C’est pas mon fort

La patience, ce n'est pas mon fort. Il m'a fallu beaucoup de temps pour obtenir mon diplôme et pour réaliser mon grand rêve : des vacances de rêve !

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Yehudit H'anan

Posté sur 17.03.21

La patience, ce n'est pas mon fort. Il m'a fallu beaucoup de temps pour obtenir mon diplôme et pour réaliser mon grand rêve : des vacances de rêve!

Nous disons que ce n'est pas notre point fort, mais qu’y a-t-il, dans ce côté, qui fait qu’il n’est pas notre fort ?

En ce qui me concerne, c’est la patience.

Oui, la patience n'a jamais été mon point fort, sauf pour quelque chose de fascinant et d’attrayant à mes yeux, assez pour que j’accepte de rester scotchée à ma chaise. Voilà pourquoi vous ne me trouverez pas absorbée par un livre, ce n’est pas moi. Je ne peux pas non plus rester assise pendant une heure ou plus dans un cours ou une conférence, ni être entraînée dans une longue conversation.

Lorsque j'ai rencontré mon mari pour la première fois, je n’arrivais pas à croire de combien de temps une personne pouvait avoir besoin pour sortir une phrase de sa bouche. Par exemple, quand il racontait une blague, j’aurais pu grimper sur les murs jusqu'à ce qu'il dévoile la chute. Et s'il lui fallait plus de deux secondes pour comprendre ce dont je voulais parler, je ne pouvais pas le supporter.

En fait, je suis si impatiente que je voudrais avoir fini la rédaction de cet article, pour pouvoir lire ce que j’aurai écrit.

Mais au fil des ans, c’est venu. Parce qu'ainsi va la vie, on apprend à développer des compétences, et à travailler sur son caractère. Voilà comment s’est développé mon niveau de ma patience. C’est un message que la vie nous apprend – il faut neuf mois pour qu’un bébé naisse, il faut de la patience pour monter une entreprise, pour apprendre et aussi pour se rapprocher du Créateur. Voilà comment les choses devraient être, mais pour les gens qui, par nature, sont constamment en train de se précipiter et de courir, c’est un peu plus difficile.

Finalement, j'ai appris à me détendre et à permettre à Dieu de dicter le rythme. Le vieux dicton : « Tout vient à point à qui sait attendre » (et prie) s’est avéré. Je l'ai vu de mes propres yeux.

***
Je suis assise sur le perron, en pleurs. Nous avons eu une année très difficile financièrement, mais nous avons réussi, en quelque sorte, à envoyer nos cinq garçons en colonie d'été. Je suis heureuse pour eux, mais rester coincée à la maison avec quatre petites filles comme chaque été, ça ne sera pas facile. Cela fait déjà des années que je ne suis pas partie en vacances, des vraies vacances, je suis tellement jalouse de nos voisins quand je les vois emballer leurs sacs, les charger sur le toit de la voiture et partir en vacances, ici ou à l’étranger, chaque année. C’est vrai, on n’a pas le droit d’être jaloux de qui que ce soit, et dans mon cœur, je leur souhaite qu'ils en profitent et rentrent chez eux en bonne santé. Mais ça fait mal. Ma famille vit aux États-Unis et je ne les ai pas vus depuis très longtemps. Je suis comme pleine de rage et de beaucoup d'auto-apitoiement.

Mon mari s’assied à côté de moi. « Chérie, qu'est-ce qui se passe ? » Il demande.

Je le regarde et je vois son regard inquiet posé sur moi. Je sais qu'il travaille très dur et s’inquiète que nous ayons tout ce qu’il faut à la maison, qu’il fait vraiment de son mieux, quitte à déplacer des mondes. Et oui, je vois sur son visage qu'il m’aime vraiment. Je déverse mon cœur devant lui et lui parle de la difficulté d'être à la maison chaque vacance d'été.

« Tu sais, j’ai toujours rêvé de parcourir le monde. J’ai toujours voulu voir le monde. »

« Tu le verras, » dit-il. « Promis. Un jour, nous deux, nous ferons une croisière autour du monde. Promis. »

Le regard sceptique sur mon visage avait apparemment tout dit.
« Je suis sérieux, » insista-t-il. « Tu me crois, non ? »

Je regardai son visage, honnête et plein de charme, « Oui, je te crois, » mentis-je. « Je te crois vraiment. » Je voulais tellement le croire. Cela compte aussi, non ? 

* * *
Vingt-quatre ans se sont écoulés depuis.

Un jour, il y a quelque temps, mon mari reçoit un appel. Maintenant, nous avons notre propre maison et la situation économique est bien meilleure. Nous avons même réussi, grâce à D.ieu, à conduire sept enfants vers la H’oupa.

« C’était qui, au téléphone ? » Demandai-je. Et je ne suis pas du genre fouine, mais je voyais que mon mari était plus excité que d’ordinaire.

« J’ai reçu le poste de surveillant de cacherout sur un navire de croisière pour l’Europe. Ils ont dit que je pouvais amener ma femme. »

Une minute ? Ne m'a-t-il pas promis qu’un jour, il m’emmènerait voir le monde ? Qu’est-ce que ça fait si cela pris si longtemps ?!?

Tandis que je dansais de joie dans la chambre, il me cria depuis la cuisine, « C’est seulement l'été prochain, alors calme-toi ! »

« Bien sûr ! » Je lui criai tout en sortant les valises, le regard perdu dans un rêve devenu réalité.

Mais surtout, heureuse de pouvoir enfin me vanter de mon nouveau diplôme de patience. Et ça valait le coup !

 

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