Ne pas se faire tourner en rond

On n’en finit pas de se demander comment cette génération, qui a vu tant de miracles à la sortie d’Egypte...a pu accomplir le péché du veau d’or.

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 17.03.21

On n’en finit pas de se demander comment cette génération de la connaissance, qui a assisté à de si nombreux miracles à la sortie d’Egypte, qui a entendu la voix de Dieu parlant au sein du feu (Deutéronome 4:33), qui a mangé la manne qui descendait du ciel, a pu accomplir le péché du veau d’or.

1) Pourquoi en outre accuse-t-on cette tourbe, qui n’est en somme sortie d’Egypte de son propre gré, que pour se joindre à l’Assemblée d’Israël. On pourrait répondre qu’ils étaient hypocrites (Bérakhoth 28a; Yoma 72b). Pourquoi alors ont-ils attendu quarante jours?

2) Comment peut-on concevoir que les enfants d’Israël, qui ont totalement reconnu leur Créateur et proclamé: «Nous ferons, puis nous entendrons» (Exode 24:7; cf. Yalkout Mé’am Lo’ez, Exode 466, 1124, etc.) puissent en arriver à renier jusqu’à Son existence, et proclamer: «Voici tes dieux, ô Israël!» (Exode 32:4; Question posée par notre cher ami, Rabbi Yossef Bentata).

3) Pourquoi Moïse n’est-il pas descendu du ciel avant le péché du veau d’or? Il aurait ainsi épargné la colère divine qui nous poursuit depuis des générations?

4) Nous savons que Dieu ôte la vie aux Tsadikim avant l’heure pour qu’ils ne pèchent pas. C’était en particulier le cas de ‘Hanokh (Béréchith Rabah 25:1). Pourquoi dans ce cas, comme le fait remarquer le Méor VaChémech, n’a-t-Il rappelé à Lui ceux qui se destinaient à pécher — même au nom du Ciel?

5) Au lieu de défendre les enfants d’Israël et de supplier Dieu de leur pardonner, comme il le fait généralement, Moïse dit à l’Eternel: «Hélas! Ce peuple est coupable d’un grand péché…» (Exode 32:31). Comment peut-on expliquer cette volte-face soudaine?

6) Commentant le verset: «Pourquoi Seigneur, ton courroux menace-t-il Ton peuple» (id. 32:11), l’Admour de Klozenbourg Tsanz, écrit: «Les enfants d’Israël ont commis un très grave péché, et il est tout à fait normal que l’Eternel s’irrite contre eux. Pourquoi Moïse doit-il Le supplier de leur pardonner? Comme on le sait, c’est une très grave erreur de considérer que Dieu est conciliant» (Bava Kama 50a; Esther Rabah 7:25).

C’est que Moïse, qui incarne l’ensemble des âmes du Peuple d’Israël, s’est confessé en leur nom devant l’Eternel, la confession constituant, comme nous le savons, l’essentiel du repentir (cf. Rambam, Hilkhoth Téchouvah 2:2). «Ana (de grâce), ce peuple est coupable…» lui avoua-t-il.

Après tout, se sont Tes enfants [Remarquons à cet effet la similitude des valeurs numériques (52) de ben (fils) et ana] pardonne-leur donc. C’est par conséquent comme s’ils s’étaient eux-mêmes confessés devant Dieu. De plus, Moïse dit à l’Eternel: «Vé’atah Et maintenant, si Tu voulais pardonner leur faute… Sinon efface-moi du livre que Tu as écrit» (Exode 32:32). Or, comme nous l’avons vu (Béréchith Rabah 21:6; Tan’houma Béchala’h 15), le terme vé’atah indique généralement l’idée de repentir… Donc si les enfants d’Israël ont fait téchouvah, tissa ‘hatatham, relève-les à leur état antécédent. Sinon, efface-moi de Ton livre, car j’incarne tout Israël, et si Tu les effaces, c’est comme si Tu m’effaçais. Car s’ils ont fauté, c’est parce que je ne me trouvais pas en leur présence (je me trouvais sur la montagne)… Je suis donc responsable du péché de toute la génération…

Le Talmud (Avodah Zarah 4b) enseigne que les enfants d’Israël n’ont commis le péché du veau d’or que pour nous inculquer le concept de repentir… Ils ont confessé leur faute devant Dieu, et comme un père éprouve de la miséricorde pour son fils, Il doit leur pardonner… «Pourquoi les Egyptiens diraient-ils: c’est pour leur malheur qu’il les a emmenés…» (Exode 32:12). Pourquoi ne leur donne-t-Il pas la possibilité de revenir à Lui?

La section hebdomadaire commence donc par Ki Tissa. Les deux lettres de ki, (kaf et youd), sont les premières lettres de kol yom (chaque jour); la valeur numérique (702) de tissa est similaire à celle de téchev (avec le collel: plus 1) — l’idée de s’asseoir pour étudier. En d’autres termes, ce n’est que par l’étude quotidienne de la Torah, dans la Yéchivah, que la tête se relève (ki tissa), que le Juif se purifie et se sanctifie… «Du fait que je ne leur avais pas encore enseigné la Torah, dit Moïse à l’Eternel, ils ont commis le péché du veau d’or.» Mais ils ont confessé leur faute et exprimé leur désir de revenir à Toi…

Moïse a donc très bien défendu les enfants d’Israël. En somme, estima-t-il, c’est son absence qui a engendré toutes leurs fautes. S’ils avaient senti la Providence Divine, ils n’auraient pas péché. Ils étaient donc excusés, et Dieu devait leur pardonner… Le Saint, béni soit-Il, devra faire construire le Temple et y fera régner Sa Chékhinah pour qu’ils ne récidivent plus. C’est pourquoi la section hebdomadaire traitant de la construction du sanctuaire, précède celle qui mentionne le péché du veau d’or.

Moïse a donc pris la responsabilité de ce péché. Il a consacré toute sa vie pour les enfants d’Israël. Continuons cependant à raisonner, à approfondir, «tournons et retournons la loi en tout sens» (Avoth 5 fin): Pourquoi les enfants d’Israël ont-ils commis le péché du veau d’or? Pourquoi le problème du Chabath est-il mentionné après lui?

C’est que l’homme n’a été créé que pour prendre conscience de la valeur des deux trésors que lui a octroyés l’Eternel: le Chabath et la Torah qui ont la même valeur (Chabath 89a, 10a; Yérouchalmi Bérakhoth, 1:1; Chémoth Rabah 25:16). Les deux nous donnent un avant-goût du monde futur: La Torah nous fait éprouver la joie et l’allégresse, aspect de: «Sentez et voyez que l’Eternel est bon» (Psaumes 34:9); le Chabath sanctifie tous les jours de la semaine… Rappelons-nous à cet effet qu’il y avait des Tsadikim qui s’engageaient dans l’étude de la Torah à la sortie de Yom Kipour (et pouvaient finir plusieurs traités talmudiques), sans manger ni boire toute la nuit, ils ne ressentaient ni la faim, ni la soif: c’est que la Torah les rassasiait, comme il est écrit: «Il rassasiera ton âme…» (Isaïe 58:11). C’est ce que fit également notre maître Moïse pendant son séjour de quarante jours et quarante nuits dans la montagne (cf. Exode 34:28). Il étudiait la Torah avec le Saint, béni soit-Il (Chémoth Rabah, Michpatim, fin; Pessikta de Rabbi Eliézer 46)… Et plus on se prépare pour le Chabath, plus on en ressent la douceur et la sainteté…

Pour que l’homme s’élève (ki tissa), il lui faut prendre exemple sur le sanctuaire qui a été érigé par les offrandes d’or et d’argent des enfants d’Israël. Et si le Saint, béni soit-Il, imprègne de Sa sainteté le bois et le métal, Il habite indubitablement l’homme, uvre essentielle de ses mains (Kohéleth Rabah 3:14), comme il est écrit: «Moi l’Eternel, Je réside au milieu d’eux» (cf. Exode 29:46). L’argent qu’offre le Juif élimine tout côté matériel: il est tout entier consacré à Dieu — l’argent constitue l’idolâtrie dans d’autres circonstances. L’homme s’élève alors, en ne se considérant que la moitié, la moitié du chékel, de son prochain, il arrive à la perfection. «Le riche ne donnera pas plus, le pauvre ne donnera pas moins…» en éliminant le côté matériel, on fait résider le sanctuaire en soi-même.

Maintenant commence la construction intérieure du sanctuaire: l’homme s’engage dans l’étude assidue de la Torah et l’accomplissement constant de mitsvoth et de bonnes actions. Il accède ainsi à l’âme supplémentaire du Chabath — récompense de ses uvres. Sa sainteté ne fait que s’accroître d’un Chabath à l’autre tout au long de ses jours. Il ne cesse de se rapprocher du Saint, béni soit-Il. L’âme supplémentaire le quitte certes à la sortie du Chabath, mais elle l’imprègne toute la semaine s’il poursuit son étude régulière de la Torah et ne cesse d’accomplir des mitsvoth… C’est la récompense de toute sa peine.

La Torah nous apprend donc qu’on n’arrive à relever la tête qu’en effaçant le côté matériel de la vie ainsi que soi-même. On acquiert ainsi le mérite d’édifier le sanctuaire, de s’imprégner de la sainteté, de poursuivre régulièrement l’étude de la Torah et l’accomplissement des mitsvoth, et de se sanctifier doublement par l’observance stricte du Chabath et la néchamah supplémentaire.

Le péché du veau d’or suit immédiatement pour nous montrer que si à la sortie du Chabath, on poursuit les futilités de ce monde et qu’on discute longuement avec ses amis au lieu d’étudier la Torah, on perd tout ce qu’on a acquis pendant la semaine et le Chabath écoulés. Le veau d’or, ’éguel, c’est l’idée de ’igoul. Le mauvais penchant fait tourner (’igoul), l’homme en rond, de la pureté à l’impureté, et lui fait convoiter les dieux d’or et d’argent. Le demi-chéquel (qui est comme un demi-cercle) se transforme en cercle complet, en ’igoul zahav, en cercle d’or, en ’éguel zahav, en veau d’or. En d’autres termes, l’homme se gonfle d’orgueil et convoite des idoles, à Dieu ne plaise.

Lors de son séjour dans les cieux, le visage de Moïse commmença à rayonner (Exode 34:35, fin de la section hebdomadaire Ki Tissa). Que fit-il alors? «Il convoqua immédiatement toute la communauté des enfants d’Israël» (Exode 35:1; début de parachath Vayak-hel) pour leur parler du Chabath. Une question se pose à cet effet: Moïse les avait convoqués pour leur parler des offrandes destinées à la construction de l’autel.

Pourquoi change-t-il soudain de sujet et leur parle-t-il du Chabath? C’est à notre avis pour les avertir de ne pas s’occuper des futilités de ce monde («aspect» du veau d’or) à la sortie du Chabath, de consacrer tous leurs biens à des buts spirituels élevés, comme la construction du sanctuaire, la charité, et toutes les mitsvoth qui trouvent grâce aux yeux de Dieu.

On peut dire aussi que c’est l’humilité extrême de Moïse, son effacement total devant Dieu et sa Torah, qui engendrèrent le rayonnement de son visage, même dans ce monde-ci… Les enfants d’Israël peuvent aussi accéder à ce niveau sublime de rayonnement de Chabath s’ils consentent à se «réduire» (concept de demi-chéquel), à se dépouiller de toute entité physique, et à s’engager assidûment dans l’étude de la Torah. La sainteté du Chabath les imprégnera alors pendant toute la semaine, même si ces concepts sont voilés (comme le rayonnement de la face de Moïse qui était voilée), et qu’on ne les discerne pas.

A notre avis, il convient de ne pas limiter son culte divin… Dommage pour chaque minute de la journée qui passe. Ne nous disons surtout pas: «J’étudierai quand j’aurai le temps, car tu n’en auras peut-être pas» (Avoth 2:5). Engageons-nous assidûment dans l’étude de la Torah, ne regardons surtout pas la montre… Accueillons le Chabath bien avant son entrée, prolongeons au maximum cet avant goût du Monde Futur… Sinon, au lieu de la joie qui nous baignera au cours de la semaine qui suit, nous ne connaîtrons, à Dieu ne plaise, que la tristesse et l’affliction.

La grande faute de la génération de la connaissance était de se limiter dans l’étude de la Torah et de mesurer constamment leur temps: c’est ainsi qu’ils se sont abstenus d’ajouter chech six heures après le délai fixé par Moïse pour descendre du Ciel. «Sass (qui s’écrit comme chech) anokhi: Je me réjouis de tes préceptes, comme quelqu’un qui a trouvé un riche butin» s’exclame le Roi David (Psaumes 119:162): c’est quand je ne me limite pas dans le temps que je me réjouis de l’étude de Ta Torah. Moïse bochech ayant tardé (d’après les enfants d’Israël qui comptaient leur temps) de descendre du Mont Sinaï, les enfants d’Israël ne peuvent pas, comme le Psalmiste sass, se réjouir en Dieu!… Si on apprend la Torah par contrainte, on ne peut pas proclamer: «Nous ferons, puis nous entendrons» mais plutôt, à Dieu ne plaise, «voici tes dieux, ô Israël…»
Il est écrit: «L’Eternel-Dieu prit Adam et l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver et le garder» (Genèse 2:15). Ce verset soulève au moins deux questions:

1) Pourquoi le cultiver et le garder? Comme on le sait, Adam fut créé le sixième jour, quand tout était déjà prêt devant lui (Sanhédrine 38a), les anges lui apprenaient la Torah, lui servaient du vin frais et de la viande grillée… (id. 59b).

2) Dieu lui prescrit de ne pas manger de l’Arbre de la Connaissance. Comment aurait-il pu le faire si le mauvais penchant ne l’habitait pas? Comme il avait été créé pour vivre, il n’avait pas besoin de manger de l’Arbre de la vie. Dieu ne lui prescrivait en somme qu’une mitsvah à accomplir. Pourquoi entrerait-il dans le Jardin d’Eden?

Cette mitsvah, c’était de se multiplier et de fructifier. Dieu prescrivit à Adam de l’accomplir avec le maximum de pudeur. Il devait par conséquent cultiver et garder… la femme, qui revêt l’aspect de maison, champ, terre, selon les termes du Zohar (III, 178b) (voir aussi Guitine 52a; Sanhédrine 74b), afin d’engendrer une descendance. Mais «Adam et Eve étaient nus: vélo hithbochachou, et n’éprouvèrent point de honte» (Genèse 2:25).

Comme ils étaient nus de toute mitsvah, et qu’ils n’étaient pas éclairés par la Lumière surnaturelle, le Or Makif, ils ont été séduits par le serpent (Béréchith Rabah 18:6). Etablissant un rapport entre hithbochachou et Chabath, le Ari zal (cf. Likouté Torah) explique que si Adam avait attendu le Chabath pour cohabiter avec sa femme, il aurait été baigné du Or Makif et le serpent ne serait pas venu les séduire. C’est que Adam avait vu des animaux s’accoupler en plein jour, et comme il ne distinguait pas l’homme de l’animal, il estimait qu’il lui était permis de le faire.

Nous estimons, quant à nous, qu’Adam et Eve n’ont pas attendu la fin du yom chichi, le sixième jour lo hithbochachou. Toujours est-il que le serpent qui incarne Sitra A’hra (l’Autre Côté, ou les forces du mal, Zohar I, 127a) les a imprégnés de sa souillure… Cependant par Sa grande miséricorde, Dieu introduisit immédiatement Adam dans le Chabath. Intrigué par la sainteté du septième jour de la création, jour de repos pour l’Eternel, il entonna le Cantique du Jour de Chabath (Psaumes 92:1) et sa faute fut expiée (Béréchith Rabah 22:28; Pessikta de Rabbi Eliézer 19; Zohar II, 138). A la sortie du Chabath, il fit téchouvah et se sanctifia par de bonnes actions.

La souillure n’en imprégna pas moins les enfants d’Israël qui durent descendre en Egypte, et en élever les deux cent quatre vingt-huit étincelles de sainteté dispersées et captives des forces du mal (cf. Or Ha’haïm, Genèse 49:9, etc.). Et comme Adam, qui écouta ‘Hava souillée par le serpent, ne put attendre la fin du sixième jour et entraîna la catastrophe sur le monde, les enfants d’Israël se trompèrent dans leur compte et ne purent attendre la fin des six heures… le mauvais penchant qui s’était retiré des enfants d’Israël lors du don de la Torah, est revenu faire ses ravages… Le monde ne recouvrera sa perfection originelle qu’à l’avènement de notre Rédempteur intègre, au plus vite, de nos jours! Amen!
Si après la cérémonie grandiose, unique, du don de la Torah, les enfants d’Israël en sont venus à cet état, c’est qu’ils n’avaient pas reçu la Torah dans la joie, étudié suffisamment et qu’ils s’étaient limités dans le temps. Moïse tardant à descendre de la montagne, ils ont fourni des forces au mauvais penchant, et se sont laissé tromper. Tout comme Adam (cf. Béréchith Rabah 19:22), les enfants d’Israël défièrent Dieu (karou) tagar en n’attendant pas Moïse qui bochech tardait à descendre (remarquons la similitude des valeurs numériques de tagar et bochech, plus 1).

L’auteur de Maor VaChémech s’engage dans une longue discussion pour expliquer l’origine de leur faute: les enfants d’Israël voulaient un chef spirituel qui les lie constamment à leur Créateur. Ils ne voulaient pas l’Eternel tout seul. Pourquoi alors n’ont-ils pas choisi Aharon ou ‘Hour, Nadav et Avihou, Yéhochoua’, etc… Pourquoi précisément un veau d’or?

C’est que, nous l’avons vu, Moïse incarnait toutes les âmes d’Israël, et nul autre que lui ne pouvait les rattacher à Dieu. C’est pourquoi les enfants d’Israël «crurent en Dieu et en Moise Son serviteur.» Car ce Moïse, cet homme «qui nous a fait sortir du pays d’Egypte» (cf. Exode 32:1) est seul en mesure de nous élever de la kélipah; maintenant qu’il n’est plus avec nous, il nous incombe de nous rattacher au Saint, béni soit-Il, par l’uvre de nos mains, le veau d’or. Deux fois zahav, forme koa’h, la force puisée du veau pour servir Dieu… Mais l’uvre du Satan a réussi. Il dit à l’homme:

«Fais ceci aujourd’hui, et cela demain» et finit par lui faire servir les idoles (Chabath 105b; Avoth deRabbi Nathan 2:3). Leur erreur conduisit les enfants d’Israël à «se lever pour s’amuser» (Exode 32:6), c’est-à-dire se pervertir sexuellement et servir les idoles (Chémoth Rabah 42:1).
Dieu ne les a pas empêchés de pécher, et n’a pas, à l’instar de ‘Hanokh, raccourci leur vie. Dans une génération où les méchants forment la majorité, Dieu préserve le Tsadik et l’empêche de pécher. Adam, lui, était seul et n’avait pas où apprendre la méchanceté, commit néanmoins la faute de ne pas attendre le Chabath pour cohabiter avec Eve. De même, les enfants d’Israël qui étaient tous des Tsadikim, et n’avaient pas été affectés par la souillure du serpent depuis le don de la Torah, avaient fauté par leur impatience. Ce sont ces six heures qui donnèrent au mauvais penchant la force de les tromper…

Pourquoi donc Moïse n’est-il pas descendu de la montagne avant que les enfants d’Israël ne commettent leur péché? C’est qu’à notre avis, c’est essentiellement l’étude assidue de la Torah, qui peut corriger le péché du veau d’or. Ainsi Dieu ne dit rien à Moïse; s’il n’était pas resté au ciel jusqu’à la fin des six heures, il n’aurait pas reçu les Tables de la Loi, ne les aurait pas brisées, et ne se serait pas senti coupable. Si les Israélites l’avaient vu descendre les mains vides, ils l’auraient certainement tué sans pitié. Il n’aurait pas non plus achevé l’étude de la Torah, et expié leur péché. C’est que, d’après le Talmud (Nédarim 38a; Chémoth Rabah 41:6), Moïse apprenait la Torah et l’oubliait aussitôt. Ce n’est qu’à la fin, qu’il la reçut comme cadeau. Dieu lui dit alors de descendre, il brisa les Tables de la Loi, et le péché du veau d’or fut corrigé par l’étude de la Torah et l’observance du Chabath. C’est pourquoi la parachah traitant du Chabath se trouve près de celle qui traite du veau d’or et des offrandes destinées au sanctuaire, qui ressemble au corps de l’homme.
 

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