Combattant

Dans la vie, il est des guerres qu’on ne peut pas arrêter, et sans elles, on n’arriverait nulle part. On doit se réjouir sur la route du champ de bataille, être un vrai combattant!

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 18.03.21

N’importe qui dans la rue vous le dira : assez de toutes les guerres. Plus personne n’a la force de se battre. On veut la paix, le calme, la tranquillité et la sécurité. Et la vérité, c’est qu’ils ont raison.

Mais dans la vie, il y a des guerres qu’on ne peut vraiment pas arrêter. Non seulement cela, mais sans elles, on ne peut pas non plus atteindre nos buts dans la vie, ni changer ou extérioriser l’immense potentiel qu’on a en nous. C’est absurde mais c’est la nature de ces batailles : faire de nous des gens meilleurs.

A ce propos, j’aime beaucoup avoir recours à un exemple parfait qui nous accompagne partout et dans toute situation : celui d’Abraham avinou. Sur cette figure qui nous est si chère, on pourrait écrire sans fin, sans pour autant se représenter la pointe de son immense grandeur, et encore moins comprendre le niveau de sa foi. Dans le traité de Avot, la Michna nous dit : « Abraham avinou a eu dix épreuves, et il leur a toutes fait face, pour que l’on sache quelle était l’affection d’Abraham ». Si vous vous dites que ces épreuves peuvent se compter sur les doigts de la main, il n’y a pas de plus grande erreur. Pas un moment de la vie d’Abraham ne s’écoula sans qu’il ne soit confronté à telle ou telle épreuve. La Michna énumère les dix épreuves les plus grandes et les plus particulières qui ont jalonné la vie d’Abraham. Sa vie était une bataille continuelle, et l’essentiel de ses épreuves venaient tester sa foi.

Le but du monde, de la création de l’homme et de sa présence ici-bas est que l’homme acquière la foi et il en va de même pour les épreuves qu’il a dans sa vie. C’est la raison pour laquelle Abraham avinou est le pilier de la foi dans le monde ; et il a atteint ce niveau de par les épreuves continues qu’il a traversé à chaque instant de sa vie, des épreuves qui l’élevaient encore et encore sur l’échelle de la foi.

C’est un véritable cadeau qu’Abraham avinou, le père de notre nation, soit la tête de file des croyants, et tous les croyants du monde suivent sa voie. Cela nous suffit pour graver dans notre cœur le fait que tant que nous sommes présents dans ce monde, nous sommes en guerre, et pas n’importe laquelle : la guerre de la foi. Et cette guerre ne se terminera pas avant notre dernier jour !

Plus on intègrera cela, mieux on réussira dans la vie et plus on fera face aux épreuves avec joie. Au contraire, plus on s’éloignera de cela et plus chaque épreuve ou difficulté que l’on rencontrera dans la vie nous cassera ou nous fera tomber. L’homme rencontre une certaine difficulté qui contrarie ses projets, il appelle ça une chute, une embrouille, un obstacle ou tout autre nom de son choix, mais s’il comprend que le but de ce monde n’est autre que de se battre, il ne s’en inquiètera pas. Au contraire, il se réjouira de livrer cette bataille, car c’est précisément son but. Ce n’est qu’à travers les combats qu’il se réveille à comprendre ce qu’il traverse et surtout, à renforcer un peu plus sa foi à chaque fois.

Les combats, les chutes et les baisses de régime ne font pas « partie de la vie », elles sont la vie ! Si l’homme comprend cela, il sera joyeux, vraiment, sinon, il n’atteindra jamais la joie authentique.

« Je vais vous raconter de quelle manière on se réjouissait, » dit Rabbi Nah’man de Breslev à ses élèves et se mit à leur raconter l’histoire d’un roi qui voulait transmettre son titre à son fils de son vivant. Au moment le plus joyeux de cette grande célébration, il s’adressa à son fils : « Puisque je peux lire le futur dans les astres et que j’y vois que tu seras déchu de ta royauté, je veux te dire de ne pas être triste quand cela t’arrivera. Sois toujours joyeux. Et quand tu seras dans la joie, moi aussi je serai joyeux. Même quand tu seras triste, et même si tu n’es pas roi, sache que je serai toujours dans la joie. Tu ne peux pas être roi si tu n’es pas en mesure de rester dans la joie même quand tu es déchu de ta royauté. Mais quand tu seras joyeux, de mon côté, je le serai au centuple. »

L’essentiel, c’est de se réjouir même dans les descentes et les échecs. C’est vrai que c’est difficile. Comment puis-je me réjouir de mon échec ? Qui veut tomber ? Si le but, c’est d’être roi, comment ne pas tomber dans la tristesse quand on est déchu de la royauté ? C’est tout notre sujet. C’est ce que Rabbi Nah’man nous enseigne –que l’essentiel n’est pas d’être roi. Le but n’est pas seulement d’atteindre quelque chose, d’arriver à ses fins ; le but, c’est le chemin en lui-même : la bataille, rester fort et joyeux pendant le combat.

Souvent, je vois des gens emplis de lumière, joyeux, heureux, reconnaissants envers le Créateur. Ils disent de tout leur cœur que le mal n’existe pas. Tout semble s’ouvrir devant eux : la prière, l’étude, le travail, la vie de couple… Et soudain, le noir total. On ne comprend pas ce qui se passe. « Monsieur le Rabbin, je suis tombé ! » me disent-ils avec une tête d’enterrement. Mais ils ne comprennent pas que c’est justement maintenant, dans cette situation spécifique, qu’ils doivent se réjouir encore plus ! Maintenant, vous vous battez, c’est pour ça que vous êtes là ! Vous n’avez pas encore atteint votre vocation dans ce monde, vous avez encore énormément de choses à acquérir en route, des choses que l’on peut acquérir justement en traversant ces périodes de noir. Que tout aille comme on le veut, ça n’existe pas. Les « changements de programme » font partie de la vie et pas besoin de baisser les bras, de tomber dans la déprime ou de se décourager à cause de ça. Il faut intégrer le fait que notre bataille va durer jusqu'à 120 ans si D.ieu veut. Et ce n’est pas tout : on a l’obligation d’apprendre à en profiter, c’est-à-dire de se battre et de s’en réjouir.

Quel est notre but dans ce monde ? Que tout soit beau ? Calme ? Qu’on dorme bien ? Rappelez-vous bien d’une chose : si nous sommes là, c’est pour acquérir la raison et la foi. Pour connaitre le Créateur du monde. Et ces choses-là, on ne les atteint qu’en se battant ! Lorsque l’homme se bat dans l’obscurité et la confusion, se surpassant un peu ici, acquérant un peu plus de raison par-là, ajoutant une prière ici, ayant parfois le cœur brisé à en crier de douleur –c’est ça le profit véritable de ce monde-ci. Servir Hachem dans la satisfaction ne vaut pas grand-chose. Pourtant, les anges servent Hachem sans batailles et le font bien mieux que nous… Mais la plus grande satisfaction pour le Créateur, c’est celle qui émane de nos difficultés et de nos batailles personnelles. Ces batailles que l’on livre pour notre existence et notre spiritualité.

Cette bataille, c’est elle qui fait la différence d’une personne à l’autre. Si une personne a compris qu’elle est là pour se battre, elle ne se pose aucune question, elle n’est pas paumée. Les questions surviennent quand elle veut « dormir » : se reposer sur ses lauriers. Mais non ! Il faut se réveiller et regarder ce qui nous arrive droit dans les yeux, appeler un chat un chat, pas une chute ni une baisse de régime, mais un combat ! Une bataille ! Parce que c’est ce que c’est ! Et maintenant, tu vas te lever et continuer à avancer, tu vas te battre : tu en ressortiras plus fort !

Voyons ce que dit Rabbi Nah’man : « Et en cela, beaucoup de h’assidim se trompent, ils ont soudain l’impression d’être tombés dans leur service Divin, mais en fait, il ne s’agit pas du tout de tomber, c’est juste que quand on doit s’élever à un niveau supérieur, les klipotes (l’impureté) se réveillent et se renouvellent –ce sont les envies, les confusions, l’imagination, les pensées, les obstacles…- et il faut donc se surpasser à chaque fois pour briser et soumettre ces obstacles qui se manifestent à chaque niveau ; mais en vérité, cela n’a rien à voir avec une chute ou une régression… » (Likoutey Moaran)

Si tu veux en finir pour de bon avec les combats, il y a une seule et unique façon : demander de passer dans l’autre monde. Là-bas, plus de combats. Là-bas, on se repose. Et comme le raconte la Guemara (Irouvin) : les filles de Rabbi Hassda virent que, même dans ses vieux jours, il s’efforçait dans son étude et dormait très peu, elles lui demandèrent : « Ne voudriez-vous pas dormir un peu ? » Il leur répondit : « Bientôt viendront des jours où j’aurai tout le temps de m’occuper de mon sommeil et très peu pour m’occuper des mitsvotes, alors, je me reposerai… » Le Gaon de Vilna dit quelque chose de magnifique : Quelle est la plus forte envie qui soit au monde ? C’est celle qui se manifeste un instant avant que l’âme ne soit enterrée, elle ressent alors combien elle aurait pu profiter de ce monde au cours de toutes les épreuves et batailles qu’elle a traversées, et la plus forte envie qui soit au monde l’anime : elle se languit de revenir dans ce corps et de progresser encore et encore spirituellement. Alors l’âme crie : « Il faut que je revienne dans ce monde ! Je suis prête à me battre, à tout traverser ! Je ne chercherai pas de repos ! Je promets de ne pas me plaindre, de ne pas pleurnicher ! Je me battrai et aucune chute ne me perturbera, je travaillerai avec joie et ne rechercherai aucun repos !… »

Pourquoi attendre le dernier jour et découvrir tout ce qu’on a loupé, si l’on peut réveiller et adopter cette envie dès maintenant, dans ce monde, à chaque difficulté, à chaque épreuve, à chaque combat ?

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