Vive les différences !

Notre exil prend de nombreux visages : antisémitisme, assimilation… Un de ces visages est notre difficulté à définir ce que désire D-ieu de nous.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

 

Quelques fois, la Tora semble nous filer entre les doigts. Voilà un Rav qui nous apprend qu'une chose est permise, tandis qu'un autre nous dit qu'elle est interdite. Une communauté à l'habitude d'agir d'une façon spécifique, tandis qu'une autre proscrit le même comportement. Les uns portent des jeans, d'autres des manteaux noirs… Même si D-ieu est Un et que la Tora est une, le moins que nous puissions dire est que la diversité se porte bien au sein du peuple d'Israël. Pour quelle raison ?
 
La question serait tout au plus intéressante s'il ne s'agissait de quelque chose de plus grave. Combien de fois sommes-nous tentés de penser que les autorités rabbiniques feraient bien de savoir où elles en sont pour nous guider. À droite ou à gauche, devant ou derrière, en fin de compte nous ne savons plus où aller et nous commençons à douter de la réelle valeur de nos guides spirituels. Ceci est exactement ce que désire le yetser hara' (le mauvais penchant).
 
Rien n'est anodin
 
Dans la vie, les coïncidences n'existent pas. La chance – ou son absence – le hasard ne sont pas de ce monde. Là où nous croyons les voir, nous repoussons D-ieu au-delà des limites de notre monde, que D-ieu nous préserve. Ainsi, lorsque nous remettons en cause le savoir de nos dirigeants, nous jouons le jeu du mauvais penchant. Croire que ces idées nous viennent à l'esprit d'une façon naturelle est enfantin et fait preuve de notre part d'une méconnaissance complète du monde dans lequel nous vivons.
 
La question n'en reste pas moins valable : dans la mesure où D-ieu est Un et la Tora une, pour quelle raison autant de différences d'opinion ? Pourquoi ne pourrait-on pas recevoir une vision claire et dénuée de doutes sur le chemin que nous devons emprunter pour nous rapprocher du Maître du monde ?
 
La réponse à cette question est double. La première raison est le prix à payer de notre exil. Ne déplaise à certains, la fin de l'exil n'est pas encore arrivée et c'est chaque jour que nous payons le prix de sa durée interminable. La deuxième raison est la volonté de D-ieu de nous tester et de mettre à l'épreuve notre résolution de suivre Ses commandements.
 
Si nous parvenons à comprendre ce qui suit, nous aurons accompli un grand pas dans la bonne direction du respect d'une mitswa importante : notre foi en nos Sages (émounath 'hakhamim) et d'un principe fondamentale dans notre relation avec Hachem : l'émouna (la foi).
 
La foi en nos Sages (émounath 'hakhamim)    
 
La foi que nous plaçons en nos Sages n'est pas toujours une mitswa facile à respecter. Avant tout, il nous faut préciser que “nos Sages” fait référence à tous les Sages du peuple juif. Cela peut sembler évident, mais de nombreuses personnes croient que l'expression “nos Sages” fait référence à ceux qu'elles suivent généralement dans le domaine de la halakha (loi juive). Selon ces personnes, un Rav achkénaze – si elles sont séfarades – ne fait pas partie de leurs Sages.
 
Rappelons qu'un Sage d'Israël est une personne qui suit les commandements de D-ieu et qui détient une certaine autorité auprès d'un groupe de personnes. Peu importe si nous écoutons ce Sage ou non, il est Sage, au-delà du moindre doute. Dans le domaine de la halakha, l'exil du peuple juif explique le plus souvent les différences d'opinion. C'est pour cela que les séfarades suivent le plus souvent des posqim (décisionnaires de la loi juive) séfarades, tandis que les achkénazes suivent des posqim achkénazes.
 
Les deux milles ans d'exil ont eu le temps de creuser les différences entre les uns et les autres. La vie en Afrique du nord ne ressemble guère à celle dans les pays de l'est. Les questions posées différaient souvent, autant que les réponses appropriées qui étaient données. Les générations ont passé et les différences se sont accumulées, au point qu'il n'est certainement pas une bonne idée pour un juif de se procurer un livre de halakha sans se poser la question de l'origine de son auteur.
 
On peut regretter cela, mais il s'agit du prix à payer pour notre exil. En voyage, nous ne nous attendons jamais à rencontrer le confort douillet de notre maison. Si nous aimerions rencontrer ce confort dans le domaine de la halakha – et que nous nous étonnons de son absence – c'est que nous avons oublié que nous vivons en exil. La prochaine fois que nous déclarerons “l'année prochaine à Jérusalem”, nous pourrons le faire en versant un peu plus de larmes.
 
Les conséquences de l'exil ont été exposées – déjà – dans la Guémara Chabath (108b) : “Viendra le jour où le peuple juif cherchera à connaître la halakha, sans y parvenir.” Notre exil prend de nombreux visages : antisémitisme, assimilation… Un de ces visages est notre difficulté à définir avec clarté et au-delà de tout soupçon ce que désire D-ieu de nous.
 
Nous comprenons maintenant pourquoi notre foi en nos Sages doit être à toute épreuve. Peu importe les différences d'opinions, il s'agit des paroles du D-ieu vivant et nous devons afficher notre respect infaillible à leurs égards. Dans la pratique, nous suivons tel ou tel Rav, tel ou tel posqim, mais nous devons faire extrêmement attention à ne pas jeter l'opprobre sur ceux qui partagent un avis différent de celui de “notre” Rav.
 
Afin de nous montrer le chemin à suivre pour arriver à un tel respect, il est conseillé de lire spécifiquement la littérature de ces grandes autorités. Le respect qu'elles affichent pour les auteurs d'opinions contraires à la leur est une véritable cure de vitamines spirituelles. Combien de fois échouons-nous lamentablement de suivre leur exemple ?      
 
Croire en D-ieu
 
La difficulté à afficher une émouna sans faille envers nos Sages – tous nos Sages – sert justement de test au Maître du monde. Celui-ci jauge à notre comportement face à de telles disputes halakhiques notre véritable émouna envers Lui. Si nous n'oublions pas que l'émouna commence là où s'arrête la raison, c'est précisément lorsque nous avons toutes les raisons de suivre les décisions de notre Rav que nous devons également louer les décisions contraires des autres ! Voici une grande preuve d'émouna.
 
Les séfarades commencent à réciter les Séli'hoth au début du mois juif d'éloul, tandis que les achkénazes commencent seulement une semaine avant Roch Hachana (le jour de l'an juif) ? Les deux groupes ont raison ! Chacun suit les décisions de leurs posqim qui représentent l'héritage historique de leur exil particulier.
 
Les séfarades mettent leur téfilines en position assise, tandis que les achkénazes le font en position debout ? Cherchons à enrichir notre savoir et à en connaître les raisons ! À Pessa'h (la Pâques juive), les séfarades consomment le riz, tandis que les achkénazes s'en tiennent éloignés ? Respectons les différentes raisons données par les uns et les autres…
 
Nous l'aurons compris : nous devons tout faire pour nous tenir éloignés des querelles vaines et des transgressions que nous commettons le plus souvent en nous y mêlant. Que de paroles désobligeantes avons-nous prononcées à l'encontre des Sages d'Israël ! Il serait bon de ne pas l'oublier en ce mois où nous nous préparons pour le Jour du jugement.
 
Pour conclure, nous conseillons à toutes les personnes qui désirent réellement voir la fin de cette situation difficile d'en emmener la conclusion plus vite. Elles peuvent faire cela en faisant plus de mitswoth, plus de prières, plus de bonnes actions… C'est cela qui fera venir plus vite la fin de notre exil et c'est cela que nous pouvons tous faire, sans exception.   
 
 
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