Servir D-ieu par les gestes et la parole

C'est à chaque instant que nous devons penser qu'Hachem se trouve à nos côtés. Pourtant…

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David-Yits'haq Trauttman

Posté sur 06.04.21

Nous poursuivons notre série sur les prières du peuple juif. Ces articles s'inspirent de la pensée du Rav Chim'on Schwab z.ts.l. telle qu'elle a été exposée dans l'ouvrage Rav Schwab on Prayer, Ed. Artscroll, 2001, (en anglais).

Se laver les mains en se levant
 
Lorsqu'une personne juive se lève, la première chose qu'elle fait est de se laver les mains avant de réciter une bénédiction sur ce commandement rabbinique. Deux raisons nous sont données par les commentateurs pour expliquer ce geste largement répandu au sein du peuple juif, même chez les personnes qui ne sont pas aussi strictes le reste de la journée.
 
La première raison est simple : pendant la nuit, nos mains ont pu toucher certaines parties de notre corps et cela est faire preuve d'une hygiène évidente que de les laver en se levant. Même dans les cas où nous sommes certains que nos mains sont restées propres, le peuple juif a pris sur lui de les laver tout de même. Cette rigueur se retrouve dans les textes de halakha (loi juive), selon lesquels nous devons dans tous les cas nous laver les mains à l'heure du lever.
 
La deuxième raison est spirituelle. À l'époque où le Temple s'érigeait à Jérusalem, les kohanim (les prêtres) commençaient leur service du jour en se lavant les mains. Une nouvelle journée signifiait une nouvelle occasion de servir Hachem et la moindre des choses était de commencer cet 'avoda (service) avec des mains propres.
 
D'autre part, lorsqu'une personne se réveille, elle ressemble à un nouveau-né, une nouvelle créature. Devant cette personne, s'offre un nouveau jour rempli d'opportunités pour servir le Créateur. Cette idée trouve sa source dans le Livre des lamentations (3:23) où il est écrit : “Elles se renouvellent chaque matin ; [D-ieu,] infinie est Ta bonté.”
 
Ainsi, en reprenant nos esprits au petit jour, nous ressemblons aux prêtres du Temple de Jérusalem. Dans les deux cas, nous sommes conscients de la tache qui s'offre à nous et de notre potentiel important pour faire le bien et déclarer notre amour à Hachem. En nous lavant les mains, nous affichons notre volonté de dévouer les heures qui nous séparent de notre coucher à servir le Maître du monde.
 
La 1ière bénédiction du jour
 
Après s'être lavé les mains, nous prononçons la bénédiction : “Sois béni, ô Éternel, notre D-ieu, Roi du monde, qui nous a sanctifiés par Ses commandements et nous a ordonné d'élever les mains.”
 
Voici à qui s'adressent les premières paroles que prononce une personne juive : à D-ieu. Existe-t-il un plus bel hommage que nous pouvons rendre au Créateur ? Dès notre lever, nous faisons Sa volonté et nous Le louons. Ces premières paroles – ainsi que notre première pensée – sont les symboles de notre désir de rester le plus près possible d'Hachem, toujours. La vie du juif n'est pas divisée en deux : une partie où il s'agit de servir D-ieu et une autre, où il vaque à ses occupations, sans prêter grande attention à ce qui touche au Divin.
 
Plutôt, c'est à chaque instant que nous devons penser qu'Hachem se trouve à nos côtés. Certes, lorsque nous Le prions à la synagogue, nous sommes plus enclins à prendre conscience de cela. Pourtant, la majorité du temps, nous nous trouvons ailleurs : dans les transports en commun, au travail, chez nous… C'est précisément dans ces endroits que nous devons nous souvenir que nous ne sommes jamais seuls.
 
Si nous parvenons à cela, nous pourrons attirer sur nous un degré incroyable de Sainteté. C'est celle-ci qui nous fera percevoir la vie sous un nouvel angle : moins futile, moins matérielle ; la vie prendra toute sa signification et nos centres d'intérêt évolueront à la mesure de notre prise de conscience.
 
C'est pour cela que la 1ière bénédiction que nous prononçons chaque jour revêt une importance capitale. À l'image de la navette spatiale américaine – instrument doté d'une puissance phénoménale, mais qui a besoin d'une simple rampe pour s'élancer vers les étoiles – nous possédons un potentiel d'un pouvoir que nous ignorons le plus souvent. En prononçant – chaque jour – des mots saints en guise de premières paroles, nous utilisons une rampe spirituelle qui nous permet de nous élever pour le restant du jour.
 
Non seulement nos premières paroles s'adressent à Hachem, mais nous Lui parlons d'une façon étonnamment simple. C'est en l'absence d'une longue introduction, sans devoir mentionner le mérite de nos ancêtres ou de nos Sages que nous disons au Maître du monde que Le reconnaissons comme le “Roi du monde.” C'est ce sentiment de proximité que nous devons privilégier dans notre dialogue avec D-ieu. Loin des fastes et des apparats des rois de chair et en os, Hachem se veut disponible et à l'écoute de nos paroles. Il nous suffit de les prononcer pour qu'Il les entende !
 
Élever nos mains pour élever notre âme
    
La phraséologie de la bénédiction mérite notre attention. L'expression “nous a ordonné d'élever les mains” permet d'ôter le moindre doute sur la signification profonde de ce lavage des mains. En aucun cas, nous devons penser qu'il s'agit simplement d'une raison d'hygiène. Certes, nous avons mentionné précédemment cette raison, mais nous n'aurions pas une image fidèle à la vérité si nous croyions qu'il s'agit-là de son aspect fondamental.
 
En prononçant la formule “nous a ordonné d'élever les mains”, nous offrons – en quelque sorte – nos mains et le fruit de leur travail au Créateur. En addition du sentiment de proximité dont nous avons fait référence, cela signifie que notre volonté ne reste pas dans la sphère des idées. Plutôt, il s'agit de faire “descendre” le spirituel dans notre vie quotidienne et de transformer les bonnes pensées en gestes concrets.
 
D-ieu n'a que faire des personnes qui Le louent d'une façon hypocrite pour faire ensuite leur propre volonté. Si nos fautes peuvent être l'objet de la Compassion divine, c'est parce que nous pleurons sur elles et que notre volonté de nous améliorer est sans faille. Cependant, lorsque nous complaisons à poursuivre des désirs malsains et opposés à la volonté d'Hachem, nous ne pouvons pas compter sur la Compréhension divine. Imaginons simplement ce qu'un père dit à son fils lorsque celui-ci fait preuve d'une telle hypocrisie.
 
Voici le merveilleux début de la journée de la personne juive : par le corps, les paroles et la pensée, nous rendons hommage au Maître du monde. En démarrant de la sorte notre jour, nous pourrons d'autant plus facilement appeler à l'aide lorsque les tentations se feront trop fortes et trop nombreuses. Devant notre bonne foi, l'aide céleste ne pourra pas nous être refusée. C'est de la sorte que la 1ière bénédiction que nous prononçons chaque jour est une véritable rampe spirituelle.
    
 
À suivre…

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