou encore, dans le langage du Rambam : “Au point que celui qui connaît tout ce qui est caché puisse témoigner sur lui qu’il ne retombera plus jamais dans cette faute” (Hilkhoth Techouva ch. 2 halakha 2), à plus forte raison un converti doit-il prendre garde à se tenir soigneusement écarté de son passé sans y rester lié fût-ce par un seul élément.
 
S’il accepte tout à l’exception d’une seule chose, on ne le reçoit pas (Tan’houma Vayiqra 2), parce ce que cette chose unique entraînerait une nostalgie du tout et sa conversion ne serait pas parfaite. Ce n’est pas pour rien que nos Sages ont interdit de rappeler ses antécédents à un converti (Baba Metsia 58b) : cela créerait en lui une nostalgie et une envie de faire marche arrière.
 
Mais aujourd’hui, à cause de nos nombreux péchés, on trouve beaucoup de gens qui se convertissent en divers endroits en cachant la vérité aux dayanim, à savoir qu’ils n’ont pas d’autre intention que de se marier avec un conjoint juif. Ils doivent savoir que ce n’est pas les dayanim qu’ils trompent, mais eux-mêmes, car un doute très sérieux plane sur leur conversion.
 
Quant à tous ces juifs et juives qui les épousent, et trompent le beith din en connivence avec eux, ils encourent un très grand châtiment et devront rendre compte de leurs actes. Les enfants de ce couple tourneront mal, renieront la Tora et les mitswoth, et se révolteront contre tout le peuple d’Israël dans son ensemble.
 
Le cas d’un converti sincère qui veut être un juif observant de la Tora et des mitswoth, par amour et respect pour D-ieu, est bien différent. Celui-là méritera qu’il y ait dans sa descendance des justes et des hommes pieux, et que sortent de ses fils des fils qui seront saints, et des filles qui épouseront des cohanim (Bamidbar Raba 8, 10). Il s’appelle guer tsédeq (“converti selon la justice”) (Sanhédrin 96b), car il souhaite véritablement s’associer à l’héritage d’Israël.
 
Tout ce que nous venons de dire nous aidera aussi à comprendre l’interdiction des mariages mixtes (qui va encore plus loin que le cas des convertis hypocrites), ainsi que celle d’observer les lois des autres peuples (“Ne vous conformez pas à leurs lois” (Lévitique. 18, 3)). Quelles sont ces lois ? Rachi dit qu’il s’agit de leurs conventions sociales et culturelles, leurs théâtres, leurs stades et choses du même ordre. Pourquoi donc avons-nous reçu l’ordre de fuir ces comportements, quel mal y a-t-il ?
 
On sait qu’au début, les autres peuples se présentent avec leur culture qui paraît pleine d’idées bonnes et sages, mais quand on se laisse séduire, on ne peut plus s’échapper, on tombe dans le piège des théâtres, des cafés, des stades et ainsi de suite, toutes choses parfaitement interdites, et on finit par en arriver aux trois fautes les plus graves (idolâtrie, relations interdites et meurtre). La Tora met en garde contre ce qui risque de se passer à la fin, et défend de se conduire comme les autres peuples pour ne pas tomber complètement entre leurs mains.
 
On peut illustrer cette idée par l’histoire des enfants de Jacob quand ils sont descendus en Égypte. Au début, les égyptiens leur ont donné ce que le pays avait de mieux, la terre de Gochen (Genèse 47, 6, 11).
 
Il n’y a pas de plus grands égards que d’installer ses invités à un endroit beau et bon… mais les résultats ont été mauvais : “Ils conçurent de l’aversion pour les benei Israël ” (Yalqout Chimoni Chemoth 1 sur Exode 1:12), car ceux-ci se sont laissés tenter par les égyptiens et leurs théâtres au point que les autochtones en ont eu assez ; or une faute en entraîne une autre (Avoth 4:2), si bien qu’ils en sont arrivés à ne plus tenir aucun compte de la Tora et ont atteint la quarante-neuvième porte de l’impureté (Zohar Yitro 39a).
 
C’est pourquoi la Tora met en garde : “Les pratiques du pays d’Égypte où vous avez demeuré, ne les imitez pas” (Lévitique 18, 3). Les benei Israël devaient effacer de leur mémoire tout ce qu’ils avaient fait en Égypte, pour cesser d’en subir l’influence et ne plus être vulnérable dans l’avenir. On apprend de ce verset qu’il suffit parfois d’apercevoir quelque chose d’interdit pour que cela ait des répercussions dans l’avenir, principe qui s’applique également à l’impure télévision, qui peut faire beaucoup de mal à l’homme pour le restant de ses jours.
 
En effet, pendant les 210 ans où les benei Israël ont vécu en Égypte, non seulement ils n’ont pas pris du bon temps mais ils ont été réduits à un esclavage terrible. Il est donc bien évident qu’ils n’avaient pas le temps de se livrer aux mêmes plaisirs que les égyptiens. Pourtant, les voir se comporter de façon interdite à un moment où ils étaient esclaves leur a causé du tort pour l’avenir, au point que la Tora nous a enjoint de ne pas y revenir.
 
À plus forte raison cela est-il vrai d’un spectacle ou d’un acte interdits à un moment où l’on n’est pas esclave… on risque alors de tomber totalement sous l’influence empoisonnée des non-juifs.
 
Les véritables conventions socioculturelles que tout juif doit s’efforcer d’observer sont celles dont il est écrit : “Tiens-toi fermement aux préceptes sans jamais faiblir, sois-leur fidèle, car ils sont ta vie” (Proverbes 4:13). Les préceptes, c’est la Tora, comme l’écrit Rachi sur ce verset. C’est aussi la crainte de D-ieu, ainsi qu’il est écrit : “La crainte de D-ieu est la leçon de la sagesse” (Ibid. 15:33) et ce n’est que par l’étude de la Tora et par la foi que l’homme acquiert une véritable fidélité et mérite une vie digne de ce nom.

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