Surmonter nos épreuves

L’homme qui n’est pas prêt à se mesurer dans la vie avec les épreuves de la foi et exercer concrètement sa foi, ne l’apprendra jamais...

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Le niveau de la foi
 
Le niveau de la foi est très élevé, car la foi est la racine et le fondement du travail de l’homme dans ce monde, comme il est écrit (Likouté Maaran, 5) : L’essentiel, c’est la foi. Chacun doit examiner si sa foi est parfaite et se renforcer en elle, car c’est grâce à la perfection de la foi qu’on mérite d’acquérir de bonnes qualités. Comme il est écrit dans les Causeries de rav Na’hman : la foi est la base qui soutient toutes les qualités et la Tora dans son intégralité, selon cet enseignement de nos Sages de mémoire bénie : Le prophète ‘Habacuc vint et les résuma à un seul principe (‘Habacuc 2 : 4) : “Et le Juste vivra par sa foi”.
 
La foi est le canal de l’abondance et de toutes les bénédictions, comme il est écrit : “L’homme croyant attire les bénédictions” – c’est-à-dire qu’un homme possédant la foi est capable d’attirer l’abondance et les bénédictions.
 
La foi est très puissante. Grâce à une foi simple, authentique et dénuée d’artifices, on peut parvenir à la volonté, c’est-à-dire au désir d’HaChem béni soit-Il, pour accomplir de tout cœur Sa volonté.
 
La foi est le fondement et la racine de la sainteté et l’homme qui mérite de posséder la foi, mérite de se séparer de ses appétits physiques et d’atteindre la sainteté.
 
La foi conduit à la mansuétude, à la patience, à toutes les bonnes qualités et déracine les mauvais traits du caractère. Car l’homme qui possède une foi parfaite, croit que tout ce qui lui arrive provient de la Providence divine particulière et que tout est pour son bien. Cela lui donne la force d’être patient devant tous les obstacles et les troubles et de ne pas s’en inquiéter.
 
Voici ce qui est encore écrit dans le “Livre de l’alef-beth” (Sefer HaMidot) au chapitre sur la foi : ‘On est béni grâce à la foi et grâce à elle on devient plus sage. Grâce à la foi, on peut – pour ainsi dire – comprendre HaChem béni soit-Il. Grâce à elle, le Saint béni soit-Il te pardonnera de tes fautes. Grâce à elle, les décrets dont les nations nous menacent, sont annulés. Grâce à elle, vient la connaissance.
 
Il est rapporté aussi (Likouté Maaran, 7) : “Sache que l’exil provient essentiellement du manque de foi” – d’où nous déduisons que notre délivrance viendra surtout de la perfection de la foi.
 
Le but de la descente de l’âme dans ce monde
 
Tant qu’elle restait dans son lieu d’origine, l’âme qui est une partie de la divinité, observait la lumière divine et jouissait de Sa présence. A première vue, il n’existe pas de plus grande proximité d’HaChem béni soit-Il. Mais en réalité, elle En était éloignée puisqu’elle ne Le connaissait pas. L’âme ne saisissait que Sa merveilleuse lumière et en jouissait, mais elle ignorait la nature de cette puissante lumière, les attributs d’HaChem, Ses formes de conduite, Ses actions, Ses forces et Sa volonté.
 
On peut illustrer cela avec une parabole. Si se tenait devant nous un homme dégageant le charme, la beauté et la gloire, on voudrait bien sûr savoir qui est cet homme singulier, lui parler, le connaître, lui et ses actions. On ne se contenterait pas de se tenir face à lui, même si l’on en éprouverait beaucoup de plaisir.
 
L’âme ne pouvait connaître le Créateur en restant en son lieu d’origine, parce que le mauvais penchant, les difficultés et les épreuves n’existent pas dans les Cieux, et que tout y est éclairé d’une lumière merveilleuse. L’âme n’a pas besoin de l’aide et de la compassion d’HaChem, de Le supplier pour qu’Il accepte son repentir ou pour qu’Il pardonne, car Ses attributs ne sont révélés qu’à ceux qui vivent dans ce monde-ci, avec toutes les tribulations qui s’y rapportent.
 
Le but de la Création du monde est la révélation de la compassion du Créateur, comme il est rapporté (Likouté Maaran, 64) : “HaChem béni soit-Il a créé le monde à cause de Sa compassion, car Il voulut révéler Sa compassion. Et si le monde n’était pas créé, à qui pourrait-Il donc la montrer ? Il créa donc le monde, à partir du monde de l’Emanation (Atsilout) jusqu’au point central du monde matériel, afin de révéler Sa compassion”.
 
Et comme l’unique raison qui présida à la création du monde, fut de révéler la compassion du Créateur, et qu’il n’est possible de connaître le Créateur béni soit-Il que dans ce monde où la compassion divine est nécessaire à chaque instant, l’âme devait donc descendre de sa place d’origine dans ce monde physique, afin de connaître le Créateur, dont la compassion est éternelle et infinie. Et c’est ainsi que se réalise la finalité de la Création.
 
Enchanté de faire votre connaissance !
 
Afin d’illustrer ce qui précède, nous rapportons ici cette histoire riche d’enseignements. Il arriva qu’un disciple de rabbi Nathan se plaignit à lui en disant que c’était bien dommage, qu’il n’avait pas eu le mérite de connaître rabbi Na’hman de Breslev. Rabbi Nathan lui rétorqua : Seul Joseph Prounik a connu notre maître !
 
Il convient d’expliquer ici que Joseph était batelier et vivait du passage des voyageurs d’une rive de la rivière à l’autre, de la ville de Rarid à celle de Breslev, ce qui lui donna souvent l’occasion de transporter rabbi Na’hman, et qu’il s’en vantait en disant : “J’ai bien connu rabbi Na’hman”.
 
Rabbi Nathan voulait signifier à son disciple que cette proximité n’avait aucune valeur, l’essentiel de la connaissance de notre maître n’étant pas limitée à un simple regard, mais qu’elle englobait une connaissance approfondie de ses conceptions, l’observance de ses conseils, etc. Il expliqua à son disciple que même s’il ne l’avait jamais vu, l’étude des livres et le respect des conseils de rabbi Na’hman, suffisaient pratiquement pour vraiment le connaître.
 
En effet, ce passeur avait vu, touché notre maître et il était ‘proche’ de lui, au sens physique du terme, mais pratiquement parlant, il était loin de lui comme aux antipodes, car il ne connaissait pas vraiment celui qui était auprès de lui. Seul celui qui connaît le rabbi sur le plan spirituel, à savoir ses saintes opinions, son inspiration, ses actions, sa force et ses conseils, peut affirmer le connaître vraiment.
 
De même, en ce qui concerne la proximité d’HaChem béni soit-Il. L’âme qui se contentait de jouir de la présence et de la lumière divine, sans vraiment les connaître, ressemble à ce passeur qui se vantait de connaître le rabbi, sans savoir qui il était. Car l’essentiel de la proximité se trouve dans la connaissance, comme il est écrit (Likouté Maaran, 21) : “Grâce à la connaissance, on se rapproche d’HaChem béni soit-Il”. Le sage disait de même : “Si je Le connaissais, je serais en Sa compagnie”. L’âme était près d’HaChem, béni soit-Il, mais elle en était éloignée, car elle ne Le connaissait pas.
 
En revanche, après l’envoi de l’âme dans ce monde où l’homme a besoin de l’aide constante du Créateur, à travers les événements et les épreuves qu’elle subit durant sa vie et à chaque instant, elle peut réellement se rapprocher du Créateur et Le connaître.
 
Elle ne fait que le dire, mais moi je le sais
 
Voici une autre explication sur le même thème : on raconte l’histoire du fils d’un grand rav qui voulut s’imbiber de la lumière de la ‘hassidout et décida qu’aussitôt après son mariage, il se rendrait auprès d’un disciple du Baal Chem Tov afin d’étudier la Tora dans la sainteté et la pureté durant trois ans consécutifs. Il réussit à convaincre sa femme et à obtenir son accord, mais son père s’y opposa. Comment pouvait-il délaisser sa nouvelle et jeune épouse, tandis que lui, devrait la nourrir pendant son absence ? Il essaya donc de l’en empêcher. Cependant, lorsqu’il vit l’entêtement de son fils, il le laissa partir en se disant qu’il reviendrait certainement avec une ordination rabbinique ou une charge de juge et qu’ainsi il pourrait obtenir une bonne situation.
 
Lorsqu’au terme des trois années le fils revint, son père le reçut avec émotion et après qu’il se fut reposé de la fatigue de la route, il l’interrogea avec espoir : Mon cher fils ! Je te prie, raconte-moi ce que tu as appris ? Dans quel domaine de la Tora es-tu devenu expert ? Es-tu devenu rabbin ou décisionnaire ? Quels enseignements nouveaux as-tu reçu chez ton rabbi ?
 
Son fils lui dit : Mon cher père, durant trois ans j’ai peiné pour acquérir la connaissance et l’entendement et j’ai appris une chose : HaChem est le D-ieu Tout-Puissant !
 
Son père s’écria : “Comment? C’est tout ce que tu as appris pendant ces trois ans ? Une chose que n’importe quel non-Juif sait ?”. Aussitôt il appela la servante non-Juive et lui demanda : “Dis-moi, de grâce, qui gouverne et dirige l’univers entier, qui détient en ses mains la vie de chacun ?”
 
La non-Juive répondit : “HaChem. HaChem est Tout-Puissant dans les cieux et sur la terre”.
 
“Et qui guérit chacun de sa maladie ?” poursuivit-il. Elle répondit : “HaChem guérit”.
 
“Et qui nourrit chaque créature ?” interrogea-t-il ? La non- Juive répondit : “HaChem nourrit”.
 
Le père fixa ses yeux sur son fils et dit avec colère : “Tu vois ? Même la servante sait qu’HaChem est le Tout-Puissant, qu’Il guérit et qu’Il nourrit. Et pour apprendre une chose aussi simple, tu avais besoin d’abandonner ton foyer pendant trois ans ?”
 
Le fils lui dit : “Mon cher père, la servante ne fait que le dire, mais moi je le sais !”.
 
C’est exactement l’histoire de la descente de l’âme dans ce monde. Tant qu’elle résidait sous le Trône de gloire, il est probable qu’elle savait qu’HaChem est le Tout-Puissant, qu’Il est bon et qu’Il prodigue des bontés et que Sa miséricorde est infinie. Mais c’était seulement une connaissance abstraite, comme lorsqu’on sait quelque chose en théorie sans l’expérimenter. L’âme doit descendre dans ce monde et se vêtir d’un corps physique afin de s’exercer, passer l’épreuve des actions pratiques de la foi et acquérir ainsi l’authentique connaissance du verset ‘Dans mon corps, je vois la divinité’. Tout être raisonnable le sait : il faut passer de la connaissance théorique à l’épreuve pratique, ce qui est l’essentiel.
 
Par conséquent, l’homme qui n’est pas prêt à se mesurer dans la vie avec les épreuves de la foi et exercer concrètement sa foi, ne l’apprendra jamais. Peut-être dira-t-il du bout des lèvres, comme la servante de l’histoire, qu’‘HaChem est le Tout-Puissant’, mais il ne le saura pas ! Car foi (emouna) et exercice (imounim) ont la même racine (AMN). C’est seulement par l’intermédiaire des exercices pratiques, qu’on mérite de connaître HaChem en vérité, et c’est là le but de l’homme.
 
Tu mangeras du pain à la sueur de ton front
 
Le plaisir de l’âme durant son séjour originel dans les Cieux est une autre raison de sa descente dans ce monde. En effet, c’est un plaisir qu’elle reçoit gratuitement, sans le mériter, et pour lequel l’âme souffre de la honte. A quoi cela est-il comparable ? A un homme honorable qui est contraint de participer à un repas sans y être invité. A chaque bouchée avalée, il souffre terriblement de la honte. La nourriture lui reste en travers de la gorge et pour cette raison, ce repas ne lui procure aucun plaisir. Mais HaChem, béni soit-Il, a voulu que l’âme éprouve un plaisir parfait, aussi la fit-Il descendre dans ce monde, afin qu’elle travaille et soit récompensée de son mérite et non par pure bonté divine.
 
À suivre…

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