De la spiritualité, en pantoufles !

Pas besoin d’être un grand homme pour commencer quelque chose dans la vie, ce qu’il faut, c’est commencer quelque chose pour être quelqu’un de grand...

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Edna Kadoch

Posté sur 17.03.21

Vous est-il déjà arrivé de lire quelque chose une dizaine de fois, et puis soudain, à la dixième lecture, de comprendre quelque chose de nouveau ?

C’est exactement ce qui m’est arrivé en lisant le service du Grand Prêtre (Cohen Gadol) le jour de Yom Kipour. Cette prière, je l’ai déjà dite plus de 54 fois. Je crois que la première fois, c’était quand j’avais 7 ou 8 ans, et je compris que… le Cohen Gadol enlevait ses vêtements d’or et revêtait des vêtements blancs, encore et encore, s’immergeait, aspergeait du sang, et toutes sortes d’autres choses faisant partie de son service divin. Et à la fin, il remettait ses vêtements à lui et tout le monde le raccompagnait chez lui le Yom Tov.

Pourquoi est-ce que je me rappelle de cela maintenant ? Parce qu’au terme de nos actes de réparation et de repentir, la volonté qui nous habite est d’être des gens meilleurs ; une bonne raison pour porter nos propres vêtements, et de n’être que nous-mêmes.

Les gens aiment porter leur robe d’avocat, leur costume d’homme d’affaires, leur blouse blanche de médecin, leur costume de Rav ou de sergent, de chanteur ou d’acteur, ou toute autre tenue. Mais en fin de compte, même le Cohen Gadol, lors du plus grand et du plus saint des jours de l’année, exprime la vraie finalité : de porter ses propres vêtements. D’être soi-même, quoi qu’on fasse et où qu’on soit. Tout simplement, être soi-même.

Et autre chose que faisait le Cohen Gadol : il rentrait chez lui ! Oui, parce qu’on ramène la spiritualité chez soi !

Des fois, on voit des gens qui étudient et comprennent des enseignements très élevés, des gens qui suivent des cours dans les domaines de la spiritualité et de la conscience de soi. Cette connaissance ne sert à rien, à moins que la personne ne change en bien, que son esprit s’affine et que ses voies se fassent plus douces. Cette sagesse spirituelle n’a aucun poids, à moins que la personne ne se comporte, chez elle, conformément à ce qu’elle a appris.    

Certaines personnes, quand elles sont en dehors de chez elles, se comportent de façon exemplaire. Elles sont très calmes, agréables, prêtes à aider et à soutenir. Là où elles peuvent être au centre de l’attention et recevoir des applaudissements, elles savent se comporter à merveille. Mais, et il y a un grand mais, une fois chez eux, quelle fatigue les envahit soudain ! Il ne leur reste plus de force pour donner aux membres de leur famille, à leur conjoint/e, et c’est sans parler de leur radinerie en matière de sourires, de regards bienveillants, ou de bonnes paroles.

La douce prière du service du Cohen Gadol est porteuse d’un message des plus grands et des plus doux : la spiritualité est quelque chose de « facile » lorsqu’on est dans un environnement spirituel, ou bien dans un environnement où l’on est apprécié. Par exemple, à la Yéchiva, à la communauté ou dans tout endroit où l’on n’a pas d’épreuves. Mais la sagesse, c’est de vivre sa spiritualité à la maison. Une fois rentré à la maison, à ses pantoufles. La grandeur, c’est d’être dans des situations de vie stressantes et difficiles, ou dans des situations courantes du quotidien, à la maison, l’endroit qui nous est le plus naturel, à l’aide dans ses vêtements et dans ses pantoufles, et justement là, d’être exemplaire.

Imaginez-vous un homme agréable et aimé de son entourage, qui a lu et étudié des livres de morale ou de spiritualité, mais à la maison, il inspecte/explose/paresse/critique/se plaint (et la liste est longue…) – de quoi est-ce que ça a l’air ? Un absurde, n’est-ce pas ?

Quand on regarde le calendrier, on n’est pas très loin du début de l’année, et c’est une excellente période pour changer notre façon de voir les choses, pour mettre en pratique toutes les bonnes résolutions qu’on a prises à l’approche de la nouvelle année (c’est bien connu que le mois de marh’echvan est un mois durant lequel on reçoit l’abondance, après le mois de tichrei, pendant lequel on a préparé des réceptacles pour le recevoir). C’est une bonne période pour apprendre quelque chose qui soit à la fois matériel et spirituel, une période particulière pour faire rentrer à la maison une spiritualité pratique.

Bonne chance !

Traduit de l’hébreu par Carine Illouz

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