Tout commence dans la pensée

C'est que la mauvaise pensée n'est pas l'acte lui-même, on n'est pas encore passé de la pensée à l'action. Et même si on est passé à l'acte, on peut le corriger par le repentir

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 05.04.21

La plainte des enfants d'Israël: Il nous souvient du poisson… Maintenant, nous sommes exténués, nous manquons de tout: point d'autre perspective que la manne les a conduits au péché…

En vérité, comme nous l'avons vu dans l'enseignement précédent, comment peut-on concevoir que la génération du désert, qui était celle de la Connaissance, eût été dégoûtée par la consommation de la manne, cette nourriture spirituelle, et regrettaient une nourriture qu'ils n'avaient jamais consommée?

Seuls, ceux qui la mangent, enseigne le Talmud (Mékhilta Tan'houma Béchala'h 17:20), sont capables de suggérer des interprétations et des éclaircissements nouveaux de la Torah. Comment les enfants d'Israël ont-ils pu se détériorer à un tel point?

Commentant à cet effet le verset: Elle avait le goût d'une pâtisserie à l'huile (Nombres 11:8), nos Sages expliquent que chacun trouvait dans la manne le goût qu'il voulait: il s'en délectait comme le nourrisson se délecte de l'huile (Yoma 72a). Le Midrach enseigne aussi qu'il suffisait de penser à ce goût pour l'avoir: même pas besoin d'exprimer verbalement sa requête (Chemoth Rabah 25:3)… Le Saint, béni soit-Il, a fait preuve de bonté et de grâce à l'égard des enfants d'Israël en leur faisant descendre quotidiennement ce pain des anges, ces délices aux goûts les plus variés qu'on puisse concevoir. Il visait essentiellement à ce que les Juifs rectifient chaque sorte de nourriture, car chaque nourriture diffère sensiblement de l'autre.

Toutefois, les enfants d'Israël n'ont pas exploité la manne dans ce but, mais ils ont voulu y trouver le goût du poisson… qu'ils mangeaient en Egypte. Ce désir d'une nourriture terrestre au lieu d'une nourriture céleste les a fait descendre de niveau. La raison en est, comme nous l'avons vu, qu'ils n'étaient pas attachés à la Torah… Car celui qui s'engage sérieusement dans l'étude de la Torah ne se rappelle pas ce qu'il a mangé hier… Et s'il s'en rappelle, c'est qu'il s'engage dans la nourritute plutôt que dans l'étude de la Torah. Et il court ainsi un danger certain.

Celui qui se rappelle constamment et en détail ses fautes du passé peut facilement en arriver au découragement. C'est d'ailleurs ce que vise essentiellement le mauvais penchant. Il est bon de se rappeler ses fautes et s'en repentir. Le Roi David, avouait à cet effet: Car je reconnais mes fautes, et mon péché est sans cesse devant moi (Psaumes 51:5). Il convient toutefois de ne pas en être constamment hanté ou angoissé.

Après le péché du veau d'or, le mauvais penchant s'est réinstallé dans le cœur des enfants d'Israël (Zohar I, 52a; II, 193b). Il a alors cherché désormais à les faire constamment trébucher et les conduire au désespoir. Il était conscient de toutes les bontés que l'Eternel manifestait à leur égard et de la vertu purificatrice de la manne. Il savait que cette nourriture sanctificatrice permettait de trouver des interprétations originales de la Torah. Il a bien vu que tes vêtements ne se sont pas usés sur toi, tes pieds n'ont pas été meurtris (Deutéronome 8:4). Il n'a toutefois pas hésité à les assaillir de doutes et à leur faire effacer la distinction entre la manne, qui est une nourriture pour l'âme, et la nourriture terrestre qu'ils ont consommée en Egypte bonne et nourrissante à leur avis!

Ils auraient dû toutefois comprendre au plus vite que le mauvais penchant ne cherchait qu'à les faire trébucher… Comme ils ne l'ont pas compris, ils sont descendus bien bas!

Comme nous l'avons vu plus haut, celui qui se souvient constamment de ses fautes du passé est susceptible de se décourager et de ne pas s'en repentir. C'est pourquoi le Roi David implorait constamment Dieu: Les erreurs de ma jeunesse, mes fautes, oublie-les! (Psaumes 25:7). Nos Sages enseignent d'une part que le Saint, béni soit-Il, ne joint pas la mauvaise pensée à l'action (Kidouchine 40a), comme il est écrit: Si dans mon cœur, j'avais en vue l'iniquité, Dieu ne m'eût pas entendu (Psaumes 66:18), et de l'autre que les pensées qu'on entretient autour du péché sont plus graves que le péché lui-même (Yoma 29a). Comment comprendre ces enseignements?

C'est que la mauvaise pensée n'est pas l'acte lui-même, on n'est pas encore passé de la pensée à l'action. Et même si on est passé à l'acte, on peut le corriger par le repentir. Mais quand on entretient des pensées nocives sur le péché, on souille son cœur, ce qui affecte tout le corps. Comme on ne pense pas avoir péché on ne fait pas alors téchouvah… Il convient par conséquent de ne jamais penser au péché et si on y pense, il faut immédiatement s'efforcer de l'effacer de l'esprit… Dans le désert, nos ancêtres se sont souvenus de la nourriture qu'ils consommaient durant leur asservissement en Egypte… Par ces pensées leur cœur et leur esprit se sont alors souillés au point qu'ils se sont révoltés contre Moché.

Nous devons par conséquent faire de notre mieux pour purifier nos pensées, veiller à ce qu'elles soient constamment pures. Nous accéderons ainsi aux plus hauts niveaux spirituels. La fin de notre sidrah parle de Miriam qui médit de Moïse, à cause de la femme noire qu'il avait épousée… (Nombres 12:1). Nos Sages enseignent à cet effet que c'était Tsiporah qui, de la même façon que tout le monde s'accorde pour affirmer la noirceur d'un nègre, tout le monde attestait de sa grande beauté et de sa conduite qui n'était pas moins belle (Tan'houma 96:13). Normalement, elle aurait pu se plaindre contre Moché, son époux, qui n'entretenait plus de rapports avec elle et se dévouait entièrement à la cause d'Israël. Dieu avait d'ailleurs agréé son comportement (Chabath 97a). Ils auraient pu tout de même vivre ensemble, mais Tsiporah s'est abstenue de se plaindre et d'entretenir une mauvaise pensée contre son mari. Elle savait que les mauvaises pensées conduisent au péché, et que les pensées saintes permettent à l'homme de s'élever au plan spirituel.

Et c'est de cette beauté spirituelle et physique que nous décrit la Torah.

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