Garder le moral quand rien ne va

Tout le monde peut être heureux quand tout va bien et que la réussite est au rendez-vous. Mais il se pourrait que le bonheur de la réussite ne soit rien d’autre que de l'arrogance...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 07.11.21

C’est vrai : le désir d'une personne est plus évident pendant les périodes de défis et de difficultés, quand la vie n’est pas facile. Tout le monde peut être heureux pendant les périodes de triomphe et de réussite. Mais il se pourrait que le bonheur de la réussite ne soit rien d’autre que de l'arrogance : la satisfaction que ce succès est porteur de plus d'honneur et de prestige. Mais, quand une personne chute, elle ressent sa futilité et son manque de capacités. Si elle s’accroche à sa volonté, elle démontre en cela qu'elle veut vraiment Hachem ; c’est comme si elle déclarait : « Malgré mes problèmes, je ne veux pas être triste parce que je Te veux toujours, Hachem ! » La personne triste et déçue montre, au contraire, que tout ce qui l’intéresse est sa propre autoglorification.

Rabbi Nah’man nous enseigne qu'une personne doit savoir comment agir aussi bien dans les périodes de succès et de réussite, que dans celles d’échecs et de difficultés. Il faut se cramponner à Hachem et à son désir de se rapprocher de Lui, quoi qu’il arrive. Le Roi David fait allusion à cette idée dans le Psaume 139 en disant : « Quand je suis sur le toit du monde, Tu es là, Hachem ! Et quand je suis dans le plus profond des abîmes, Tu es là aussi ! » Il faut savoir se renforcer dans les moments difficiles, principalement en se souvenant qu’Hachem est juste là, à nos côtés.

Quand tout va bien, nous ne devrions pas être satisfaits de nous-mêmes. Même si nous nous réjouissons de notre situation actuelle, nous devons réaliser qu'il y a encore beaucoup à faire dans le service Divin et nous efforcer d'être encore meilleurs. Dans les périodes « creuses », nous devons renforcer notre foi qu’Hachem fait tout pour notre bénéfice ultime et qu’Il est là, avec nous, où que nous soyons. En outre, nous pouvons toujours nous conforter dans l’idée que personne ne pourra jamais nous enlever notre volonté.

Même si nous nous efforçons constamment de nous améliorer, nous remercions Hachem pour notre situation actuelle dans la vie.

Il n'y a pas de limite à la volonté. On peut toujours renforcer sa volonté, et face à cela, rien ne peut nous barrer le chemin. Même s’il on ne peut pas toujours accomplir ce qu’on veut quand on le veut, on peut toujours le vouloir. Avec le désir et la volonté, on ne craint pas les épreuves. Car ils nous permettent d'être heureux, quoi qu’il arrive.

De toute évidence, une personne a besoin de plus d'auto-renforcement quand ça ne va pas pour elle que quand tout va bien.

Certaines personnes étudient sur des niveaux spirituels élevés et sur les grands Tsadikim qui les ont atteints, alors leur cœur s’enflamme de désir pour Hachem. Elles veulent tout de suite faire de grands changements dans leur comportement et dans leur apparence, mais si elles le font impétueusement – sans la prière, une bonne préparation et par petites étapes, avec prudence, elles pourraient commettre une erreur tragique. Le saint Ari zal, nous enseigne que tout ce qu'une personne acquiert sans la prière lui est en fait préjudiciable.

Le développement spirituel nécessite d’avancer doucement et de s’armer de beaucoup de prière, à chaque niveau. Si une personne n’est pas heureuse de son niveau spirituel actuel, elle ne pourra jamais vraiment progresser, car à chaque niveau supérieur, les défis sont plus difficiles et il devient encore plus dur d’être heureux. Celui qui croit qu'il ne pourra être heureux qu’après avoir atteint la perfection, ne sera jamais heureux ! Pour cette raison, nous nous réjouissons de toutes les petites bénédictions dans la vie, peu importe où nous nous trouvons sur l'échelle spirituelle.

Le vrai succès n’est pas le succès extérieur que d'autres personnes peuvent voir et constater. Le vrai succès est intérieur, en particulier le fait de s’accrocher au désir de prier, de s'améliorer et de se cramponner à Hachem, même pendant les périodes de régression et de difficulté. Si, quand tout va bien, la personne se prend pour quelqu’un de grand, elle souffrira terriblement au premier revers. Voilà pourquoi il est si important de savoir comment fonctionner, aussi bien pendant les hauts que pendant les bas.

Rabbi Nah’man écrit : « Quand une personne est heureuse toute la journée, elle peut facilement prendre une heure de sa journée pour déverser son cœur devant Hachem, mais quand elle est déprimée, à Dieu ne plaise, il lui est difficile de se livrer à la prière personnelle et de s'exprimer… Il convient donc se renforcer pour être toujours heureux ».

Rabbi Nah’man nous enseigne que quand une personne est heureuse pendant 23 heures par jour, elle peut alors utiliser la 24ème heure pour épancher son cœur. En vertu de l'heure quotidienne d'un cœur brisé, elle peut être heureuse pendant les autres 23 heures. Le mauvais penchant fait de son mieux pour nous empêcher d'être heureux. Son arme principale, ce sont les pensées négatives qui font croire à la personne qu’elle ne vaut rien et qu’Hachem ne se soucie pas de ses efforts ou d'écouter ses prières. Quels mensonges ! Les mauvaises pensées viennent du mauvais penchant. Avec joie et un peu d’auto-renforcement, nous pouvons les rejeter !

Le saint Zohar nous dit que pas une seule parcelle de notre bonne volonté ne se perd. Hachem chérit chaque minuscule réveil de Téchouva (repentir) et chaque désir de s'améliorer. Chaque syllabe des prières que nous avons prononcées depuis notre premier jour sur terre est soigneusement conservée dans le coffre-fort d’Hachem. Notre travail est de nous renforcer en permanence par la prière, la Téchouva par amour et par le désir de se rapprocher d’Hachem. Ainsi, les pires transgressions de notre passé deviennent de grandes mitsvotes comme Reish Lakish nous l’enseigne dans Yoma 86. En se souvenant qu'il n'y a jamais de désespoir dans le monde, nous pouvons toujours rebondir chaque fois que nous sommes déprimés -ce qui est, en soi, une excellente raison de sourire !

Traduit par Carine Rivka Illouz