Vouloir être joyeux-se

Être simple, c'est se réjouir du fond de notre cœur d'avoir prononcé une prière, même courte, afin de remercier D-ieu de nous avoir donné la vie.

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

La joie est un axiome d'une vie synonyme avec succès. En son absence, c'est notre mode de fonctionnement qui est mis en question. Si nous comprenons cela, il nous sera donné d'apprécier la joie à sa juste valeur. Plutôt que d'être un style de vie préférable, elle deviendra une obligation vitale pour chacun-e d'entre nous et nous ferons tous les efforts nécessaires afin de ne pas nous en séparer. En la matière, la joie peut être comparée à l'air : dès que nous sentons sa raréfaction, nous suffoquons et le cherchons de toutes nos forces. Nous devons agir de même avec la joie : dès qu'elle semble nous échapper, nous devons lui courir après, la pourchasser dans une course pour la vie, notre survie.

La différence importante entre l'air et la joie est que nous ignorons le plus souvent où se trouve celle-ci. Partant, il devient possible de la chercher dans les biens matériels que notre richesse relative met à notre portée. Si les magasins sont bondés en fin de semaine, ce n'est pas seulement parce que nous pensons avoir un réel besoin d'acheter ; plutôt, après une semaine entière passée à travailler, nous désirons nous faire plaisir en “allant faire les magasins.” La joie est ainsi liée au porte-monnaie ; malheur aux personnes dont le leur est mince : leur capital de joie risque de s'évaporer dès la première fin de semaine venue ! Il existe une autre forme de joie qui se trouve dans des plaisirs plus sensuels, plus immoraux. Quelle force nous faut-il pour ne pas y tomber !

Il existe un autre chemin pour vivre la joie : celui qui nous aide à redevenir des êtres simples qui trouvent leur bonheur dans la réalisation des mitswoth (commandements) que D-ieu nous a données. Nous l'admettons, cela n'est pas facile. La simplicité est sans doute l'attribut le plus sophistiqué qu'il nous faut acquérir afin d'être véritablement joyeux-se. C'est également un attribut qu'il faut désirer ardemment ; le monde dans lequel nous vivons en est un d'artifice et il est de bon ton d'afficher sa culture générale. Peu importe si celle-ci ne nous sert à rien, à l'exception de montrer aux autres que nous ne sommes pas ignares Ainsi, la personne qui désire rester simple est vite considérée comme… simpliste, simplette.

Pourtant, si nous considérons à sa juste place l'importance de la culture générale par rapport à la qualité intrinsèque de la personne, nous ne devrions pas avoir de difficulté à reconnaître que la première ne devrait pas nous attirer outre mesure par rapport à la seconde. Qu'on y songe un instant : notre grand-mère, ou arrière-grand-mère, avaient-elles une culture générale très étendue ? Sans doute pas ; il se pourrait même qu'elles n'aient su ni lire ni écrire. Cependant, nous gardons certainement en mémoire leur gentillesse, leur dévouement, leur abnégation.

L'histoire est racontée de la mère d'un Rav qui venait de décéder. Celui-ci se rend au domicile de sa défunte mère où des nombreuses femmes étaient venues lui rendre un dernier hommage. L'immense majorité des femmes présentes n'étaient pas religieuses ; toutes étaient là en reconnaissance d'un service rendu par la mère du Rav, en souvenir d'une parole de réconfort lorsque cela était utile… En voyant toutes ces femmes de la jet-society, chacune mieux habillée que l'autre et qui étaient passées par les meilleures écoles d'Israël, le Rav posa une question : “Qu'est ce qui vous a marqué le plus chez ma mère ?” La réponse fut unanime : sa gentillesse, son dévouement et sa joie de vivre qui semblait être sans fin. Ce sont ces traits de caractère qui leur faisaient considéraient la mère du Rav comme une personne exceptionnelle. Et le Rav de remarquer : vous toutes accordez certainement beaucoup d'importance à l'éducation de vos filles et envisageaient les plus hautes études universitaires pour elles. Pourtant, saviez-vous que ma mère ne savait pas lire ni écrire ? Pensez-vous pouvoir enseigner sa façon de vivre à vos filles ? Ce que vous trouviez de remarquable chez ma mère, prenez-vous toutes les armes pour l'inculquer à vos propres filles ?

Le prophète Néhémie l'a dit : “La joie en D-ieu est notre force.” (Néhémie 8:10). Ce qui nous distingue des autres peuples est que notre force véritable trouve sa source en D-ieu, c'est à dire dans la réalisation des commandements qu'Il nous a ordonnés. Ainsi, on devient joyeux-se en étudiant la Tora et en priant ; surtout en priant. Étudier les mots de D-ieu est n'est pas seulement un moyen de nous rapprocher de Lui, c'est également un moyen de faire naître un sentiment de joie dans notre cœur.

Nous dira-t-on qu'on a déjà étudié la Tora sans que la joie se fasse sentir immédiatement qu'on répondrait : lui avait vous donner la chance de se faire sentir ? Trop souvent, nous remplissons nos obligations envers D-ieu en traînant les pieds. Lorsque nous prions, si nous prions, le faisons-nous parce que nous y sommes obligés-es ou parce que nous voulons montrer à D-ieu que nous L'aimons ? Dans le premier cas, nous vissons le couvercle du bocal spirituel et la joie ne peut y entrer.

La joie dont nous parlons est la joie véritable. Celle-ci ne dépend pas de l'épaisseur de notre porte-monnaie, de notre physique, de notre statut social… Elle provient de notre volonté de faire ce qui est éternel : la volonté de D-ieu. Si nous possédons le désir de faire ce qu'Hachem attend de nous, nous nous libérons automatiquement de la pression des modes, de la richesse matérielle et autres artifices qui remplissent généralement notre vie.

Être simple c'est se réjouir du fond de notre cœur d'avoir prononcé une prière, même courte, afin de remercier D-ieu de nous avoir donné la vie. Nul besoin d'être un grand Sage, un érudit dans la Tora. De simples paroles de louanges comme : “Merci D-ieu de m'avoir fait juif-ve” sont la source d'un plaisir immense pour le Maître du monde. Si nous disons : “Merci D-ieu de m'avoir accordé la joie d'embrasser mes enfants”, nous faisons preuve d'un niveau extrêmement élevé de reconnaissance envers Hachem. Ceci est à la portée de tous et toutes et aucune connaissance préalable n'et exigée.

Cette simplicité est la foi parfaite. La personne qui se réjouit pour tout ce qu'elle possède, ainsi que pour tout ce qui lui arrive est un saint, une sainte.

Le plus important est d'être joyeux-se tout le temps. C'est parce que cela est une des formes les plus élevées de la foi, que le mauvais penchant rend ce sentiment si difficile à atteindre. C'est exactement pour cela que nous ne devons faire aucune concession : notre joie doit être constante, même si pour y parvenir nous devons quelques fois faire semblant. Chaque personne doit être prête à revêtir ses vêtements de premier rôle lorsque la joie désire la quitter. Immédiatement, nous devons prétendre, faire comme ci, jouer les plus fins, fines.

Les conséquences pratiques d'une telle attitude se ne feront pas attendre : c'est la vie entière qui prendre un nouvel aspect, une nouvelle perspective. Ce qui avait tendance à nous affecter nous touchera moins ; le sentiment de dépression que nous sentions souvent naître en nous disparaîtra peu à peu ; les angoisses pour ce qui semblait nous manquer feront plutôt place à la prise de conscience de ce que nous avons…

Si nous parvenons à maintenir le cap pendant une certaine durée, nous aurons également une grande influence sur notre entourage. Si nous désirons réellement la joie, nous le deviendrons un jour ou l'autre. En cas de persistance des symptômes de la dépression, nous devons multiplier notre résolution à rester joyeux-se. Ne baissons pas les bras, jamais

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