Mon ami le moine

Je ne pensais pas qu'un moine puisse lire chaque semaine nos articles. La vie que nous prônons est tellement différente de la sienne…

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 19 av 5769 – 7 août 2009

Il y a quelques jours, j'ai reçu une lettre surprenante. La main de D-ieu a dirigé – il y a quelques mois – une certaine personne sur le site Breslev Israël et celle-ci est devenue rapidement un de nos lecteurs assidus. Jusque là, rien de vraiment surprenant. Grâce à D-ieu, vous êtes des milliers à l'être devenu depuis une année, date de l'ouverture du site. Cependant, si je vous révèle la “profession de foi” de cette personne, votre attitude risque de changer : ce lecteur assidu est moine.
 
Je vous l'avoue sincèrement : je ne pensais pas qu'un jour je pourrai compter parmi les fidèles lecteurs de Breslev Israël un moine. Certes, la diversité de nos lecteurs est grande : si la majorité est juive (personnes religieuses ou pas encore), il y même des non juifs qui trouvent de la sagesse dans nos articles. La rubrique des Bnei Noa'h est souvent l'occasion d'une réflexion sérieuse sur le sens de la vie pour les individus qui ne sont pas juifs. À l'exception de nous, qui parle – en français – des Bnei Noa'h ?
 
Cependant, je ne pensais pas qu'un moine puisse lire chaque semaine nos articles. La vie que nous prônons est tellement différente de la sienne : lorsque nous parlons des problèmes de couple, il est célibataire ; lorsque nous abordons l'éducation des enfants, il n'en aucun ; discutons-nous des fêtes juives ? Elles n'ont aucun rapport avec les siennes…
 
Un conseil attentionné
 
C'est en lisant sa lettre que j'ai compris la raison de l'intérêt de ce moine pour notre site Internet. Sans fausse pudeur, il m'avouait que son isolement le rendait un peu triste et que nos articles sont remplis de la spiritualité et de la joie qui lui manquent. Peu importe que certains sujets ne s'appliquent pas à lui, il trouve dans sa lecture le réconfort qu'une vie d'ermite ne peut lui offrir.
 
De plus, cette personne est d'une gentillesse extrême : “Pour quelle raison,” écrit-il dans sa lettre, “devez-vous affronter tous les défis de la vie et être spirituels en même temps ? Ne serait-il pas plus judicieux de vivre sans femme et sans enfants et de pouvoir vous consacrer entièrement à vos études ?” Le conseil m'a surpris, mais j'ai compris au regard de ma femme que je ne devais pas y penser sérieusement une seule seconde !
 
En fait, la question attentionnée de mon ami le moine me permet de relever un aspect important de notre relation avec Hachem. Bien souvent, nous pensons que si nous n'avions pas à assumer nos obligations de conjoints(es) et de parents (sans parler de celle de trouver un emploi), nous aurions plus de temps à consacrer au Maître du monde : nous pourrions prier à loisir, étudier la Tora des heures entières…
 
Cette pensée est séduisante, mais elle se heurte à une vérité incontournable : elle ne correspond pas à ce que le Créateur désire de nous. Ce n'est sans doute pas pour rien que la mitswa de la procréation est le premier commandement cité dans la Tora ! Mon ami le moine n'a aucune chance de m'attirer dans un lieu de réflexion isolé du monde est réservé à des célibataires endurcis.
 
Le défi d'une vie
 
Le défi d'une personne juive ne consiste pas à vivre d'une façon irréelle sa vie d'être humain. Plutôt, c'est en se mariant, en ayant (beaucoup) d'enfants et en affrontant tous les défis que cela signifie que nous devons établir notre relation avec le Divin. Il est sans doute plus facile de jeter tout cela par-dessus bord et de passer ses journées à prier, mais en agissant ainsi, nous faisons l'opposé de la Volonté divine (je laisse cette réflexion à mon ami le moine pour ses longues soirées d'hiver).
 
C'est exactement dans tout ce qui fait notre vie que nous devons chercher D-ieu et le bon qu'il ne cesse pas de nous envoyer du Ciel. Si cela n'est pas toujours facile, c'est parce qu'Hachem le désire et qu'Il attend – dans ces moment-là – de voir notre réaction. Si nous nous énervons et perdons patience, nous avons oublié D-ieu. Au contraire, si nous allons pleurer devant D-ieu notre impuissance à trouver une solution à nos difficultés, nous justifions notre vie !
 
Certains pourraient s'exclamer : “Ne serait-il pas plus logique de nous épargner les problèmes de la vie quotidienne et de nous laisser louer la grandeur du Créateur à longueur de journée ?” La réponse est : non. Ainsi, chaque fois que nous pensons qu'en l'absence d'un problème spécifique nous parviendrions mieux à servir D-ieu, nous sommes dans l'erreur. Qu'il s'agisse des relations du couple, de l'éducation des enfants, de notre gagne-pain, etc., toutes les difficultés que nous rencontrons ont été envoyées du Ciel pour nous aider à mieux servir Hachem.
 
Si cela est la Volonté divine, nous devons en tirer l'enseignement indispensable et fondamental dans notre relation avec D-ieu. Nous devons garder en mémoire que tous les évènements de notre vie – les grands comme les petits – sont voulus par le Créateur. C'est dans ce qui fait notre vie que nous devons voir la présence d'Hachem et pas dans celle que nous aimerions avoir.
 
Si nous parvenons à remercier D-ieu pour tout ce qu'Il nous envoie, nous ferons preuve d'une grande sensibilité spirituelle. Dans les moments agréables et joyeux, cela ne sera sans doute pas trop difficile. Cependant, si dans les instants plus délicats de notre vie nous n'oublions pas que la “main de D-ieu” est également présente, nous pourrons toujours aller crier notre douleur :
 
“Maître du monde ! Que m'arrive-t-il ? J'entends parler souvent de l'enfer pour l'après-mort. Cependant, j'ai souvent l'impression d'y vivre de mon vivant ! Viens à mon aide ; ne m'abandonne pas de la sorte !”
 
Ce dialogue est saint ; si des larmes sincères coulent sur nos joues, il sera plus élevé que la sainteté des anges.     
 
 
Vous êtes cordialement invités à lire les billets du jour sur le blog de David-Yits'haq Trauttman à www.davidtrauttman.com/

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