Le vieux Charlie

Quel était le secret de la prospérité de cette ville ? Comment tout le monde réussissait-il à s’entendre avec tout le monde et pourquoi les gens aimaient-ils s’y rendre ?

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 14.03.21

Tout le monde en ville aimait le vieux Charlie. Il n'était pas si vieux – peut-être au milieu de la cinquantaine – mais personne ne pouvait se souvenir d'une époque où le vieux Charlie n'avait pas occupé son poste de gardien à l'entrée de la ville…

Pourquoi fallait-il un gardien à l’entrée de la ville ?

Si vous viviez dans une ville sans crime, sans maladie, sans dispute ni querelle, sans pauvreté et pleine de citoyens heureux, jeunes et vieux, vous voudriez que cela reste ainsi, et vous voudriez empêcher tout élément indésirable d'entrer dans votre ville. C'était le secret de Charleville. Depuis la fondation de la ville, un gardien surveillait son entrée et filtrait les gens qui y entraient. Charlie était le gardien de la cinquième génération, comme son père, son grand-père, et son arrière-arrière-arrière-grand-père avant lui. Le gardiennage était une tradition familiale qui leur avait réussi. Comme la ville n'avait pas à payer de shérif ou de forces de l’ordre, elle pouvait se permettre de payer un bon salaire au gardien. Comme il n'avait pas de soucis financiers, il pouvait se concentrer sur son travail, qu'il faisait avec dévouement. Tout le monde savait que la prospérité de la ville était, en grande partie, due au gardien.

Charleville se trouvait dans une belle région vallonnée entre deux grandes villes. La plupart des gens qui passaient par Charleville se dirigeaient vers l'une de ces deux villes, mais ils s'arrêtaient à Charleville pour manger ou passer une nuit sur la route.

Charlie saluait chaque visiteur. « Comment allez-vous, cher étranger, » lançait-il avec un sourire chaleureux. « Que puis-je faire pour vous ? » L'étranger s'informait toujours sur les services que Charleville offrait aux voyageurs – les auberges, les restaurants ou les stations-service. « Comment sont les gens, à Charleville ? » demandait invariablement l'étranger.

A quoi Charlie répondait, « Comment sont les gens dans votre ville, mon ami ? »
Certaines personnes répondaient : « D'où nous venons, il faut être prudent, les gens ne sont pas si amicaux, ils vous écrasent s'ils en ont l’occasion, c’est chacun pour soi et D.ieu pour tous. »
« Vous n'aimerez pas Charleville, » leur répondait alors Charlie. « Désolé de vous le dire, mais vous vous rendrez vite compte qu’ici, les gens se comportent de la même façon, vous feriez mieux de retourner sur l'autoroute principale et dans vingt minutes, vous arriverez à Everton… »

D'un autre côté, d'autres personnes répondaient à Charlie : « Les gens de chez nous sont vraiment amicaux, ils sont gentils et se soucient les uns des autres. » D’un large sourire, Charlie leur ouvrait la vieille porte de bois de la ville et leur réservait un accueil chaleureux.

« Vous allez adorer Charleville » leur disait Charlie. « Notre ville est cordiale, la nourriture et le logement sont merveilleux et les prix sont très raisonnables, profitez de votre séjour ici. » Invariablement, ces visiteurs tombaient amoureux de Charleville et se faisaient un point d'honneur de s’y arrêter chaque fois qu’ils étaient dans le coin.

Pourquoi ? Comment ? Charlie et les gens de Charleville connaissaient le secret qui se transmettait de génération en génération dans leur ville. Si les visiteurs n'aimaient pas les gens de leur propre ville natale, alors où qu’ils aillent, ils n'aimeraient pas non plus les habitants, y compris à Charleville.
Mais, s'ils aimaient les gens de leur propre ville, ils tomberaient certainement amoureux des gens particulièrement sympathiques de Charleville.

Il y a un autre secret contenu dans ce secret : quand une personne s’aime elle-même, elle aime tout le monde. Quand elle ne s'aime pas, elle n'aime personne d'autre. En tant que tel, les gens qui n'aimaient pas les gens de leur propre ville étaient des gens qui ne s’aimaient pas eux-mêmes. C'est pourquoi Charlie les renvoyait gentiment sur la route et ne les laissait pas entrer en ville.

Partout où vous avez des gens qui s’aiment eux-mêmes, on aime aussi les autres. De telles personnes sont d’excellents conjoints. Elles sont heureuses de leur sort dans la vie, donc elles ne volent, ne se battent ou ne se disputent pas.

Ne serait-ce pas agréable si nous pouvions transformer notre communauté ou notre maison en Charleville ? Bien sûr que oui, mais nous devons commencer par être comme Charlie – nous aimer nous-mêmes et être satisfaits de notre sort dans la vie. De cette façon, nous pouvons aimer tout le monde.
Si vous me demandez pourquoi Machia’h n'est pas encore là, c'est probablement parce qu'il n'a pas encore trouvé Charleville sur la carte. Construisons-la pour lui !

Traduit par Carine Rivka Illouz
 

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