L’avarice : à combattre !

L’avarice est un très grave et cruel défaut. L’homme avare aime tant l’argent que son cœur est fermé pour ressentir la douleur d’autrui.

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Nous ne savons rien
 
Seul le Créateur connaît exactement les besoins de chacun, son niveau et à quelle étape il se trouve dans sa réparation. Par conséquent, il est inutile de regarder un autre et de le jalouser, car il est impossible de connaître en vérité ses besoins et sa situation, et si sa ‘réussite’ est réelle ou non.
 
Inversement, celui qui est attaché à la finalité du monde doit se réjouir de la réussite de l’autre, car le dessein du Créateur est que tous parviennent à leur réparation (tikoun). La réussite de chacun qui consiste à sortir de sa propre obscurité est un bien pour tous, car le monde se débarrasse ainsi d’un autre fauteur de troubles. Et l’essentiel est que le Créateur du monde se réjouisse de sa réussite, et chacun doit donc désirer la réussite de tous afin de faire plaisir au Créateur.
 
L’expression être ‘heureux de son lot’ signifie être heureux de tout son lot, même lorsque ça ne va pas ; l’homme ayant la foi que c’est pour son bien. Alors, il ne jalouse personne, se contente de faire son travail avec joie et mérite de l’authentique réussite dans ce monde, en trouvant quelle est sa mission et en l’accomplissant.
 
L’avarice
 
L’avarice est un très grave et cruel défaut. L’homme avare aime tant l’argent que son cœur est fermé pour ressentir la douleur d’autrui. A cause de cela, il se conduit avec cruauté, n’a pas pitié des créatures en les aidant par la charité, etc. Il ne ressent même pas sa cruauté et pense qu’il a raison, car l’amour de l’argent l’aveugle, comme il est écrit : “La corruption aveugle les yeux des sages et fausse la parole des justes”. L’homme avare est donc en général haï et maudit, ce qui n’est évidemment pas une bénédiction, ni pour sa vie ni pour son argent.
 
Il existe plusieurs sortes d’avarices :
 
Certains ne sont avares que vis-à-vis des étrangers, mais pas avec leurs proches.
 
Certains se conduisent à l’opposé : à l’extérieur, ils sont dépensiers parce qu’ils recherchent les honneurs ; mais ils sont avares chez eux.
 
D’autres sont avares pour tout le monde ; mais ils sont prêts à dépenser beaucoup d’argent pour eux-mêmes avec une grande facilité et à se choyer.
 
Enfin un dernier groupe est avare envers tout le monde et ne se permet pas non plus de profiter de l’argent dont il dispose. Ces avares là cachent leur argent quelque part et finalement tout est perdu ou d’autres en profitent.
 
C’est à moi !
 
Le défaut d’avarice trouve sa source dans le principe de ‘C’est ma puissance et ma force’ lorsque l’homme pense qu’il a de l’argent grâce à sa force et qu’il lui appartient donc exclusivement, il veut le garder pour son propre usage. Il ne sait pas qu’HaChem enrichit et appauvrit et lorsqu’HaChem veut qu’il ait de l’argent, même s’il le dépense, l’argent continuera à affluer et personne d’autre ne pourra y toucher, ne serait-ce qu’un seul centime. Mais si HaChem ne veut pas qu’il ait de l’argent, aucune astuce n’est utile et ses efforts pour le garder sont vains ; même s’il le cache dans mille coffre-forts, HaChem le lui reprendra.
 
Un bon mari
 
Une des plus graves répercussions de l’avarice est celle de l’homme avec sa famille et qu’il ne ressent pas les besoins de sa femme et de ses enfants, qu’il est cruel à leur égard et ne répond pas à leurs besoins. Chaque dépense à la maison lui semble superflu, ce qui l’entraîne à la colère contre les gens de sa maison, il se dispute avec eux et rend leur vie insupportable.
 
Il n’existe pas de plus grande souffrance pour une femme que celle d’avoir un mari avare, car la nature de la femme exige qu’elle reçoive de l’argent de son mari. Et même lorsque le mari est pauvre, n’a rien à donner et que sa femme comprend la situation, cela très déjà pénible pour elle et elle s’en plaint. A plus forte raison la femme souffre lorsque le mari a de l’argent et qu’il n’est pas généreux avec elle, mais qu’il dépense pour lui et pour les autres.
 
Si le mari croyait en l’enseignement de la sainte Guemara qui affirme que celui qui honore sa femme s’enrichit, il l’honorerait, lui achèterait des habits et des parures, ne la critiquerait évidemment pas et ne se mettrait pas en colère pour ses dépenses, même lorsque ces dernières sont vraiment superflues. Il y a deux raisons à cela : a) la colère cause la perte de la subsistance, b) honorer sa femme apporte la subsistance.
 
On enseigne aussi dans la Guemara (traité ‘Houlin 84b) : “L’homme doit toujours manger et boire en dessous de ses moyens, s’habiller et se couvrir selon ses moyens, mais honorer sa femme et ses enfants au-dessus de ses moyens”.
 
C’est un des rares commandements où le Créateur exige que l’homme dépense au-dessus de ses moyens. Même pour la glorification d’un commandement (hidour mitswa), nos Sages de mémoire bénie ont enseigné que l’homme ne peut dépenser que le tiers de sa valeur et à de nombreuses reprises il est dit que la Tora protège l’argent de l’homme.
 
Néanmoins, honorer sa femme est très important aux yeux d’HaChem béni soit-Il et Il ordonne à l’homme, même s’il n’a pas les moyens de le faire, de ne pas s’en acquitter en raison d’un cas de force majeure, mais de faire tout son possible pour l’honorer, prier pour cela, insister, lutter et emprunter, même s’il pense rembourser avec beaucoup de difficultés.
 
Sache que lorsque le mari a la forte volonté d’honorer sa femme et ses enfants même au-delà de ses possibilités, le Créateur l’aidera sûrement et lui en donnera les moyens, car Il a ordonné ce précepte. Cela n’est pas le cas pour les autres préceptes, où même si l’homme veut les accomplir au-dessus de ses moyens – s’il veut construire des Yéchivoth, soutenir ceux qui étudient la Tora (ce qui est très important) et demande au Créateur qu’Il l’aide à accomplir ces préceptes – il n’est pas certain qu’HaChem agrée sa demande, car Il n’a pas ordonné à l’homme d’exécuter les autres commandements au-dessus de ses moyens.
 
En revanche, puisqu’HaChem ordonne à l’homme d’honorer sa femme au-dessus de ses moyens, si l’homme s’engage à accomplir ce précepte de toutes ses forces, il est certain que le Créateur lui en donnera la possibilité.
 
Par conséquent, même lorsque l’homme se trouve dans une situation difficile, jamais il ne doit dire à sa femme : ‘Je n’ai pas d’argent’ – mais il lui dira : ‘Oui, ma femme, j’achèterai ce que tu désires, je prierai, je n’épargnerai aucun effort ! Tu recevras ce que tu désires, avec l’aide d’HaChem’. Lorsque le Créateur verra son authentique volonté, Il l’aidera, et le mari méritera d’honorer sa femme et ses enfants au-dessus de ses moyens.
 
Une séparation difficile
 
L’homme croyant n’est pas avare, parce qu’il croit et fait confiance au Créateur et non pas en son argent. Et il connaît cette règle immuable : L’argent et l’homme ne sont pas coexistant, soit on prend l’argent de l’homme, soit on sépare l’homme de son argent !
 
Selon cette règle, celui qui compte sur son argent, se fie en fait à quelque chose qui est voué à la perte par l’une de ces deux manières : soit on lui prendra son argent, comme on voit chaque jour des gens qui ont couru et peiné toute leur vie pour amasser de l’argent, le garder précieusement et pour finalement tout perdre et mourir criblé de dettes, qu’HaChem ait pitié. Et ils ne laissent à leurs héritiers qu’un paquet de dettes.
 
Soit on le sépare de son argent. C’est-à-dire que l’argent reste, mais que l’homme lui-même devra le quitter, soit par sa mort, ou même avant, lorsque l’homme ne pourra plus profiter de son argent. Nous voyons souvent dans le monde des milliardaires qui souffrent de toutes sortes de maladies, deviennent incapables à profiter de leur argent et reconnaissent ouvertement qu’ils préfèrent la santé à leur richesse qui ne peut les sauver de leur grand malheur. Il s’ensuit qu’ils ont détruit leur santé pour amasser leur fortune et maintenant la dépensent pour la retrouver.
 
Pension complète
 
L’homme croyant a la foi que celui qui donne la vie est le Créateur, loué soit Son nom, et que Celui qui lui donne la vie lui donne aussi de quoi vivre, une habitation, des habits, la nourriture, etc. en un mot la pension complète.
 
Par conséquent, il sait que tant que le Créateur désire qu’il vive, Il lui donnera évidemment de quoi vivre. Et lorsque le Créateur voudra qu’il meure, tout l’argent du monde ne pourra le sauver. Pourra-t-il en effet corrompre l’ange de la mort pour qu’il le laisse vivre ? Il s’ensuit que l’homme croyant vit paisiblement et tranquillement grâce au mérite de sa foi, car il sait que le monde possède un bon ‘Patron’ qui se soucie de lui, comme du reste des créatures.
 
Le Créateur prend plaisir à ta joie
 
Un homme croyant a la foi que celui qui lui donne de l’argent aujourd’hui peut lui en donner aussi demain, il n’a donc pas peur de le dépenser. Et non seulement il n’est pas avare, mais il est aussi heureux d’utiliser son argent pour tous ses besoins, car il croit que c’est précisément pour cela que le Créateur lui donna cet argent.
 
En revanche, l’homme qui n’est pas croyant craint d’utiliser son argent, car il peur de se retrouver le lendemain sans le sou. Il est dit à son propos (traité Sota 48b) : “Parmi ceux qui manquent de foi, celui qui a du pain dans son panier et qui dit : Que mangerai-je demain ?”.
 
Et il faut savoir que le Créateur éprouve Lui-même du plaisir lorsque l’homme utilise son argent avec joie. A quoi cela est-il comparable ? Au père qui donne de l’argent à son fils chéri, afin qu’il vive largement et qu’il ne lui manque rien.
 
Mais s’il voit que son fils vit chichement en se restreignant et qu’il ne profite pas de l’argent qu’il a reçu, il se désole et pense : Pourquoi lui ai-je donné de l’argent, sinon pour qu’il vive bien et qu’il ne manque de rien ? Pourquoi vit-il dans la pauvreté et dans les privations ?
 
Il en est de même avec le Créateur, qui est notre Père aux Cieux. Lorsqu’Il donne de l’argent, c’est pour que l’homme vivre largement et qu’il ouvre sa main à son frère, car c’est Sa volonté et Son plaisir que l’homme utilise son argent joyeusement. Toutefois, la volonté divine décrète à propos de certains qu’ils doivent vivre dans la pauvreté, car c’est la meilleure situation pour eux. En revanche, un homme qui ne subit pas ce décret – mais qui a de l’argent et limite ses dépenses, se prive et vit une vie de misère – fait souffrir le Créateur.
 
Les dépenses autorisées
 
Lorsque l’homme dépense de l’argent pour un commandement, y compris pour honorer sa femme et ses enfants, au même instant sa qualité de confiance se révèle – c’est-à-dire qu’il place sa confiance dans le Créateur et non en son argent – car il sait que lorsqu’il dépense son argent pour faire la volonté divine, cela n’engendrera certainement aucune privation.
 
Lorsque l’homme fait la charité (tsedaka), cela est considéré comme un prêt au Saint béni soit-Il, comme il est écrit (Proverbes 19:17) : “Donner au pauvre c’est prêter à HaChem” – et selon la loi des emprunts, HaChem doit lui rembourser cet argent.
 
C’est une des raisons pour lesquelles celui qui donne la dîme a le mérite de s’enrichir, car comme il prodigue des bienfaits avec l’argent qu’HaChem lui donne, HaChem continue donc à lui prodiguer Ses bienfaits.
 
Il est encore écrit : Le Ciel éprouve de la compassion pour celui qui en a envers les créatures. Car des Cieux on se comporte avec lui mesure pour mesure. Mais s’il se conduit avec cruauté, alors des Cieux on se conduit aussi avec lui mesure pour mesure, et la miséricorde céleste se retire. Il est même certain qu’il connaîtra de grands malheurs à cause de sa cruauté et qu’il ne pourra déjà plus profiter de son argent.
 
Par conséquent, celui qui croit à tout ce qui précède dépense joyeusement, partout où la dépense se conforme à la volonté divine.
 
À suivre…

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