Combien de temps faudra-t-il attendre ?

On dit, et pas pour rien, que de former un couple est aussi dur que l’ouverture de la mer rouge. La vie en solo, surtout quand on s’approche de la quarantaine, n’est pas des plus faciles.

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Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

Ce n’est pas pour rien qu’on dit que de trouver sa moitié est aussi dur que l’ouverture de la mer rouge : puisque c’est vraiment un miracle !

Un Midrash raconte l’histoire d’une reine non-juive qui questionna un jour Rabbi Yossi Ben H’alfata : « Que fait votre D.ieu depuis qu’Il a créé le monde ? » ; « Il s’occupe de former des couples, » lui répondit-il. La reine rit et dit : « Et c’est cela Sa Grande Torah ? J’en suis tout aussi capable ! » Rabbi Yossi rétorqua : « Ça t’a l’air simple ? C’est aussi difficile que d’ouvrir la mer rouge. »

La reine décida de faire ses preuves. Elle prit mille de ses servants et servantes et commença ses recherches : traits de caractère, hérédité, loisirs, qualités et défauts. Puis elle étudia précisément toutes les informations collectées, et combina des couples le plus harmonieusement possibles. Le lendemain, tous –blessés et meurtris- vinrent la trouver en demandant de divorcer. C’est alors que la reine fit venir Rabbi Yossi et reconnut devant lui la Grandeur du D.ieu des juifs et de notre Torah.

C’est justement en partant de cette prise de conscience que j’ai choisi d’aborder cet inquiétant et douloureux phénomène -parmi mes proches et moins proches- qu’est le célibat tardif.

Plusieurs de mes meilleures amies attendent toujours leur époux (h’atan). Et à notre âge avancé, trouver un jeune homme bien et plus si affinités devient mission délicate.

Une fois le cap des trente-cinq ans franchi, l’horloge biologique se met à tourner plus vite -pas en notre faveur- et l’on commence à se décourager. Autour de nous, les amies du même âge ont déjà trois, quatre, voire cinq enfants, et le stress nous pousse vers des retranchements que l’on ne se serait même pas imaginées étant petites.

Je parle à la première personne comme si j’étais une de ces filles qui attendent de trouver leur moitié (zivoug), bien que j’ai déjà la chance de m’être mariée avec celui qui me complète, et que j’ai une magnifique et douce famille. La raison pour laquelle je m’exprime ainsi est le sentiment profond d’identification que je ressens pour elles, la douleur immense qui m’habite en pensant au gâchis, à la déception et à la sensation d’échec qui s’ensuivent après avoir été seule aussi longtemps.

Je vis avec elles la souffrance qui découle d’une si longue attente, de l’espoir et de rêves brisés encore et encore, quand une autre rencontre échoue et qu’elles se retrouvent à nouveau seules.

Au fil des années, doucement mais surement, le découragement s’insinue et le mauvais penchant ternit l’espoir de connaitre un jour ce qui leur est promis, cette âme que le Saint bénit soit-Il leur destine comme zivoug.

Ces mêmes femmes qui approchent la quarantaine sont belles, intelligentes, profondes, brillantes. Des femmes vertueuses pour lesquelles on a du mal à trouver ne serait-ce qu’une raison qui expliquerait pourquoi personne ne les a encore « cueillies ».
A un âge qui se rapproche de la moitié d’une vie et surtout à la limite de la fertilité, trouver un célibataire de qualité devient périlleux… Car tous sont déjà mariés.

Les hommes divorcés sont en général plus âgés d’au moins une dizaine d’années, et portent avec eux un dossier compliqué d’enfants issus de leur mariage précédent. La majorité d’entre eux ne veut plus d’enfants, conflit d'intérêts majeur avec les femmes célibataires.

Apres tant d’années en solo, ils ont énormément de mal à s’imaginer vivre en couple avec tout ce que cela implique. Compromis, concessions, manque d’intimité, prendre soin de quelqu’un d’autre… Toutes ces choses –et d’autres encore- prennent une dimension effrayante pour qui s’est habitué à vivre dans son cocon et à ne se soucier que de lui-même.

Je comprends tellement ce blocage qui crée une situation qui nous semble insoutenable. Pourtant, en tant qu’amie aimante et inquiète, je sais pertinemment qu’il me faut continuer à croire, à espérer et à prier pour elles. Je suis convaincue que c’est pour moi une mission, car alors qu’elles vivent dans le désespoir et la souffrance, dans la déception et le manque de confiance, je m’oblige à ne pas me décourager. Je continue à croire que ça viendra, qu’il faut que ça vienne, et vite ! Car en un instant, en une infime seconde, tout leur mazal peut changer, et dans un an elles pourraient serrer un enfant dans leurs bras.

Plus que tout, je sais que je n’ai pas de vue d’ensemble sur la situation, je sais que mon imagination se limite à mon esprit, à la logique et à la réalité telle que je la vois. Mais Lui, le Créateur, peut et sait tout. Et lorsqu’Il leur enverra leur délivrance, cela sera comme un film qu’aucune de nous ne peut imaginer ou même deviner. Je sais aussi qu’Il ne veut que leur bien, et qu’Il leur procurera de quoi compenser toute la souffrance qu’elles ont connue.

Donc je continue à croire jalousement et farouchement en leur salut rapide et je ne me permets pas d'imaginer pour elles une réalité autre que celle qu’elles attendent tant. J'essaie aussi de ne pas les blâmer ou les rendre coupable de leur situation. Et par ma confiance, ma foi et mes prières, j'essaie de les renforcer et de leur redonner l'espoir qu'elles ont déjà perdu.

Dédié avec amour à Routhy bat Vera, Liat bat Ilana, Adi bat Malka, Guilat bat Hanna et à toutes les célibataires qui attendent toujours, pour qu’elles se marient et soient mamans dans l’année.

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