Recevoir le Roi

Pardonner aux autres n'est pas toujours facile. Cependant, nos Sages nous ont appris une méthode pour “ouvrir” notre cœur et rendre le pardon aux autres plus facile…

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Libi Astaire

Posté sur 11.09.22

Le mois juif d’éloul (août-septembre) représente le pont entre les évènements terribles des mois de tamouz et d’av et le jour du Grand Pardon qui est célébré le mois prochain, pendant le mois juif de tichré. Dans la mesure où ce mois représente le moment de la réparation spirituelle et du rapprochement avec D-ieu, il est un des mois préférés du calendrier juif.

Le 17ième jour du mois de tamouz – lorsque Moché (Moïse) vit qu’une partie du peuple juif dansait autour du veau d’or – il brisa les deux Tables de la Loi qu’il avait descendues du Mont Sinaï. Cependant, les évènements prirent une tournure encore plus dramatique – le 9ième jour du mois d’av – lorsque dix des douze princes envoyés épier la Terre d’Israël pour y préparer l’arrivée du peuple juif revinrent avec un compte-rendu négatif.
Cependant, le 1ier jour du mois d’éloul – lorsque Moché monta de nouveau au sommet du Mont Sinaï, pour y commencer une autre période de 40 jours de jeûne et de prières – la relation entre D-ieu et le peuple juif commença à se réparer. Le jour de Yom Kipour (le jour du Grand Pardon) – le 10ième jour du mois de tichré – les prières de Moché pour le peuple d’Israël furent acceptées et D-ieu lui donna deux nouvelles Tables de la Loi.
À compter de ce jour, la période de 40 jours – entre le 1ier jour d’éloul et le jour de Yom Kipour – continue d’être une période pendant laquelle les Portes du repentir sont grandes ouvertes. Même si D-ieu désire toujours que Ses enfants retournent vers Lui, pendant les autres périodes de l’année, Hachem – si l’on peut parler ainsi – attend que nous Le cherchions. Cependant, pendant les mois d’éloul et de tichré, D-ieu est comparé à un Roi qui sort de son château afin d’aller rencontrer ses sujets. Cela signifie non seulement que Sa recherche nous est rendue plus facile, mais de plus, c’est Lui-même qui nous cherche.
Dans la mesure où nous ne voulons pas rater cette occasion unique – celle de réparer le type de relation que nous avons avec D-ieu – le mois d’éloul représente le moment de l’année où les juifs du monde entier entreprennent d’analyser leurs actions et d’effectuer un véritable ‘hechbon nefech (une introspection).
Pourtant, avant de pouvoir commencer notre travail saint du mois d’éloul, nous devons comprendre la réelle signification du concept de “rencontrer” D-ieu le jour de Roch Hachana. De fait, le jour de l’an juif est sans le moindre doute la fête la plus étrange de tout notre calendrier.
Une fête étrange pour un peuple étrange
Le jour de Roch Hachana, chaque être humain est jugé. Nos Sages nous ont appris que ce jour-là, tout est décidé pour l’année à venir : notre gagne-pain, notre santé, notre vie même.
Le Talmud précise que lorsqu’une personne attend un jugement – d’un tribunal de ce monde – qui peut éventuellement lui coûter la vie, elle devient le plus souvent extrêmement inquiète. Son inquiétude est telle que toutes les futilités de ce monde ne lui semblent d’aucune valeur. Penserait-on un instant que cette personne veuille aller chez le coiffeur ou se faire les ongles ? Plutôt, on ne serait pas surpris d’apprendre que son anxiété est d’une telle ampleur qu’elle puisse même oublier de manger !
Avec une décision aussi grave en perspective, on penserait que le peuple juif aborde généralement le jour de Roch Hachana à la façon d’une personne qui est dans l’attente d’une décision d’un tribunal de ce monde. Ainsi, il semblerait logique que cette fête – dont la durée est toujours de deux jours – soit remplie de pleurs et de requêtes faites à D-ieu pour qu’Il nous accorde ce dont nous avons besoin. Pourtant, c’est exactement l’opposé qui se passe.
La veille de Roch Hachana, le peuple juif est occupé à aller chez le coiffeur, à se couper les ongles, à soigner la propreté de ses vêtements… Le jour même de la fête – le jour exact où nous sommes jugés – nous prenons part à des repas succulents, la plus belle vaisselle est sortie…
Évidemment, nous passons un grand nombre d’heures à la synagogue. Cependant, même dans cet endroit quelque chose de bizarre se produit. Même si toute l’année nous demandons à D-ieu – à chacune des trois prières quotidiennes – de nous fournir ce dont nous avons besoin pour vivre, à Roch Hachana, nous ne mentionnons pas une seule fois ce sujet dans nos prières ! Toute la liturgie est consacrée à un seul sujet : nous demandons à Hachem d’être notre Roi et d’établir Sa Royauté sur nous et sur la totalité du monde.
Un peu d’explication
 
Si nous devions présenter ce jour-là à D-ieu une liste de nos besoins, nous pourrions tomber dans un piège grand ouvert qui risquerait d’inverser entièrement la nature de notre relation avec le Créateur. Nous pourrions penser – que D-ieu nous préserve – que nous sommes les rois et qu’Il est notre serviteur qui doit répondre à toutes nos commandes.
Cependant, lorsque nous passons tout le matin à la synagogue en proclamant que D-ieu est notre Roi, nous faisons entrer dans notre tête l’idée qu’il existe une autorité qui dirige le monde au-dessus de nous. Si nous faisons d’une façon adéquate notre travail du jour, nous pouvons prendre conscience que parce qu’Il est le Maître de l’univers, D-ieu possède une connaissance parfaite de nos besoins et qu’Il sait – avant qu’on le Lui dise – ce qu’il nous faut pour accomplir notre tâche dans ce monde.
Par conséquent, si nous apprenons à écouter le message de Roch Hachana, nous pouvons arriver à ouvrir les yeux et voir la réalité en face. Dans ce cas, nous pouvons nous exclamer : “D-ieu ! Tu es mon Roi. Je Te laisse décider ce dont j’ai besoin pour l’année à venir. J’ai entièrement confiance en Ton jugement.”
Ceci est également la raison pour laquelle nous pouvons paraître devant le Tribunal céleste en étant détendus, le ventre plein et revêtus de nos plus beaux vêtements. Nous savons que notre vie se trouve entre les mains d’un Dirigeant bienveillant qui désire seulement ce qu’il y a de mieux pour nous. Peu importe la nature du jugement, nous sommes persuadés qu’il sera pour notre bien.
Faire nos devoirs
Même si Roch Hachana dure deux jours – et que cela nous donne amplement le temps d’intérioriser son message – il n’est pas facile de changer aussi vite notre vieux modèle de pensée à propos de l’identité du “patron”. Par conséquent, D-ieu nous a donné un superbe cadeau : le mois d’éloul. Grâce à ce mois, nous avons un mois entier pour réexaminer la qualité de notre relation avec D-ieu et penser plus profondément ce que nous devons faire pour qu’Hachem devienne réellement notre Roi.
Le mois d’éloul exige que nous accordions un certain temps à une méditation bien pensée. Nous sommes supposés réfléchir à nos actions de l’année passée et faire une étude détaillée de notre livre de comptes spirituels afin de faire le bilan sur la nature de notre “commerce” (c’est-à-dire de notre vie) : s’agit-il d’un commerce en plein essor ou – que D-ieu nous préserve – d’un qui bat de l’aile. Évidemment, l’appréciation que nous apportons sur notre “commerce” est faite selon les critères de D-ieu et pas selon les nôtres.
Lorsque nous prenons conscience que nous sommes les serviteurs d’Hachem, nous devons nous demander si nous avons utilisé tout ce qu’Il nous a fourni l’année précédente avec intelligence. Les cadeaux que nous avons reçus sont nombreux et dépendent de la situation de chaque personne : une bonne santé, un gagne-pain régulier… Si nous ne faisons pas ce bilan, nous sommes coupables d’une négligence fondamentale dans la gestion de notre “commerce.”
De plus, il s’agit du moment idéal pour réfléchir sérieusement sur notre interaction avec les membres de notre famille, nos collègues de travail, nos amis… Ainsi, si nous éprouvons de la rancœur envers une personne, ou si nos sentiments sont froissés depuis longtemps suite à une parole ou à un geste particuliers d’une tierce personne à notre égard, éloul est le mois idéal pour mettre à jour ces comptes qui auraient dû l’être depuis longtemps.
Le début du mois d’éloul est également le moment où nous commençons à réciter les prières des Séli’hoth (les achkénases commencent seulement une semaine avant Roch Hachana). Le mot “Séli’hoth” signifie “pardon”. Dans la mesure où D-ieu dirige le monde selon le principe de “mida kénegued mida” (mesure pour mesure), la seule chose que nous pouvons demander à Hachem est de nous pardonner comme nous pardonnons aux autres.
Pardonner aux autres n’est pas toujours facile. Cependant, nos Sages nous ont appris une méthode à deux volets qui est l’idéale pour “ouvrir” notre cœur, et rendre conséquemment le pardon aux autres plus facile. Dans un premier temps, nous devons donner plus de tsédaqa (charité) que nous sommes habitués à le faire les autres jours de l’année. Ensuite, nous devons faire des actes de ‘hessed (générosité) pour le plus grand nombre de personnes que nous pouvons. Lorsque nous cherchons plus que d’habitude à “donner”, nous trouverons que “pardonner” suit d’une façon naturelle.
Un autre aspect important du processus de la téchouva (du repentir) consiste à établir un tableau – ou un graphique – afin d’y noter nos progrès pour l’année qui commence. Les leaders du mouvement du moussar (de l’éthique) nous ont conseillé de prendre le temps de coucher sur le papier nos objectifs (qui doivent être clairs) et les moyens que nous pensons mettre en œuvre pour les atteindre.
Cependant, nos Sages ont accompagné leur recommandation d’une mise en garde : nous devons travailler un ou deux traits de caractère à la fois, pas plus. De fait, une personne qui – par exemple – a l’habitude de se mettre en colère et qui décide de travailler sérieusement cet aspect de sa personnalité a le plus souvent besoin de plusieurs mois avant de pouvoir noter un progrès réel. Cela mérite donc qu’elle y consacre toute son énergie et il est préférable qu’elle ne se disperse pas trop en voulant améliorer un plus grand nombre de ses traits.
Enfin, le mois d’éloul est le moment idéal pour la téfila (la prière). Il peut nous arriver de ne pas savoir comment réparer une relation défaillante avec une tierce personne (membre de notre famille, ami…). Pendant le mois d’éloul, nous demandons à D-ieu de nous aider et nous sommes convaincus que si notre téchouva est sincère, nos prières seront acceptées.
Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi
En hébreu, le mot “éloul ” s’épèle : alef, lamed, vav, lamed. Ceci sont les initiales de la phrase : “Ani Lédodi Védodi Li ” (“Je suis à mon Bien-aimé et mon Bien-aimé est à moi”).
Cette phrase est un verset du Cantique des Cantiques (6:3). Il s’agit d’une description de la relation entre le peuple juif et D-ieu. Lorsque nous utilisons le mois d’éloul pour réveiller notre désir de retourner vers D-ieu, c’est D-ieu Lui-même qui est stimulé à nous pardonner et à nous juger avec compassion le jour de Roch Hachana.
Je vous accorde mes meilleurs vœux pour la nouvelle année. Que celle-ci soit bonne et douce. Puisse le travail spirituel que nous réalisons ce mois-ci éveiller la compassion de D-ieu ; puissions-nous mériter de voir l’arrivée de Machia’h (du Messie) et la reconstruction du Temple ce Roch Hachana.
(Traduit de l’anglais avec la permission de http://www.decoupageforthesoul.com)

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