Ami dans l’âme

« C’est facile d’être ton ami, du moment que cela ne me coûte rien et ne m’éloigne pas de ma zone de confort. »

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 15.03.21

« C’est facile d’être ton ami, du moment que cela ne me coûte rien et ne m’éloigne pas de ma zone de confort. » Ce n’est évidemment pas un ami, et encore moins un véritable ami…
 

Les amis des beaux jours, s’ils étaient honnêtes, parleraient ainsi : « C’est facile d’être ton ami, du moment que cela ne me coûte rien et ne m’éloigne pas de ma zone de confort. » Ce n’est évidemment pas un ami, et encore moins un véritable ami.

La véritable amitié a un prix – cela s'appelle l'empathie, la capacité de ressentir l'autre personne, de savoir quand donner une tape dans le dos ou dire un mot d'encouragement. La véritable amitié signifie que vous sentez que la personne a besoin de vous et que vous êtes là pour elle. Vous n'êtes pas trop fatigué ou trop occupé. Un véritable ami paie le prix d'une véritable amitié, même si cela signifie rester assis toute la nuit pour aider ou écouter l'autre personne.
 

Sans surprise, les meilleurs conjoints et les meilleurs parents sont avant tout de vrais amis envers leurs partenaires et leurs enfants.

Voyons ce que dit la Torah à propos des vrais amis. « De Benjamin, il dit : "L'ami d’Hachem demeure à Ses côtés en toute sécurité ; il L'étreint toute la journée et réside entre ses épaules" (Deutéronome 33:12). Pourquoi Moïse appelle-t-il Benjamin, « l'ami d’Hachem » ? C'est un titre sans précédent dans la Torah. Comment Benjamin l'a-t-il gagné ?

Nos sages disent que le terme « ami » en hébreu, yedid, indique un lien entre deux personnes. En fait, le mot yedid vient de l'écriture du mot main en hébreu – yad – deux fois. Cela nous montre que les deux amis représentent une main et une main : ensemble, deux mains connectées, donnant, aidant. De plus, nous payons quelqu'un en mettant quelque chose de notre main dans sa main. Cela montre que l'amitié a un prix. La Torah nous enseigne ainsi les caractéristiques intrinsèques du véritable ami : être connecté, donner et aider.
 

Dans son amour intense pour Hachem, le célèbre kabbaliste Elazar Azikari (1533-1600) a composé son magnifique sonnet Yedid Nefech, « ami de mon âme », que nous chantons tous le Chabat. À la lumière de ce qui précède, cela convient particulièrement, car Hachem n’est rien d’autre que don et aide infinis.

Benjamin a payé le prix pour gagner son titre d' « ami d’Hachem ». Il a fait don de la terre de son héritage de tribu pour le Saint Temple. Il a donné sans arrière-pensées et sans attentes de recevoir quoi que ce soit en retour. Il a donné parce qu'il était l’ami d’Hachem. Il était prêt à payer le prix fort pour une telle amitié et il l'a fait avec joie.

Bien sûr, beaucoup de gens sont prêts à être nos amis tant que cela ne leur coûte rien et ne leur demande aucun effort. Ce n'est pas ce qu’on appelle un ami.

Lorsque le roi David félicite son meilleur ami Jonathan, qui est tombé au combat, il dit : « Je suis triste pour toi, mon frère Jonathan ; tu m’étais si plaisant ; merveilleux était ton amour pour moi, surpassant l’amour des femmes » (Samuel II, 1:26). Que voulait dire le roi David ?
 

Permettez-moi de vous l’expliquer par une parabole : l'héritier d'un milliardaire est sur le point d'hériter des actifs de son père – manoirs, sociétés, comptes bancaires, yachts – tout. L'héritier a un meilleur ami qu'il aime sans limite. Il dit au meilleur ami : « Tu feras un meilleur magnat des affaires que moi. Mon cher ami, je te donne tout mon héritage. » Avez-vous déjà entendu une chose pareille ?
 

Oui. Jonathan, en tant que fils aîné du roi Saül, était l'héritier du trône. Pourtant, il dit à David qu’il conviendrait mieux et renonce lui-même à son droit de régner. David demande à Jonathan : « Mon frère, d’où te vient cet amour pour renoncer à ton droit comme ça ? »
 

Jonathan répond : « C'est dans mes gènes ; c'est comme cela que ma mère – Rachel – a renoncé pour ta mère – Leah. Rachel aurait préféré mourir que d'embarrasser sa sœur bien-aimée, elle a donc renoncé à son mari la nuit de son mariage. C’est un véritable amour et une véritable amitié.

Nos sages nous disent que dans la vraie amitié, il n’y a pas d’arrière-pensées.

Pour être un bon parent, il faut être un véritable ami de l'enfant. Bien sûr, tout le monde veut un enfant intelligent, en bonne santé, calme, studieux, sportif, talentueux, charismatique, beau et sans problème. Tout le monde veut que les gens s’émerveillent et disent quel enfant merveilleusement brillant vous avez. Tout le monde veut le prestige d'avoir un tel enfant. Mais ça marche rarement comme ça.
 

Pourquoi êtes-vous contrarié par le fait que votre enfant soit en dehors du judaïsme pratiquant, parce que cela affecte vos autres enfants dans leurs présentations de mariage ou votre statut à la synagogue ? Ce comportement n'est pas être un ami. Avez-vous déjà fait pause, et réfléchi à ce qui contrarie votre enfant ? Peut-être que le professeur de votre fils l'a embarrassé devant les autres garçons en l'appelant « stupide » en cours de Guemara ; ou peut-être que les autres filles de l'école religieuse se sont moquées de votre fille ? Avez-vous déjà demandé à votre enfant ce qui le rend vraiment heureux ou triste ?
 

Peut-être que votre fils ou votre fille est rentré(e) à la maison avec les larmes aux yeux et voulait vous parler. Vous avez dit que vous étiez fatigué, occupé ou que vous parliez au téléphone avec votre copine du cours de gym. Vous lui avez dit de revenir plus tard, dans une heure.

C'est trop tard, papa, maman Aaron ou Mimi ont besoin de vous maintenant. Ils ont besoin d'un véritable ami, même prêt à s'endormir pour les écouter. C'est aussi ce dont les maris et les femmes ont besoin l'un de l'autre – être un véritable ami. C'est ce qu’Hachem est pour nous et c'est ce que nous devons être, au moins pour nos conjoints et nos enfants. Ce serait un bon début pour accomplir le commandement de la Torah d'aimer les uns et les autres comme nous nous aimons nous-mêmes.

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