Un cœur de chair

Notre cœur tient une grande place dans notre réussite spirituelle. Si nous sentons au fond de nous l'envie de crier devant nos bêtises, cela signifie ...

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Yits'haq Steinberg

Posté sur 06.04.21

Avez-vous déjà reçu quelque chose – qui soit réellement pour votre bénéfice – sans l'avoir demandé ? La réponse a de grandes chances d'être négative. De fait, nous sommes habitués-es à recevoir un nombre incalculable de propositions (d'achat, d'abonnement, en d'autres termes : d'endettement) qui ont un seul objectif : enrichir le demandeur. Cependant, lorsqu'il s'agit de notre véritable bienfait, nous savons qu'il faut le plus souvent faire le premier pas et écrire, se déplacer ou taper à la porte d'un bureau pour recevoir ce que nous désirons.

Une relation avantageuse
 
Nul ne peut douter que notre relation avec D-ieu est à notre avantage. Qu'a à faire de nous le Maître du monde ? De quelle façon pourrions-nous Lui être indispensables ? D'autre part, c'est Hachem qui décide de la nature des évènements qui font la vie de chacun-e d'entre nous et – plus important encore – c'est également Lui qui décide ce qui se passera après notre mort.
 
Ainsi, nous avons intérêt à réaliser que nous possédons toutes les bonnes raisons à nous adresser à Hachem pour nos innombrables besoins. Qu'on y songe : de la santé à un revenu décent ; de la paix conjugale à l'éducation de nos enfants… les sujets ne manquent pour formuler nos demandes ! Serions-nous muets-tes lorsqu'il s'agit de sujets aussi vitaux ? Si tel était le cas, nous serions les premiers fautifs-ves de nos difficultés, que D-ieu nous préserve.
 
Ceci est une règle fondamentale trop souvent oubliée dans notre monde : c'est en nous adressant au Créateur – et en exprimant notre volonté et notre désir qu'Il vienne à notre aide – que nous pouvons espérer obtenir ce qui nous fait défaut. Prenons l'exemple d'une personne qui désire se débarrasser d'un trait négatif de caractère (la colère, l'avarice…). Si cette personne s'attend à s'améliorer nettement et longuement sans l'Aide divine, elle ne possède aucune chance de voir ses efforts couronnés de succès.
 
Ce qui est vrai pour nos traits de caractère l'est aussi pour tous les autres types de demandes : obtenir un gagne-pain digne de ce nom, rencontrer le succès dans nos études (religieuses ou laïques), trouver le-la conjoint-e idéal-e… Il n'existe rien que nous pouvons obtenir sans l'accord préalable du Ciel. Nous devons réfléchir s'il est vraiment de notre intérêt de vouloir jouer au plus malin et d'espérer obtenir ce que nous désirons par un raccourci connu de nous seuls.
 
Il est certainement plus intelligent de se tourner vers D-ieu et de Lui exposer nos déficiences, nos problèmes, nos manques… Lorsque nos demandes viennent du fond du cœur et que nous sommes sincères dans nos efforts pour nous rapprocher d'Hachem, une réponse positive est souvent la conclusion d'une suite de prières dans lesquelles nous avons laissé parler notre cœur. La chose que D-ieu aime le plus de Ses créatures est qu'elles se tournent vers Lui avec les larmes aux yeux. Lorsque nous réalisons cela, nous jouons à la perfection le rôle qui nous a été confié à notre naissance.
 
Soyons ambitieux !
 
Il existe une différence fondamentale entre les demandes que nous formulons auprès de nos contemporains et celles que nous réservons à D-ieu. Pour les demandes du premier type, il est souvent conseillé d'être réaliste et de ne pas demander les étoiles. Ainsi, la personne qui désire une augmentation de salaire ne sera pas réellement prise au sérieux si elle demande le doublement de sa rémunération ! Plutôt, c'est à elle de savoir les limites qu incombent à ce genre de demandes : ses propres qualités au travail, la santé financière de l'entreprise pour laquelle elle travaille, la situation du marché du travail…
 
Il en va autrement avec les demandes que nous adressons à Hachem. Dans ce cas, il est important de demander l'idéal – ne plus être colérique, penser tout le temps à D-ieu, être un père parfait… – en sachant que nous pourrons seulement nous rapprocher cet objectif, sans jamais pouvoir vraiment l'atteindre. Cette différence entre l'objectif et la réalisation est supposée nous donner une certaine dose d'encouragement : en constatant le chemin qui nous reste à parcourir, nous aurons plus de facilité à désirer poursuivre nos efforts.
 
Cela serait différent si nous demandions peu ou le facilement réalisable. Dès l'objectif atteint, il en serait fait de nos efforts de nous améliorer !
 
Si nous adoptons une attitude volontaire et remplie d'enthousiasme, nous ne serons pas les seuls-es bénéficiaires de notre optimisme. De fait, les personnes de notre entourage seront également inspirées par notre détermination. En nous voyant afficher notre joie à servir D-ieu, nous les influençons à trouver la joie dans leur Service divin. Cet aspect de notre relation avec le Ciel n'est pas la moindre.
 
En quelques lignes, nous avons décrit l'attitude souhaitée et attendue par le Créateur pour Ses créatures. Tournées vers Lui, réalisant que leurs besoins trouveront leur satisfaction grâce à l'aide céleste, multipliant les requêtes… les créatures de D-ieu justifient de la sorte l'existence du monde. Tout écart de cette ligne tracée pour nous, nous fait dévier de notre tâche idéale.
 
Un cœur de chair
 
Un des obstacles les plus fréquents que nous rencontrons dans notre rapprochement de D-ieu est notre cœur et son insensibilité. Combien de fois nous sommes-nous écriés-es : “Après tout, si j'ai fauté, ce n'est pas vraiment ma faute : je ne suis pas un-e saint-e et D-ieu ne peut pas me demander d'être parfait-e !”
 
Cette réaction serait adéquate si elle nous évitait de sombrer dans la tristesse et la mélancolie face à nos nombreuses fautes. Cependant, elle est dangereuse lorsque nous nous en servons pour justifier une baisse de régime de notre part.
 
Soyons honnêtes : Hachem attend de nous ce que nous pouvons faire. Rien ne sert de se sentir découragé de ne pas être l'érudit de notre quartier ou le saint de la génération : nous ne sommes pas eux ! D'autre part, il est souhaitable que nous parvenions à atteindre le niveau que notre potentiel nous permet d'atteindre.
 
Notre cœur tient une grande place dans notre réussite spirituelle. Si nous sentons au fond de nous l'envie de crier devant nos manques et nos bêtises, cela signifie que nous avons un cœur de chair, un véritable cœur. Cependant, si nous avons souvent tendance à sortir le prétexte du : “Je ne suis pas un-e saint-e !” pour justifier une faute faite – ou pire, une faute à faire – nous avons certainement un cœur de pierre. Dans ce cas, c'est contre lui qu'il faudra concentrer nos efforts pour avancer dans notre cheminement spirituel.
 
Être honteux de nos fautes et de nos défauts pour pleurer devant D-ieu est une qualité sainte. Sentir de la rancœur ou de l'amertume face à nos erreurs est un sentiment inspiré par les forces du mal. L'objectif de ces forces – qu'on nomme également les “forces de la mort” – est de nous éloigner du Divin, en utilisant tous les moyens dont elles disposent.
 
Notre moral est une arme puissante pour devenir – enfin ! – spirituels-les. Les forces du mal savent pertinemment qu'un moral au plus bas signifie la fin de toutes les avancées vers le Ciel. A-t-on déjà vu une personne exténuée s'atteler à un problème intellectuel compliqué ? Fatigué, l'être humain n'est bon à rien et certainement pas à penser à Hachem.
 
Ainsi, peu importe que nos fautes et que nos erreurs soient nombreuses : si nous ressentons un sentiment de gêne en ayant fait ce que nous avons fait, nous sommes sur la bonne voie !

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