Lorsque j’ai commencé à parler à D-ieu

Si je passe un jour sans faire hitbodédouth, je sens mon anxiété augmenter et je sais que je suis plus grincheuse, triste et irritable...

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Rivqa Levy

Posté sur 06.04.21

Cela peut paraître étrange, mais lorsque j'habitais à Londres, même si je respectais déjà le Chabath, que je mangeais kacher, que je donnais le ma'asser (10% de mes revenus à la tsédaqa) et que j'envoyais mes enfants dans une école religieuse, je ne ressentais pas l'existence d'une relation spécifique entre Hachem et moi-même. 

Je ne suis pas certaine de savoir pour quelle raison ma vie avait évoluée pour en arriver là. Lorsque j'étais plus jeune, il me semble que je parlais à Hachem tout le temps. Cependant, au fil des années, ma vie se remplit d'une myriade de contraintes et de tensions (dont la plupart était le fruit de mon imagination) et parler à D-ieu devint une activité du passé.
 
Même à cette époque – tandis que je vivais encore à Londres – j'étais la première à admettre qu'il me manquait quelque chose. Néanmoins, une espèce de barrière invisible et insurmontable semblait s'être dressée entre le Créateur et moi.
 
Avec le recul que le temps permet d'avoir, je réalise maintenant que les plus grosses pierres qui formaient mon obstacle étaient dues à mon arrogance, au fait que ma vie matérielle se déroulait à la perfection. De fait, je pensais que grâce à mon courage à ne pas baisser les bras, à mon intelligence et à mes capacités, j'avais toutes les raisons de rencontrer le succès dans ma vie (suis-je la seule à avoir pensé ou à penser encore de la sorte ?)
 
Je commettais l'erreur de croire que je contrôlais ma vie et que mon succès était proportionnel aux efforts que je faisais dans ma vie matérielle. Je raisonnais ainsi : ces efforts justifient que je n'ai plus le temps de parler à Hachem.
 
C'est lorsque nous décidâmes – mon mari et moi – de partir vivre en Israël que les choses prirent une autre tournure. Nous étions partis avec suffisamment d'argent pour avoir – pensais-je – une vie confortable. Grâce à D-ieu, le Maître du monde me rappela à l'ordre et me fit preuve d'une bonté immense qui – petit à petit – brisa le mur d'arrogance que j'avais construit autour de moi.
 
En l'espace de quelques mois, le commerce que j'avais ouvert et qui était florissant commença à avoir des difficultés ; mon mari perdit l'emploi qu'il avait trouvé et qui lui offrait un salaire généreux. Ainsi, nous étions passés en moins de temps qu'il ne faut pour le penser, d'une famille aisée à une famille qui rencontre des difficultés pour payer la facture de l'épicerie.
 
Hachem fit que nos amis devinrent plus rares et même inexistants. Ceci nous força – en quelque sorte – à devoir nous tourner vers Lui pour trouver une oreille attentive. Nos projets d'avoir d'autres enfants s'arrêtèrent soudainement ; ceci fut pour moi le plus grand signe qui m'indiquait que je n'étais pas maître de ma propre destinée.
 
Nous fûmes obligés de vendre notre maison pour couvrir nos dettes. Nous allâmes vivre dans une nouvelle ville. Située à 15 minutes du Mur des Lamentation, à 10 minutes de la tombe de Ra'hel et à 20 minutes de la Tombe des Patriarches à 'Hévron, nous étions bien entourés !
 
Hachem nous montra de beaucoup d'autres façons Sa gentillesse à notre égard, mais je pense que vous comprenez suffisamment la situation. Après ma première année en Israël, je me sentais toute petite, incroyablement pathétique et ne pas être à ma place là où je vivais. Ma vie était un fiasco total.
 
J'avais l'impression que mon rôle dans la vie avait changé : j'étais habituée à remplir les lignes des carnets de mes succès dans ma vie. Maintenant, j'avais besoin des mêmes carnets, mais pour y écrire tous mes échecs. Chers lecteurs et lectrices, ceci est la meilleure chose qui m'arriva dans ma vie. De fait, ma nouvelle situation me donna le coup de pouce dont j'avais réellement besoin pour me débarrasser de mon yetser hara' (mon mauvais penchant). Cela me permit de commencer vraiment à parler à Hachem.
 
Au début, il me fut difficile de rétablir le contact. Je réussissais à parler cinq ou dix minutes lorsque je le pouvais. Les paroles que je prononçais alors ne laissaient pas beaucoup de place à la gratitude que je devais montrer à D-ieu. Plutôt, j'exprimais ma douleur, ma colère et mon découragement.
 
Cependant, Hachem montra qu'Il était patient avec moi. Au fils des jours, mes discussions s'allongèrent et se remplirent petit à petit de joie. Après seulement une semaine, je sentais que le fardeau des épreuves commençait à se faire plus léger. L'ironie est que ma situation s'aggrava encore, avant de finir par s'améliorer un peu. Malgré tout, je faisais face à la réalité avec beaucoup plus de vitalité et d'entrain qu'auparavant.
 
Je commençais à voir une lueur d'espoir et à réaliser qu'en fait, Celui qui a créé la situation dans laquelle j'étais pouvait – en un clin d'œil – en changer entièrement la nature, dès qu'Il aurait estimé qu'elle avait atteint son objectif initial.
 
Tout ce dont j'avais besoin était de parler à Hachem.
 
La situation de chaque personne est différente de celles des autres. En ce qui me concerne, je suis mère de deux jeunes enfants et je travaille durant la journée. Ainsi, le moment idéal pour parler à Hachem se révéla être celui… où je faisais la vaisselle. Pendant ce temps-là, mes enfants me laissaient toute seule. Même les jeunes enfants peuvent voir lorsque vous êtes vraiment occupés aux tâches ménagères. Avoir mes mains occupées signifiait avoir plus de facilité à sortir les mots de ma bouche.
 
Pendant les premiers mois, j'étais satisfaite de pouvoir consacrer 20 minutes à ma prière personnelle. De plus, je ne perdais jamais l'occasion de parler à Hachem chaque fois que le besoin se faisait pressant. Après notre déménagement – et mes visites plus régulières aux places saintes – mon hitbodédouth durait 45 minutes. Cela dura deux années.
 
Rabbi Na'hman de Breslev a écrit qu'hitbodédouth doit durer une heure. Cependant, il m'était impossible d'atteindre cette durée sans devenir nerveuse. Je sentais que pour moi, cela était trop.
 
Cependant, la patience, les prières et la persévérance sont les clés du succès. La période cruciale fut pour moi la guerre de Gaza. Je me souviens du jour où j'étais assise aux côtés du tombeau du prophète Chmouel, en périphérie de Jérusalem. Je venais d'entendre qu'une erreur militaire avait causé la mort de treize soldats israéliens. Le plus souvent, je ne lis pas les journaux ; les titres me suffisent en général. Cette fois-ci, voir le nom des soldats tués – y compris celui qui venait de se marier et venait d'avoir une petite fille – fut un véritable choc.
 
Les larmes se mirent à couler de mes yeux, sans devoir s'arrêter. Je pleurais sur la tombe du prophète Chmouel pour ce pauvre soldat qui ne verrait jamais sa fille grandir. Je pleurais pour sa femme et pour toutes les difficultés auxquelles doit faire face le peuple d'Israël.
 
Ce jour-là, je parlai une heure à Hachem, sans faire une seule pause. Pour moi, cela était une première.
 
Depuis ce jours-là, j'ai pris l'habitude de remercier Hachem pour me permettre de Lui parler une heure chaque jour. Je Le remercie également pour m'aider à pouvoir Lui parler de nouveau le lendemain, car même si cela est devenu plus facile avec le temps, ce dialogue doit toujours faire face à des épreuves. Mon yetser hara' sait parfaitement que faire hitbodédouth me procure une dose importante de joie, de tranquillité d'esprit et de sérénité. C'est pour cette raison qu'il essaie toujours de me tenter à trouver une tonne de raisons pour rater ma séance quotidienne : la fatigue, mes occupations nombreuses, n'avoir rien à dire…
 
Les jours où j'écoute mon yester hara', je le regrette toujours. Si je passe un jour sans faire hitbodédouth, je sens mon anxiété augmenter et je sais que je suis plus grincheuse, triste et irritable.
 
C'est précisément dans des moments comme ceux-là que je me saisis de ma tasse de thé et que je vais m'asseoir – dans mon jardin – sur la chaise que j'ai réservée à hitbodédouth. Je mets en marche le minuteur de mon four pour une heure et je dis à mes enfants que je parle à Hachem jusqu'au moment où ils entendront la sonnerie du minuteur.
 
Neuf fois sur dix, mes enfants sont contents de me voir faire hitbodédouth. Ce sont les premiers à se rendre compte de la différence dans mon comportement entre les jours où j'ai passé une heure sur ma chaise et les jours où je ne n'y suis pas allée.
 
La plupart des jours, mon dialogue dure 50 minutes et les 10 minutes restantes, je suis silencieuse.
 
Si vous commencez seulement à essayer à parler à Hachem – ou peut-être que vous n'êtes même pas allé si loin – la seule chose que vous devez vous souvenir est qu'“un peu est aussi bien.” Même si vous ne pouvez consacrer qu'une minute ou adresser qu'une seule phrase à D-ieu, cela est mieux que rien. De plus, si vous persévérez, votre relation avec Lui s'approfondira d'autant plus.
 
Hachem accorde beaucoup d'importance à nos efforts et pas seulement à l'aspect concret qui résulte nos actions elles-mêmes. Commencez à parler à Hachem et demandez-Lui de vous aider. Peu importe où vous vous trouvez dans le monde et ce que vous y faites. Arrêtez-vous un instant et commencez à prier ; réellement.

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