Sauve qui peut ! – Bo

Quand il faut s'enfuir d'un piège mortel, il est interdit de penser à l'argent ou aux provisions. De même, si on risque de tomber dans les griffes d'un assassin, d'un voleur…

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le rabbin Éliyahou Haviv

Posté sur 06.04.21

“Ils cuirent la pâte emportée d'Égypte en matsoth car elle n'avait pas fermentée, étant donné qu'ils avaient été chassés. Ils ne purent donc pas attendre ni faire de provisions pour la route.” (Exode 12:39)

Les juifs, pressés par les égyptiens qui les sommaient de sortir après la mort des premiers-nés, ne se firent pas prier deux fois, d'autant plus qu'ils étaient en danger devant des égyptiens fous de rage. C'est la raison pour laquelle ils n'eurent pas le temps de faire lever la pâte et consommèrent dans le désert des matsoth (pains azymes) qui constituent l'essentiel de notre nourriture le soir du séder de Pessa'h (la Pâque juive). À partir de cette histoire, Rabbi Nathan de Breslev va nous prodiguer une morale extraordinaire d'après les enseignements de Rabbi Na'hman de Breslev.

“Quand il faut s'enfuir d'un piège mortel, il est interdit de penser à l'argent ou aux provisions. De même, si on risque de tomber dans les griffes d'un assassin, d'un voleur ou de bêtes sauvages, il est évident qu'au moment où l'on fuit, on est trop pressé pour penser à nos moyens de subsistance car notre vie est en jeu.

À plus forte raison, quand un homme doit s'échapper du plus profond de l'enfer et des souffrances du monde matériel vers l'acquisition de la vie éternelle, il lui faut s'enfuir vers les endroits où il pourra réparer son âme (et celle de sa famille) sans regarder en arrière, car il ne peut attendre ni prendre des provisions et de l'argent. Il doit faire confiance à D-ieu qui, c'est sur, ne l'abandonnera pas.”

Il existe 70 types d'idolâtries différentes dans le monde, parallèlement aux 70 nations qui composent l'humanité. L'idolâtrie correspond à l'erreur tragique de croire en d'autres “dieux”, c'est à dire à oublier la Cause de toutes les causes et placer sa confiance dans des intermédiaires. À ce sujet, Rabbi Nah'man enseigne que l'argent équivaut aux 70 idolâtries. De fait, la confiance que les gens mettent dans le fait de posséder des richesses constitue l'écorce la plus tenace entre nous et le Créateur. On peut même être croyant en D-ieu et idolâtre à la foi.

En effet, combien d'entre nous n'ont pas franchi de pas décisifs vers l''Avodath Hachem (service de D-ieu) par crainte de voir leur situation financière se détériorer. Pour justifier leur retenue, ils n'hésitent pas à mettre en avant le fait que nous ayons le Commandement divin de subvenir à nos propres besoins et à ceux de notre famille. Effectivement ils ont raison mais la nourriture dont parlent les Sages n'est pas que matérielle : il y a aussi une obligation de “nourriture” spirituelle.

Cette nourriture prédomine de loin étant donné qu'après 120 ans, ce n'est pas le corps qui se présente devant le Maitre du monde mais l'âme qui n'amène avec elle que l'étude de la Tora, la pratique des mitswoth, les prières et les bonnes actions qu'elle a glanées lors de son passage sur terre.

La confiance que nous plaçons dans l'argent par rapport à celle que nous avons en D-ieu, peut se mesurer dans les décisions importantes que nous prenons dans notre vie. Quel travail vais-je effectuer ? Vais-je donner plus d'importance à un salaire élevé ou à des conditions de travail qui vont me permettre de me sanctifier ? En évitant par exemple des situations spirituellement nuisibles, en me laissant du temps pour étudier la Tora. Dans quel quartier vais-je habiter ? Quelle école ? Quelle université ?

Celle qui va donner le meilleur diplôme et 50% de chances d'intermariage ainsi que l'assurance de rompre l'alliance de la pureté d'Israël ou une solution juive même si elle est moins glorieuse selon leurs critères. Et surtout, quel va être mon rapport dans le commerce ? Vais-je respecter la loi juive quitte à gagner moins ou vais-je la transgresser et m'enrichir, parfois malhonnêtement ? Etc.

Chacun peut et doit faire le point sur son échelle personnelle des valeurs. Il pourra alors constater dans quelle mesure il est croyant et dans quelle mesure il est victime de l'idolâtrie. Si d'aventure, il est tenté de dire qu'il n'est pas possible de faire autrement dans le monde où nous vivons, cet argument vient démontrer à quel point les civilisations idolâtres ont gravement entamé la force vive du peuple juif qui est la émouna (la foi) que D-ieu ne nous abandonnera jamais et pourvoiras toujours à nos besoins, que tout ce qu'Il fait est pour le bien, même si cela dépasse notre entendement.

C'est la raison pour laquelle Rabbi Nathan nous dit que celui qui est pris au piège de ses convictions idolâtres doit se considérer comme s'il était poursuivi par des tueurs ou des bêtes sauvages qui veulent réellement l'assassiner, c'est à dire le déraciner de la vraie vie qui est la vie juive basée prioritairement sur le respect de la Tora, garante du monde futur. A-t-il le temps de penser à l'argent (laisser fermenter la pâte à pain et faire des provisions) ? Non !

Il doit placer uniquement sa confiance en D-ieu et prendre les bonnes décisions, celles qu'il ne regrettera plus jamais. Il pourra alors lui aussi dire qu'il est sorti d'Égypte. (Traduit et adapté du Liqouté Halakhoth, Guiloua'h – Halakha 3).

Sefer Hamidoth Émouna (foi)

“Grâce à l'émouna, sont annulés les décrets des nations contre nous.”

Dans une période où les nations ne cessent de nous condamner à l'O.N.U, cette sentence de Rabbi Na'hman est plus qu'actuelle. Le premier commentaire de Rachi sur la Tora explique la notion suivante : “Viendra un temps où les nations diront que nous avons volé la Terre d'Israël. Il faudra alors leur répondre que toute la terre appartient à D-ieu. C'est Lui qui l'a créée et Il nous l'a donnée.” Inutile de dire que ce commentaire s'applique à notre génération où les peuples du monde entier sont d'accord et font pression pour que nous “rendions” une partie d'Eretz Israël, inclus Yérouchalaïm, D-ieu en préserve.

Comment se défendre et annuler leurs décrets ? C'est en restant attaché à la foi indéfectible que la Terre d'Israël est la propriété de son peuple. Paradoxalement, plus on perd cette foi en donnant notre terre, plus les décrets des nations (ce qui comprend aussi le terrorisme) sont durs envers nous. Mais si on restait ferme par rapport à notre foi, alors ces décrets seraient annulés d'après le principe énoncé par Rabbénou. Par conséquent celui qui se renforce dans la foi en D-ieu renforce automatiquement Israël par rapport aux nations.

“Sache qu'il y a dans chaque herbe une force particulière de guérison par rapport à une maladie particulière. Cependant, cela ne concerne que celui qui n'a pas conservé sa foi et son alliance (pureté des mœurs) et qui ne s'est pas empêché de transgresser l'interdiction 'Ne méprise aucun homme' (Pirqé Avoth 4:3). Mais celui qui possède une émouna complète, qui a aussi gardé l'alliance et qui respecte le commandement de ne mépriser personne, alors sa guérison ne dépend pas des herbes particulières propres à sa maladie.

Il peut obtenir cette guérison par chaque nourriture ou aliment, ce qui constitue l'aspect de “Il bénira ton pain” (Chémoth 23:25). Il n'a donc pas besoin d'attendre jusqu'à ce qu'on lui procure les herbes nécessaires à sa guérison.”

“L'essentiel de notre future délivrance ne dépend que de l'émouna et la qualité de celle-ci dépend des dirigeants de la génération.”

Lois de Chabath

Il est interdit de broyer à Chabath de la neige ou des glaçons, c'est à dire de les briser en morceaux afin d'en sortir de l'eau. Ceci est un décret (guézéra) afin qu'on n'en vienne pas à presser des raisins ou d'autres fruits similaires, car de la même manière qu'en pressant un raisin on fait sortir le liquide d'une chose qui lui est différente (le jus est différent du fruit) ainsi quand on broie de la glace ou de la neige on en fait sortir du liquide. Néanmoins il est permis de mettre dans un verre des glaçons ou des morceaux de neige car ils vont fondre tout seuls, sans l'action de nos mains. (Yalqouth Yossef).

Le marteau

“Une fois, Rabbi Na'hman parlait avec Rabbi Ya'aqov Yossef du service de D-ieu, comme il en avait l'habitude. Il lui donna un exemple : c'est l'histoire d'un roi qui envoya son fils dans des contrées lointaines afin qu'il y apprenne les sagesses. Après un certain temps, le fils revint à la maison du roi avec la connaissance parfaite de toutes les sagesses. Une fois, le roi ordonna à son fils de transporter une pierre énorme comme une meule et de la monter jusqu'à l'étage supérieur de son palais. Il était évident que le fils ne pouvait faire cela car la pierre était extrêmement lourde.

Il se lamenta sur le fait qu'il ne lui était pas possible de réaliser la volonté du roi son père jusqu'au jour où le roi lui dévoila la solution : As-tu pensé que je t'avais ordonné de faire une chose aussi difficile que transporter telle quelle une pierre aussi lourde ? Peux-tu faire une chose aussi dure à l'aide de ta grande sagesse ? En vérité ce n'était pas du tout mon intention. Je voulais que tu utilises un puissant marteau afin de faire exploser le rocher en petits morceaux, ainsi tu pourras le transporter en-haut.

De la même manière Hachem (D-ieu) nous a ordonné d'élever notre cœur et nos mains vers Lui. Or, notre cœur est comme une pierre immense et très lourde. Il nous est absolument impossible de l'élever vers Hachem si ce n'est à l'aide d'un marteau grâce auquel on le fera exploser. Ce marteau c'est la parole, comprends le bien.” ('Hayé Moharane 441) 
 

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