La finalité des désirs

L’essentiel est de raisonner sainement sur la finalité des affaires de ce monde, des désirs physiques ou spirituels, comme la recherche de l’honneur...

6 Temps de lecture

le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Notre saint Maître surnomme cet examen de conscience « la tranquillité de l’esprit », comme on le trouve dans Liqouté Moharan (II, 10) : « Les hommes ne sont éloignés d’Hachem béni soit-Il et ne se rapprochent pas de Lui uniquement parce qu’ils manquent de tranquillité d’esprit. L’essentiel est de raisonner sainement sur la finalité des affaires de ce monde, des désirs physiques ou spirituels, comme la recherche de l’honneur, etc. et il est alors certain qu’on reviendra vers Hachem. »

Après avoir étudié les enseignements de nos Sages, bénie soit leur mémoire, nous voyons que les paroles de notre saint Maître n’innovent en rien, car ils ont écrit explicitement : « Fais le compte de la perte d’un commandement et sa récompense, etc. » Mais la nouveauté est dans l’ordre impératif donné par notre Maître : l’homme ne doit laisser passer un seul jour, sans consacrer une heure à l’isolement. Et notre saint Maître précise que cet ordre concerne tout le monde, du plus grand jusqu’au plus petit : chacun doit effectuer au moins une heure d’hitbodédouth.

Revenons à la Guémara expliquant les versets cités plus haut. Il est écrit (Nombres) : « Qu’elle (la cité de Si’hon) se bâtisse et s’affermisse ». Si tu fais le compte de ce monde, alors il se bâtit et s’affermit : il se bâtit dans ce monde et s’affermit dans le monde futur. Et Rachi explique que celui qui effectue son examen de conscience, mérite de réussir tant dans ce monde que dans le monde à venir.

La suite du verset parle de ceux qui n’effectuent pas leur examen de conscience : « La cité de Si’hon ». Si l’homme se conduit comme ceux de cette ville, et se laisse entraîner par une causerie agréable (si’ha, en hébreu), en se laissant séduire par les paroles des incroyants et de son mauvais penchant, sans pouvoir le dominer, qu’est-il écrit au verset suivant ? »

Car un feu a jaillit de ‘Hechbon, un feu sort de ceux qui effectuent leur examen de conscience (‘Hechbon) et dévorera ceux qui ne l’effectuent pas, comme il est dit que dans l’avenir, chacun sera brûlé par le dais de son proche. C’est-à-dire que celui qui se tient à un niveau inférieur, sera brûlé par celui qui se trouve à un niveau supérieur.

Le bon chemin dans le labyrinthe de la vie

Cette Guémara nous engage à effectuer l’examen de conscience, tel qu’il est pratiqué par les justes, jour après jour, sur ce qu’ils ont accompli d’hier à aujourd’hui. Ils calculent la perte d’un commandement et sa récompense, puis la récompense d’une transgression et sa perte ; et évaluent correctement la finalité des désirs de ce monde. Comme eux, chacun doit réaliser son examen de conscience à propos de chaque pensée, parole et action puis méditer dans le calme : quel est le gain de tel désir ou de tel autre ?

S’il a commis une faute, que D-ieu nous en préserve, il doit se demander ce qu’il a gagné à son accomplissement ? Rien. Quelle est sa perte ? Un grand dommage. Car chaque faute est une terrible punition pour l’homme, comme le dit le Roi David, que la paix soit sur son âme (Psaumes 34:22): « La perversité cause la mort de l’impie », le mal et la transgression punissent l’homme en précipitant sa fin.

Lorsque l’homme commet une faute quelconque ou succombe à un certain désir, c’est comme s’il mangeait du poison enrobé de chocolat. Cela a du goût, c’est sucré, cela sent bon, mais c’est du poison ! Il en va de même pour chaque faute et chaque désir. Mais si l’homme fixe un temps chaque jour pour effectuer son examen de conscience et méditer :

Quel est l’avantage de tout ceci ? Que me reste-t-il de cette faute et de cet appétit ? Il est certain qu’il recevra la force pour dominer son mauvais penchant. Dans son livre Messilat Yécharim (Le Sentier de rectitude), le Ram’hal décrit ce monde comme un labyrinthe où, s’il n’a pas su dominer son mauvais penchant, chacun s’égare en ignorant comment sortir pour retrouver son chemin. A plus forte raison, est-il encore incapable de guider les autres.

En revanche, ceux qui dominent leur mauvais penchant et connaissent bien les différents chemins, sont déjà parvenus à la sortie du labyrinthe, ceux-là sont dignes de notre confiance et peuvent conseiller quiconque veut les écouter. Quel est le conseil prodigué par ceux qui sont déjà sortis du labyrinthe ? Comment pouvons-nous tous parvenir à notre réparation (tiqoun) ? Quel est le conseil pratique donné par le Ram’hal pour atteindre notre réparation et sortir du labyrinthe de la vie ?

Le Ram’hal dit : effectuez votre examen de conscience ! Faites le bilan de ce monde ! Il conclut : « En résumé, l’homme doit méditer sans cesse et en particulier pendant le moment fixé pour s’isoler et se demander quelle est l’authentique voie que l’homme doit suivre, d’après la Tora. Ensuite, il devra méditer sur ses actions, puis il arrivera facilement à purifier ses voies. Comme il est écrit (Proverbes 4:26) : ‘Aplanis avec soin le sentier foulé par ton pied’, et (Lamentations 3:40) : ‘Examinons nos voies, scrutons-les et revenons à Hachem’, car dès que l’homme examine ses actes, il se repent. »

C’est le conseil des justes et pas seulement celui de Rabbi Na’hman de Breslev : l’homme doit effectuer ponctuellement un examen de conscience. Car il est certain que les justes, qui ont essayé et vérifié toutes les voies, savent que seuls l’isolement et l’examen de conscience pratiqués chaque jour peuvent aider à dominer ce qui doit l’être.

Voici ce que le Rambam écrit (Lois du repentir 2:5) sur le verset (Proverbes 28:12) : « Dissimuler ses fautes ne porte pas bonheur »: Il s’agit des fautes entre l’homme et son prochain. Quant à celles entre l’homme et l’Omniprésent, il n’est pas nécessaire de clamer avec insolence ses péchés, mais il faut revenir à Hachem béni soit-Il et détailler ses fautes devant Lui. »

Les paroles du Rambam sont claires : on doit se présenter « devant Hachem. » On doit pratiquer l’isolement. Se confesser et détailler ses fautes. Il est évident que c’est seulement entre soi-même et le Créateur. Car en public, on doit dissimuler ses fautes, et il vaut mieux que la faute ne soit pas révélée, comme il est écrit (Psaumes 32:1) : « Heureux est celui dont la faute est pardonnée, dont la faute est passée sous silence. »

Une voie vraiment droite

A propos du haut niveau de l’examen de conscience et de la confession, notre Maître écrit (I, 4) que la confession devant un érudit de la Tora permet au juste de lui montrer sa voie selon la racine de son âme. L’expression « érudit de la Tora » ne signifie pas forcément un érudit de chair et de sang, car chaque isolement est appelé « confession devant un érudit de la Tora », et l’isolement devant la Présence divine, signifie aussi les âmes des justes, l’élite de la génération, comme notre Maître Moché, Rabbi Chim'on bar Yo’haï, etc.

Lorsqu’on se confesse sur ses fautes, la Présence divine aide et oriente vers la réparation. De même, les âmes des justes aident au repentir, et il est rapporté dans les écrits du Ari z’l que les âmes des justes « engrossent » (‘Ibour) celles des repentants afin de les assister, en vertu du principe « On aide celui qui vient se purifier. »

Voici ce que dit notre saint Maître : « Lorsqu’on se confesse devant un érudit de la Tora (il s’agit de l’âme de Moché et de tous les grands justes qui assistent à chaque isolement), celui-ci le guide directement dans la juste voie, d’après la racine de son âme.

Cela lui permet de parvenir à un certain carrefour, et nos Sages de mémoire bénie ont enseigné (Guémara Sota) : « C’est l’érudit dans la Tora et le jour de la mort », selon la qualité de la confession devant un érudit de la Tora et cet autre enseignement (Sanhédrin 43b) : « Tous ceux qui vont être exécutés se confessent ». Cela s’appelle un carrefour, car l’érudit de la Tora lui présente la voie à suivre selon la racine de son âme et qu’il est alors sauvé. »

Il s’ensuit des paroles de notre Maître qu’en pratiquant chaque jour devant Hachem l’examen de conscience et la confession dans l’isolement, l’homme est conduit par D-ieu dans la juste voie d’après la racine de son âme, c’est-à-dire qu’il est orienté vers sa mission individuelle, la réparation particulière pour laquelle il vint dans ce monde. En revanche, celui qui ne se confesse pas, ignore dans quelle voie s’engager ! Et qui sait si ce qui lui semble être la juste voie, n’est pas celle qui conduit à l’abîme ?

A première vue, on ne comprend pas comment un homme qui accomplit toute la Tora et les commandements, peut s’engager dans une voie qui le mène à sa perte ? L’explication est la suivante : tant que l’homme n’a pas trouvé quelle était sa mission dans le monde et quelle est la raison personnelle justifiant sa présence ici, en ne réparant pas ses fautes ni à plus forte raison, celles de ses réincarnations précédentes, par manque du repentir quotidien, il ignore à quel point il est éloigné de la réalisation de la Tora et de ses commandements, et vit dans le mensonge et se drape dans l’orgueil.

Or, il n’existe pas de voie conduisant à l’abîme pire que celle-ci. Il est donc certain que même s’il semble vivre selon les critères de la Tora, il se dirige en vérité vers l’abîme, c’est-à-dire qu’il ne justifie pas son passage dans ce bas monde et ne répare pas ce qui nécessite une réparation.

Pourtant, grâce à la confession dans l’isolement, l’homme se repent sur chaque détail de sa vie, toutes ses fautes lui sont pardonnées, il reconnaît sa bassesse et ainsi il mérite sans aucun doute de trouver sa voie personnelle pour ses réparations dans son passage ici bas. Et outre les réparations qu’il mérite d’accomplir, sa vie ici deviendra douce, agréable, éclairée par la lumière de la foi et il saisira des nouveautés merveilleuses à tout moment.

À suivre…

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire