Cinq minutes inestimables

Imaginez que vous gagnez à une loterie dont le premier prix est de passer cinq minutes à l'intérieur des coffres ouverts de la Banque de France : une pile de sacs vides vous attend et vous avez le droit d’en remplir autant que vous le pouvez avec autant d'argent que vous pouvez en transporter à l’extérieur par vous-même…

Perdriez-vous du temps à vérifier votre WhatsApp ou votre site préféré ? Laisseriez-vous quelqu'un détourner votre attention des liasses scellées de billets de cent euro, dont chacune vaut 10 000€ ? En aucune façon ! Même si vous ne pouvez transporter qu'un seul sac, mais que vous l'avez rempli de 100 liasses, vous gagnez 1 million d’euro ; pas mal pour cinq minutes !

En réalité, cinq minutes de vie sont beaucoup plus précieuses qu'un million d’euro. Nos vies valent bien plus d'un million d’euro, et même plus que plusieurs millions. Une personne qui a une conscience spirituelle est pleinement consciente de la valeur du temps.

Une histoire bien connue sur le saint H’afets Haïm raconte qu’il avait l'habitude de disparaître de la yechiva durant deux heures par jour, entre 14h et 16h. Au début, ses élèves pensaient que leur professeur rentrait à la maison pour manger et se reposer pendant ce temps. Mais, lorsqu’ils frappèrent à la porte de sa modeste demeure, désirant lui poser une question, ils découvrirent qu'il n'était pas là. Ni à la maison, ni à la yechiva. Où pouvait-il être ? Un de ses élèves décida un jour de le suivre incognito  pour résoudre le mystère. Le H’afets Haïm, presque âgé de quatre-vingt-dix ans à l'époque, gravit lentement les marches en bois de la salle de la yechiva menant au grenier, où personne ne se rendait jamais.

L’étudiant s’étouffa presque quand il entendit le H’afets Haïm se reprocher : « Israël Meir, où sont les cinq minutes ? Qu'as-tu fait des cinq minutes ? Comment se peut-il que tu ne sois pas capable de justifier ces cinq minutes ?! » Ensuite, le saint érudit demanda pardon au Tout-Puissant, comme s'il était le plus grand pêcheur qui ait jamais marché sur la surface de la terre.

Le saint H’afets Haïm ne parvenait pas à rendre compte de cinq minutes de temps de sa journée précédente au cours de sa session d’autoévaluation quotidienne de deux heures. C'est ce qu'il faisait seul dans le grenier quand il disparaissait tous les après-midi.

Nous nous demandons : « Quel est le problème avec ces cinq minutes ? »
Pour une personne dont la vie est menacée, cinq minutes sont une très grosse affaire. Dans un conflit armé, cinq minutes, c'est une éternité. En secourisme, où l’on peut potentiellement sauver une vie ou perdre cette opportunité, cinq minutes peuvent faire la différence entre la guérison et l’inverse, D.ieu nous en préserve.

Si sauver une vie physique est important, qu'en est-il de sauver une vie émotionnelle ou spirituelle ? On peut revitaliser une âme en moins de cinq minutes avec un mot encourageant ou une tape sur l’épaule. Il existe de nombreux stratagèmes que nous pouvons utiliser pour renforcer les émotions positives et vaincre les émotions négatives en cinq minutes. En utilisant correctement cinq minutes, nous pouvons améliorer de manière significative la qualité de nos vies et nos relations interpersonnelles.

Le temps est la seule ressource que l’on ne peut réapprovisionner. Il n'y a aucune compensation pour un moment perdu, encore moins pour une heure, un jour, une semaine, un mois ou même plus. La réussite et la productivité de quelqu’un dépendent entièrement du temps. Arrêtez-vous et réfléchissez – l'un des plus grands sages de la Guemara, Abayé, n'a vécu que jusqu'à l'âge de quarante ans ! De plus, deux de nos plus grands et des plus prolifiques sommités spirituelles, le saint Arizal et Rabbi Nah’man de Breslev, n’ont même pas atteint l’âge de quarante ans. Regardez ce qu'ils ont accompli en une si courte vie !

Décidons de tirer le meilleur parti de notre temps cette année, en vivant chaque instant comme le précieux cadeau du Tout-Puissant qu’il est réellement.