En Adar, ranime la joie !

« Dès l’entrée du mois d’Adar, on augmente la joie ». Je ne sais pas vous, mais lorsque j’entends cette phrase, je me demande : comment ?

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Tehia Fisher

Posté sur 02.03.22

« Dès l’entrée du mois d’Adar, on augmente la joie ». Je ne sais pas vous, mais lorsque j’entends cette phrase, perplexe, je me demande : comment ?

Une femme pleine de force et de sagesse a déclaré dans un de ses cours : « Pendant le mois de Adar, ne prononcez pas de mauvaise parole sur qui que ce soit, sur quel groupe de personnes que ce soit ! Préservez l’unité et l’amour, encouragez et dites de bonnes paroles ».

Surprise, je suis repassée sur ce qui m’est arrivé ces derniers jours. Le résultat a été un sentiment que toutes sortes d’évènements s’étaient présentés à moi, des gens qui tendaient la perche à la critique, au jugement, à la fierté de mon « je sais et j’ai raison, pas eux ». Tout cela en trois jours, en pleine période d’ « interdit » pour moi, puisque je me suis engagée à faire ressortir de moi du positif. Et ce n’est pas un cliché ! C’est ce que je veux vraiment !

Alors pourquoi c’est justement maintenant que ces difficultés se manifestent dans ma vie ? Mais comme on dit : « allons-y, jetons-nous à l’eau ». Que se passe-t-il ? Qu’est-ce que cette manifestation d’obstacles vient-elle nous annoncer ? Je ne peux pas annuler d’un coup ce à quoi je me suis engagée !

Il ne me reste qu’à comprendre que cette « concentration » d’évènements désagréables est en fait toujours présente, mais puisque notre sensibilité à notre réalité subjective augmente durant ces jours, on a l’impression que toutes les difficultés viennent d’un coup, comme de nulle part ; alors qu’elles sont en fait toujours là.

Et si je ne suis pas joyeuse, est-ce que je commets une faute ? Puisque comme je l’ai dit, l’existence ne me demande pas mon avis quant à ce qui me fait plaisir ou à ce qui me peine, elle se déroule comme elle le veut !

Alors on en entendra dire : « si on me demandait, je ferais en sorte que les choses soient différentes, que la réalité me prenne plus en compte… » Mais voici une autre merveille ; à propos du mois de Av il est écrit : « dès l’entrée du mois de Av, on réduit la joie ».

Après une telle consigne, certains se lèveront et diront : « Que croyez-vous ? Que nous sommes un ballon d’hélium de joie, dont on peut baisser ou augmenter la puissance à sa guise ? »

En effet, c’est une manière juste et compréhensible d’interpréter les choses.

Pourtant, à mes yeux, il y a ici quelque chose de plus grand. Il y a la possibilité d’interpréter ce « ballon d’hélium » de manière à dévoiler et ranimer en nous le terme de libre arbitre.

Quand les choses vont comme on veut, que la vie nous sourit, on accepte tout facilement, avec amour et sans rechigner, on est joyeux et bien décidé. Dans ce genre de conjoncture, évidemment, on ne se posera pas non plus la question de savoir comment se fait-il qu’on nous demande d’augmenter notre joie, puisque cela ne nous pose pas de problème ! Tout va bien et on est optimiste !

Dans des jours de peine et de tristesse, au contraire, on demandera : « S’il vous plait ? Où est passé tout le bien qui me comblait ? » On s’attachera à cette approche qui dit qu’on ne peut pas être dans la joie puisqu’on a mal, qu’on est dans le mauvais, le désagréable, et que l’existence ne se montre pas sous son meilleur jour. Que pouvons-nous donc y faire ?

« Il m’a dit un jour : tout ce que tu vois, tout ce qui se trouve dans ce monde, tout est fait pour le choix et l’expérience… » (Rabbi Nathan rapporte les mots de son maitre, Rabbi Nah’man de Breslev dans Si’hotes Ar’an). « Car l’essentiel de la création a été fait seulement pour les hommes, parce que seul l’homme a le pouvoir de choisir… Aucune autre créature que l’homme n’a le pouvoir de faire des choix.
L’ange est saint et pur mais il n’a pas le choix, et au contraire, les animaux dans toutes leurs espèces sont ignorants et très matériels, et ils n’ont pas le choix non plus. Le choix se trouve chez l’homme, c’est donc pour lui que tout a été créé. Le choix est l’innovation et la plus grande merveille de la création telle que présentée dans nos livres… Et l’essence du choix réside dans le fait d’avoir un bon penchant (yetser tov) et un mauvais penchant (yetser ra).» (Rabbi Nathan de Breslev, Recueil de Lois).

Ce n’est ni la réalité, ni le monde qui motivent notre niveau de joie.

Nous avons été habitués ainsi, et c’est ainsi que nous pensions ; cela parait peut-être naturel, voire inévitable.

Mais la vérité est que la réalité ne change pas. Ce ressenti d’une augmentation ou d’une diminution de notre joie dans notre vécu dépend de nos choix, et de certaines conventions établies par la société qui nous « enseigne » ce qui est bon ou mauvais, et de quelle manière réagir à telle ou telle situation.

Rabbi Nah’man nous parle du bon et du mauvais penchant. Il ne s’agit pas d’un bon penchant qui se manifeste quand on danse et saute de joie toute la journée, mais de savoir comment ne pas se laisser mener comme des robots esclaves des illusions de la réalité, comme le dit Rabbi Nah’man : « en renforçant le bon penchant, on affaiblit la force du mauvais penchant et on l’empêche de dévoiler son mensonge et d’inciter au mal ».

Le bon penchant nous aide à regarder la réalité, à comprendre comment nous y évoluons, à savoir dire ce qui est bien ou non, ce qui est convenable ou non ; il nous aide à identifier ce qui demande de l’attention de ce qui ne vaut pas qu’on s’y attarde… En conséquence, on voit que la joie est le résultat de notre interprétation.

Puissions-nous mériter de trouver notre équilibre grâce à notre bon sens et à des choix justes et vrais. Et même si l’on s’en écarte et qu’on se laisse porter par les évènements, prions pour que la réalité nous révèle la force, l’ordre et la clarté d’une joie authentique.https://did.li/zLVfT

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