La pornographie sur Internet

Si le gouvernement israélien ne désire pas interdire la pornographie sur Internet, c'est qu'il ne la définit pas comme un danger.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 

Il s'est passé cette semaine en Israël un évènement que les médias ont ignoré : le “Comité ministériel pour la législation” – un comité de la Knesset – a décidé de mettre au placard un projet de loi qui aurait obligé les fournisseurs d'Internet en Israël à bloquer l'accès aux sites à caractère pornographique.
 
Il est intéressant de noter que les ministres des communications et de l'éducation font partie des ministres qui ont voté contre ce projet de loi. Un des ministres a d'ailleurs déclaré à ce sujet : “La façon correcte d'agir (…) est celle qui est démocratique et non celle des Gardes révolutionnaires.” Le ministre faisait allusion aux forces militaires iraniennes qui – nous le savons tous – bafoue les droits essentiels des citoyens iraniens. Le ministre a conclut en disant que le “gouvernement est attentif aux valeurs de la démocratie et de la liberté d'expression (…) et qu'il s'oppose à un projet de loi dont l'origine se trouve dans les pays de l'obscurité.”
 
Je ne m'attarderai pas sur l'incohérence des propos tenus par ce ministre. Il n'existe pas de contradiction entre le principe démocratique et celui d'une loi qui interdit certaines choses. De fait, le propre d'une loi est d'obliger les citoyens à faire une chose particulière, ou de leur en interdire une autre. De plus, comparer la situation actuelle en Iran et le processus législatif israélien est digne de nos ennemis palestiniens ou européens, mais certainement pas d'un ministre du gouvernement israélien. Il ne faudra pas oublier ce ministre lorsqu'on décernera la palme de la stupidité parlementaire.
 
Le rôle d'un État est de nous protéger
 
Il serait intéressant de demander aux ministres qui se sont opposés à ce projet de loi de définir le rôle de l'État. D'après les propos entendus, il est possible de comprendre que selon ces dignes personnages, le rôle d'un État consiste à éduquer plutôt qu'à forcer. Ainsi, l'État pourrait se comparer au rôle que les parents doivent avoir avec leurs enfants : les éduquer et leur faire comprendre les différents aspects de la société dans laquelle nous vivons, plutôt que de sortir à tout bout de champ le bâton de la répression, des interdits et des punitions.
 
Si cela correspond effectivement au mode de pensée de la majorité de nos ministres, on ne s'étonnera pas du niveau lamentable de l'éducation publique en Israël et de la quasi obligation parentale de tenir leurs enfants le plus éloignés possible des écoles publiques. Ces ministres sont un danger pour l'État israélien et pour ses citoyens.
 
Ces messieurs semblent l'avoir oublié, mais le rôle de l'État est avant tout de protéger les individus qui vivent à l'intérieur de ses frontières. À ce sujet, l'État d'Israël possède un triste passé. Des citoyens avec lesquels on joue comme des ballons de football (on les encourage à aller vivre à Gaza pour les en faire partir quelques années plus tard), qu'on n'arrive pas à protéger des missiles lancés – justement – de Gaza (qui désire aller vivre à Sdérot ?), qu'on laisse de plus en plus vivre dans la pauvreté… La liste est longue et les ministres et députés l'oublient souvent, dans leurs beaux bureaux et voitures de fonction. Honte à eux.
 
Ainsi, il est de la responsabilité de l'État de nous protéger lorsque le danger se situe au coin de la rue. Cela est le cas – par exemple – en ce qui concerne la drogue. Ces ministres se sont-ils posé la question pour en connaître la raison ? Ici, point de “gardes révolutionnaires” ou de “gouvernement attentif aux valeurs de la démocratie.” Plutôt, la drogue est un danger et il est de la responsabilité de l'État d'en interdire son usage.
 
Il en va de même avec la conduite en état d'ivresse. Ici aussi l'État n'hésite pas à nous dire ce qui est permis de faire et ce qui ne l'est pas. Conduire en état d'ébriété est un danger pour la société et il est tout à fait normal que l'État l'interdise.
 
La pornographie est un danger
 
Nous apprenons de cela que si le gouvernement ne désire pas intervenir pour interdire la pornographie, c'est qu'il ne la définit pas comme un danger. Il est regrettable de voir un pays être dirigé par de telles personnes. On ne compte plus les études sur la présence de la pornographie sur Internet et sur le nombre – toujours croissant – d'enfants qui ont été exposés à du matériel obscène. Les spécialistes connaissent également les effets dévastateurs sur les jeunes esprits des images et des films pornographiques.
 
Le danger de la pornographie ne s'arrête pas aux enfants. Chaque année, le nombre de divorces causé par une consultation obsessive – par le mari – de matériel pornographique sur Internet est en nette augmentation. Dans tous les pays, ce sont de plus en plus de couples et de familles qui sont ainsi brisés. Les femmes perdent leur mari et les enfants leur père et leur innocence. Honte à ces ministres qui ne désirent pas faire leur travail !
 
Existe-t-il un seul aspect positif à la pornographie pour que son existence soit autorisée dans un pays normal ? Quelle personne peut affirmer que les enfants ne sont pas durablement marqués par ce matériel lorsqu'ils ne manquent pas de le découvrir ? Quel esprit sain peut trouver une seule raison à rendre permise une activité que même les animaux ne partagent pas ?
 
La vérité est que nous vivons au sein d'une société qui désire se laisser aller à ses désirs les plus abjects et qui rabaissent les êtres humains à un niveau inférieur à celui des bêtes. Le sexe tient une place omniprésente dans nos sociétés. De l'industrie du sexe à proprement parler – qui s'adresse aux instincts les plus bas de l'homme – à la publicité – qui utilise le corps des femmes d'une façon abusive – qui peut vivre une seule journée sans apercevoir une partie d'un corps qui n'aurait jamais dû être dévoilée ?
 
Le message envoyé par les ministres israéliens possède une seule qualité : celui de nous mettre en face de la réalité dans laquelle nous vivons. Nous ne désirons pas nous séparer d'un comportement honteux et nous sommes prêts à faire payer le prix élevé de nos obsessions à nos propres enfants.
 
La génération de Noé a disparue à cause de ses mœurs. À une époque où il devient criminel de dire que l'homosexualité est une anomalie et où nous ne désirons pas tout faire – y compris des lois – pour protéger nos enfants de la pornographie, il semble que notre fin soit proche. 
 
 
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