Attention, petit !

« Attention, petit ! Celui qui n’écoute pas en paye le prix. Ne l’oublie jamais ! » Et je ne l’ai pas oublié.

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 05.04.21

 « Attention, petit ! Je ne t’ai pas mis en garde pour rien ! Celui qui n’écoute pas en paye le prix. Ne l’oublie jamais ! » Et je ne l’ai pas oublié. Au cours de ma vie, j’ai vu des gens qui payaient le prix…

Quand j’étais petit enfant, c’était avant la seconde guerre mondiale, à Washington, la capitale… Mes parents travaillaient dur pour gagner leur vie, du matin au soir, dans le petit magasin qu’ils tenaient à l’angle d’une rue du centre-ville. Nous sommes nés au deuxième étage au-dessus du magasin, très loin de tout ce qui peut se rapprocher du confort, et « fais tout ton possible pour réussir » était le mot d’ordre de notre éducation et le point de vue avec lequel nous avons grandi.

Puisque ma mère devait s’occuper de six enfants, et descendre de temps en temps au premier étage pour donner un coup de main à mon père quand il y avait beaucoup de travail au magasin, il lui fallait une aide permanente à la maison. C’est comme ça que Juanita Anacook entra dans nos vies en 1956, j’avais sept ans.

Juanita grandit en Caroline du Nord, dans les difficiles conditions d’une famille pauvre. Elle avait été seulement trois ans à l’école lorsqu’elle dut la quitter pour aider ses parents à la ferme : nourrir les poules et récolter le tabac. Mais comme beaucoup de jeunes noirs de l’époque, elle prit la route d’une des grandes villes, dans l’espoir d’y trouver une vie meilleure. Par la merveilleuse providence de D.ieu, Juanita arriva chez nous et commença à travailler pour mes parents. Elle n’était pas très cultivée, mais elle avait beaucoup de sagesse dans tout ce qui touchait aux besoins de notre maison. Nous l’aimions tous.

Quand maman était occupée au magasin avec papa, Juanita était la maman remplaçante en haut. Ça ne la dérangeait jamais quand on était arrogants. Elle souriait juste. Même quand on l’embêtait, souvent, qu’on la pourchassait dans la maison, qu’on la chatouillait ou qu’on lui jetait des oreillers, elle réagissait toujours avec beaucoup d’amour. Mais il y avait une chose qu’elle ne supportait pas, c’était lorsqu’elle nous enseignait un message sur la vie et qu’on ne l’écoutait pas.

Juanita m’avait prévenu de ne pas jouer avec le scalpel que mon père avait oublié de remettre dans sa boite à outils. Un jour, alors que je tailladais un arbre avec ce scalpel, il me trancha presque la main. Lorsque Juanita vit la scène, elle courut vers moi, me saisit par les épaules, me secoua bien comme il faut et me regarda droit dans les yeux. Je n’oublierai jamais ce qu’elle me dit alors : « Attention, petit ! Je ne t’ai pas mis en garde pour rien ! Celui qui n’écoute pas le paye de son sang. Ne l’oublie jamais ! »

Et je ne l’ai pas oublié.

Le message de Juanita se justifia encore et encore, surtout à l’époque où je fis mon service militaire, pendant la guerre. Mes camarades qui n’écoutaient pas le payèrent de leur propre sang. Malheureusement, nos dirigeants ne font pas attention aux messages d’Hachem, et nous en payons le prix de notre sang.

Le Chabat qui vient de passer s’appelle Chabat H’azone, c’est le Chabat qui précède les 9 jours qui nous mènent au 9 Av. On l’appelle ainsi parce que, dans la Aftara, nous lisons le premier chapitre du livre du prophète Isaïe qui commence par « Vision (= H’azone) d’Isaïe, fils d’Amos, qui prophétisa sur Juda… »

Le prophète Isaïe réprimande le peuple en leur montrant la source de leur interminable souffrance. L’homme peut penser que la souffrance et la douleur sont le résultat des trois pêchés graves : l’idolâtrie, l’effusion de sang et l’adultère. Mais non, ce n’est pas le cas. Peut-être souffrons-nous parce que nous avons arrondi les angles dans tout ce qui concerne le Chabat et la Cacherout ?Non, dit le prophète. Il nous gronde amèrement et nous dit qu’il nous manque la sagesse d’animaux comme les ânes et les bœufs :« Un bœuf connait son possesseur et un âne, la crèche de son maitre, Israël ne connait rien, mon peuple n’a pas de discernement. » (Isaïe, Chapitre 1, verset 3). Selon les paroles du prophète, la source de tous les problèmes, généraux et particuliers, de notre peuple depuis les temps anciens, est que « Israël ne connait rien, mon peuple n’a pas de discernement. » Il ne fait pas attention.

Les paroles de Juanita prennent tout leur sens dans ces quelques versets ! Et tout comme elle ne voulait pas me voir me blesser, de la même manière, Hachem ne souhaite pas nous voir – ses fils et ses filles bien-aimés- courir vers un suicide national. Jour après jour, Il nous secoue (avec amour, mais Il lui faut attirer vers Lui notre attention d’enfants) à travers des messages importants que nous préférons ignorer, et dit à chacun d’entre nous : « Attention, petit ! ». Le problème, c’est que nous continuons à vivre notre vie, heureux et joyeux, et commettons des erreurs, les unes après les autres.

Observons l’histoire du peuple juif sur les 22 dernières années, depuis 1988. La première intifada a commencé avec ceux qu’on appelle les palestiniens, qui se sont mis à nous lancer des pierres. Hachem nous secoua et nous dit : « Attention, petit ! » Mais nous n’avons pas fait attention, et nous ne nous sommes pas non plus réveillés. Les pierres se sont changées en cocktails molotofs et en un cri plus fort : « Attention, petit ! ». Mais encore une fois, nous n’avons pas fait attention, et nous ne nous sommes pas réveillés. Les cocktails molotofs se sont changés en armes, qui se sont elles-mêmes changées en ceintures d’explosifs puis en kamikazes, puis en roquettes Qassam, et en roquettes Grad. Et encore, nous ne nous sommes pas réveillés de notre coma spirituel. Entre temps, les roquettes Grad se sont changées en ogivesnucléaires, que D.ieu nous préserve, et soudain des navires émergent et menacent d’ouvrir un conflit naval au Moyen-Orient.

Qui a besoin de tout cela ?

Tout ce qu’il nous faut faire, c’est seulement être attentif aux messages que notre cher Père bien-aimé nous envoie d’en haut, quand dire « attention, petit ! » ne suffit pas. Hachem veut qu’on s’isole une heure chaque jour, qu’on parle avec Lui, qu’on prenne du recul pour un peu d’introspection et pour faire face à la vérité, essayer de comprendre, d’intérioriser et de vivre les messages qu’Il nous fait passer à travers ce qui nous arrive dans la vie.

A partir du moment où l’on sera attentif aux messages et où l’on parlera avec Lui une heure par jour, on pourra dire adieu, et pas au revoir, à toute la douleur et la souffrance, à toutes les épreuves et les difficultés, en particulier comme en général.

Que D.ieu fasse que cela arrive encore cette année, et que cette année soit celle de notre délivrance, rapidement et de nos jours, Amen…

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