Consigne : pardonner

Tout ce qu’il faut, c’est deux chaises et une forte volonté de pardonner. A essayer absolument à la maison, testé et approuvé !

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Sharon Rotter

Posté sur 05.04.21

Il m’a blessée. Et ça m’a fait tellement mal. J’ai réagi avec retenue, mais à l’intérieur, mon cœur pleurait. Comment ose-t-il ? Quelle honte et quelle humiliation, et tout cela dans ma propre maison ! Qu’est-ce qu’Hachem essaie de me dire ?

Je me suis remise en cause et j’ai essayé de vérifier si j’avais ma part de responsabilité dans l’histoire, si j’étais innocente de ce dont on m’accusait. Je fouinai dans ma mémoire et je passai sur chaque pièce de mon dossier, sans réussir à trouver une seule preuve de ma culpabilité. La conclusion qui s’imposait était donc mon apparente innocence.

La situation résonnait encore dans ma tête et me fait mal. Mais le temps passait, une semaine, puis une autre, et cette plaie ne se refermait pas. Que faire ? Je n’osais en parler personne, de peur de faire du lachone ara (mauvaise langue), alors j’ai fait la seule chose que je pouvais faire : appliquer les conseils de Rabbi Nah’man de Breslev.

J’analysai cette même personne et j’essayai de la juger positivement. J’essayai de chercher, dans son comportement, une bonne action, même une seule. Effectivement, je n’eus pas de mal à me souvenir de plusieurs bonnes actions dans lesquelles je la savais impliquée. A partir du moment où je vis en elle un peu de bon, elle quitta immédiatement son statut de « mauvais » dans mon esprit.

J’attendais de sa part un signe de pardon ou de regret, mais ça tardait à venir. Si j’avais senti en elle une volonté de se repentir, j’aurais pu m’en servir pour l’élever au niveau où se tiennent les baalé téchouva (les gens qui se repentent), c’est-à-dire au-dessus des grands Tsadikim ! Evidemment, je l’aurais alors complètement pardonnée en mon cœur et j’aurais fermé le dossier.

Devant l’absence de signe de sa part, et puisque je sentais que les choses n’étaient pas finies en ce qui me concernait, je pensais à sa personnalité et à son histoire, ou en tout cas, à ce que j’avais pu connaitre jusqu’alors.  En faisant cela, je réalisai après coup que la situation qui s’était produite était inévitable et qu’en fait, au-delà de la blessure qui faisait que j’étais en colère contre lui, je pouvais faire appel à d’autres sentiments, tels que de la compassion, de la sympathie et de la compréhension pour lui.

J’étais maintenant un peu plus calme et la fosse dans mon âme commençait à se remplir. Je ressentais toujours sa présence, mais ça ne me donnait plus les larmes aux yeux.

Je savais très bien que ça n’était pas arrivé au hasard. Je savais que cela venait d’Hachem et que c’était forcément pour le bien. Je repensais aux humiliations que j’avais dû encaisser, et je savais que j’avais réussi à leur faire face dignement et à gagner encore quelques bons points dans le ciel. Je savais aussi que les humiliations expiaient mes fautes, et pour la première fois, je me réjouis de les avoir méritées.

Si je n’arrivais pas à le corriger, lui, alors j’allais essayer de me corriger, moi. C’était l’occasion « d’entendre une humiliation et de se taire », ce qui est l’essentiel de la téchouva ; c’était l’occasion de garder ma langue et de ne raconter à personne de mon entourage quelle injustice il m’avait infligée, ce qui rapproche la délivrance ; c’était l’occasion de travailler sur moi-même, d’analyser mes actes, et de me rappeler qu’il y a un Créateur du monde qui fait tout pour mon bien. J’avais eu le privilège de tout cela grâce à cette situation -pas simple- que j’avais dû traverser.

Au final, pour nettoyer de façon définitive toute saleté qui restait dans mon cœur, je fis « l’exercice du pardon ». Seule dans une pièce, je m’assis sur une chaise, face à une autre chaise, imaginant qu’il y était assis, et je vidai tout ce que j’avais sur le cœur. A la fin, après avoir tout sorti sans aucune retenue ni restriction, je changeai de place : je m’assis sur l’autre chaise et me demandai pardon en son nom. Je m’expliquai –en son nom- toutes les raisons à ses actes et à son comportement, puis je me suppliai de lui pardonner. Je rejoins ensuite ma place et lui pardonnai de tout mon cœur.

Dès que j’eus terminé l’exercice, je reçus un SMS m’invitant à une réunion se tenant chez lui quelques jours plus tard.

A ce moment-là, je savais que je pouvais passer à autre chose : le fossé s’était refermé et une sensation de reconnaissance m’emplissait à présent. Je me réjouis de tout ce que j’avais eu le mérite de recevoir, et je sus, avec certitude, que tout émanait de la Providence Divine et que tout était pour le bien.

 

Traduit de l'hébreu par Carine Illouz 

 

 

 

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