Un remède contre… Ki Tétsé

On doit s’éloigner de toute trace d’orgueil, d’honneur, de jalousie, etc. Si l’on veut s’imprégner de la lumière de la Tora et réussir dans son étude, on doit être humble.

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

La Tora : un reméde contre le Yétser Hara'

“Quand tu iras en guerre contre tes ennemis, que l’Éternel ton D-ieu, les livrera en ton pouvoir et que tu 'feras des prisonniers' ('véchavita chivio')” (Deutéronome 21:10).
 
Pour quelle raison le verset ne stipule-t-il pas “tu l’emprisonneras” ? C’est que, d’après les écrits saints, il s’agit du combat qu’on livre au mauvais penchant, qui est le plus grand ennemi de l’homme. Quand on s’engage assidûment dans l’étude de la Tora, on arrive non seulement à l’éliminer et le prendre en captivité, mais aussi à reprendre tout ce qu’il nous a ravi, ainsi qu'à tous les autres, qui peuvent à leur tour le vaincre.
 
Rachbi, Rabbi Chimon bar Yo’haï, disait qu’il pouvait libérer le monde entier du jugement (Souka 45b). Cela était possible car il était l’incarnation même du Tsadiq qui dirige les gens vers le bien. Le mot hébreu “ChiVIo” (“prisonnier”) est constitué des premières lettres de Chimon Bar Yo’haï. Ceci nous apprend que par la force de sa Tora, ce grand Tana a réussi lichvoth (à prendre) en captivité le mauvais penchant et reprendre de ses mains les péchés du monde entier. Cela correspond à ce qui se passe lorsqu'un esclave (ou un prisonnier, ici le mauvais penchant) achète quelque chose : c’est le propriétaire (le Tsadiq, ici Rachbi) qui l’achète (Pessa’him 88b). En d'autres termes, le mauvais penchant est devenu l’esclave de Rabbi Chimon bar Yo’haï. Par conséquent, tout ce qui lui appartient devient désormais la propriété de Rachbi. Il peut donc libérer tout le peuple juif de son emprise.
 
Toute personne qui s’élève dans l’étude de la Tora et l’accomplissement des mitswoth peut reprendre du mauvais penchant tout ce qu’il a ravi à lui et aux autres. Une question se pose toutefois : nos Sages ont enseigné que toute personne qui prétend que le Saint, béni soit-Il, est conciliant, est détruite de la surface de la terre (Bava Kama 50a). Ainsi, de quelle façon Rabbi Chim'on bar Yo’haï pourrait-il effacer tous les péchés du peuple d’Israël ?
 
En fait, ce qui empêche l’homme de faire pénitence, c’est essentiellement le mauvais penchant. “Maître de l’univers”, implorent les enfants d’Israël, “Tu sais bien que nous ne visons qu’à nous conformer à Ta volonté, mais c’est le levain de la pâte qui nous en empêche” (Bérakhoth 17a) ; il s’agit du mauvais penchant qui aigrit notre cœur, explique Rachi (id.). Par conséquent, si Rabbi Chim'on bar Yo’haï fait tomber le mauvais penchant dans ses filets, il ne lèsera plus aucun juif et ne l’incitera pas à commettre un péché. Les enfants d’Israël n’accompliront que les Commandements divins, feront téchouva sur tous leurs méfaits et tous leurs péchés se transformeront en mérites. Ils seront notamment libérés de leur exil s’ils observent le Chabath et le signe de l’Alliance sainte (…). En d’autres termes, par l’observance du Chabath et de l’Alliance, les juifs seront libérés et vaincront le mauvais penchant grâce au Tsadiq qui est tout imprégné de l’amour de ses frères et grâce à l’étude intensive de la Tora dont il les rend dignes.
 
Mon vénéré maître Rabbi ‘Haïm Chmouel Lopian zatsal m’a raconté une fois à Jérusalem, que chaque fois que le Ktsoth Ha’Hochen s’engageait dans l’étude de la Tora, il faisait téchouva les larmes aux yeux. Peut-être le verset : “Quant au méchant, D-ieu lui dit : 'Qu’as-tu à proclamer Mes statuts?'” (Psaumes 50:16) se rapporte-t-il à moi ? se demandait-il.
 
Que se passe-il en revanche chez certains d’entre nous aujourd’hui ? Ils fument quelques cigarettes, ils prennent un verre de café et discutent un peu de-ci de-là avec les amis, après quoi, ils dédaignent bien s’asseoir étudier un peu de Tora
 
(…) On doit s’éloigner de toute trace d’orgueil, d’honneur, de jalousie, etc. Si l’on veut s’imprégner de la lumière de la Tora et réussir dans son étude, on doit être humble. Comme on le sait, le mauvais penchant entre souvent avec nous à la maison d’étude. Comme un bon ami, il s’assoit à côté de nous et veut se mettre à étudier avec nous… Le malheur, c’est qu’il nous fait entretenir des pensées étrangères et trébucher, à D-ieu ne plaise.
 
Avant de nous engager dans l’étude de la Tora, nous devons donc nous y préparer très sérieusement en versant même des larmes. “Mécréant”, dirons-nous au mauvais penchant, “qu’as-tu à proclamer mes statuts ? Que viens-tu faire avec moi ? Le Beth Midrach n’est pas du tout ta place. Pourquoi viens-tu me déranger ?”
 
“Il est une chose que je demande au Seigneur, que je réclame constamment : c’est de séjourner dans la maison de l’Éternel tous les jours de ma vie, de contempler la splendeur de l’Éternel et de fréquenter Son sanctuaire” (Psaumes 27:4). La question qui se pose ici est évidente. Au début, le Roi David ne demande qu’une chose, mais il finit par en demander plusieurs : contempler, fréquenter, etc. Pour quelle raison ?
 
En fait, le Roi David ne demande qu’une chose à D-ieu : que le mauvais penchant ne le dérange pas dans son étude de la Tora. Il pourra ainsi, tout en se conformant à la volonté de D-ieu, séjourner dans Sa maison, contempler Sa splendeur… Il ne veut pas que le mauvais penchant l’accompagne à la maison d’étude. C’est ainsi que le Roi David se préparait avant de s’engager dans l’étude de la Tora. Si nous agissons comme lui, nous pourrons éliminer notre mauvais penchant et réussir dans l’étude de la Tora pour le plus grand bien de tout Israël.
 
La victoire sur le mauvais penchant par la force de la sainteté
 
“Quand tu iras en guerre contre tes ennemis que l’Éternel… les livrera en ton pouvoir et que tu leur feras des prisonniers, si tu remarques dans cette prise une femme de belle figure, qu’elle te plaise et que tu veuilles prendre pour épouse…” (Deutéronome 21:10-11).
 
Quand on livre le combat à un ennemi cruel, il convient normalement d’agir avec pureté et sainteté, et s’efforcer de ne pas voir le mal inhérent à la guerre.
 
Or, voilà que la Tora permet au guerrier d’épouser la femme de belle figure qu’il a remarquée au cours des hostilités. Comment est-ce possible ?
 
C’est que, comme nous l’avons vu dans la leçon précédente, ce combat est celui qu’on livre au mauvais penchant, qui est le grand ennemi, et on ne peut être digne de l’Assistance divine et le vaincre qu’en lui déclarant la guerre. Le Saint, béni soit-Il, aide alors le guerrier. Le Midrach enseigne à cet effet que les Tsadiqim font jurer le mauvais penchant de s’abstenir de porter des accusations contre eux et d’essayer de les faire trébucher (Bamidbar Raba 15:12).
 
N’oublions pas que le mauvais penchant est très rusé. Quand il voit qu’on lui livre combat, muni du meilleur armement qui est la Tora, il fait semblant de se rendre immédiatement. L’homme commence alors à négliger quelque peu son Service divin, considérant qu’il a d’ores et déjà vaincu son yetser hara’. Son Service divin commençant à décliner, il se permet de jeter un coup d’œil sur les choses de ce monde et sur ce qui est interdit par la Tora, comme la vue d’une belle femme. Le mauvais penchant se remet automatiquement à l’attaque et l’homme ne ressent pas qu’il est tombé dans ses filets. C’est pourquoi la Tora ne lui interdit pas d’emblée la femme de belle figure.
 
Pour qu’il n’en arrive pas à pécher, elle lui permet même de la prendre pour épouse. Quand il verra comment elle prend le deuil sur l’idolâtrie de la maison de son père, il réussira vraiment à vaincre le mauvais penchant qui sévit en lui. Nos Sages nous enseignent à cet effet : “Celui qui voit son mauvais penchant s’intensifier en lui, qu’il se rende dans un endroit où personne ne le connaît, qu’il s’habille en noir, s’enveloppe de noir et fasse ce que son cœur désire. Il ne profanera pas ainsi le nom de Dieu en public” (Mo’ed Qatan 17a ; Qidouchin 40a).
 
S’il agit de la sorte, ajoutent les Tossafoth, il éliminera le mauvais penchant et ne pourra commettre une faute. “Quand tu iras en guerre…” Tu dois livrer le combat au mauvais penchant tous les jours, et même si tu crois l’avoir pris en captivité, ne sois pas paresseux, poursuis ta Guerre sainte contre lui. Sinon, tu verras les ruses qu’il emploie contre toi pour te faire trébucher.
 
Le mauvais penchant pris en captivité ressemble au prisonnier qui vise à s’enquérir sur l’armement dont se sert son ennemi. Il réussit à se sauver après et en rend compte aux commandants de l’armée. Il convient donc de lui livrer quotidiennement le combat pour l’empêcher d’espionner, de nous affaiblir et de nous faire trébucher.
 
On peut aussi se demander pourquoi le verset utilise le terme “Echeth” au lieu de “Icha”, qu’il emploie habituellement pour “femme”. C’est que, commentant le verset : “La voix, c’est la voix de Jacob et les mains sont les mains d’Esav” (Genèse 27:22), le Midrach explique : “Quand c’est la voix de Jacob qui se fait entendre dans les synagogues et les maisons d’étude, les mains d’Esav sont démunies de toute force (Béréchith Rabah 65:16)…
 
En d’autres termes, c’est essentiellement grâce à la voix de la Tora qu’on réussit à vaincre Esav, le mauvais penchant, car les mains sont raffermies. Toutefois, si tu regardes de mauvaises choses, tu tomberas de suite entre les mains d’Esav et son armée de quatre cents hommes, incarnation des forces du mal. C’est “Echeth”: tu seras la proie du “Ech” (“le feu”), ainsi que du “Tav” (valeur numérique 400) qui est une allusion aux 400 guerriers d’Esav. Esav en revanche est comparé à la paille, comme il est écrit : “La maison de Jacob sera un feu… la maison d’Esav un amas de paille” ('Ovadia 1:18). La guématria de “paille” est 400, et c’est l’étude de la Tora enflammée (“ECh”) qui arrivera à la consumer.
 
De quelle façon cette guerre se déroule-t-elle ? La Tora n’en dit pas mot. S’il s’agit d’une guerre livrée au mauvais penchant, il va sans dire qu’elle doit être permanente, et ce n’est qu’à la mort de l’homme que D-ieu voit qui l’a vraiment emporté. Même les Tsadiqim ne ressentent pas de leur vivant qu’ils ont vaincu le mauvais penchant, car comme l’enseignent nos Sages, plus on est grand plus le yetser hara’ est grand (Souka 52a). Efforçons-nous donc d’en être le vainqueur, ce qui nous permettra de nous rapprocher de notre Père qui est au ciel.

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