Papa, pourquoi on ne décolle pas ?

Elle voulait voler. Elle avait un très bel avion avec tous les bons boutons. Elle était sur le point de réussir et pourtant, elle n'a pas réussi. J'aurais voulu l'aider...

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le rabbin Erez Moché Doron

Posté sur 06.04.21

Elle voulait voler. Elle avait un très bel avion avec tous les bons boutons. Elle était sur le point de réussir et pourtant, elle n’a pas réussi. J’aurais voulu l’aider.
  
 
J’ai amené ma fille dans un parc d’attractions. Elle voulait monter dans un avion.
 
Elle s’installa et ferma sa ceinture. Elle rayonnait de joie. Le manège se mit en marche. Les autres enfants pressèrent le bouton pour décoller et ils décollèrent. Mais ma fille restait sur le sol.
 
Au début, elle ne réalisait pas que quelque chose ne tournait pas rond, mais ensuite elle commença à s’inquiéter. Les autres enfants montaient de plus en plus haut, pendant qu’elle restait sur le sol. Le temps passait vite et elle comprit que son temps était limité.
  
Je pouvais voir la pression et l’inquiétude assombrir son visage.
 
Alors que j’étais debout et que je l’observais, mon coeur se serrer avec peine. J’avais amené mon enfant ici pour avoir du bon temps. Elle voulait voler. Elle avait un très bel avion avec tous les bons boutons. Elle était sur le point de réussir et pourtant, elle n’a pas réussi. J’aurais voulu l’aider.  
 
J’ai essayé de lui faire signe de pousser le bouton. Juste pousser ce bouton !
 
Une minute était passée, et encore une. 
 
Elle continua à faire des cercles sur le sol à son grand désespoir. C’est alors qu’elle me vit ! Nos yeux se croisèrent et elle comprit mes gestes. Elle se pencha rapidement en avant et poussa tous les boutons, et – oui ! Elle s’envola dans les airs !
 
Elle n’a pu faire qu’un demi-cercle avant que cela ne soit fini.
 
Lorsqu’elle fut descendue de l’avion, elle était rayonnante. Elle a été dans l’avion et elle a volé !
 
Est-ce que vous comprenez ?
 
Mon Père qui est au Ciel m’avait aussi amené dans un parc d’attractions géant. J’avais un très bel avion mais au lieu de voler, je roulais sur le sol comme avec un tricycle.
 
Je pensais que c’était le plus grand des plaisirs possibles. Je roulais sur le sol, en pensant que c’était tout ce qu’il fallait faire. J’ai vécu dans le monde et ma vie était une routine de joie, de tristesse, d’amour, d’envie, de satisfaction et de mécontentement. C’est alors que d’une certaine manière j’entendis le message d’en Haut et j’eus peur. "Ce n’est pas possible qu’il n’y ait que ça. Il doit y avoir quelque chose d’autre !" Je commençais à comprendre…
  
Autour de moi, il y a ceux qui ont décollé. Je peux entendre de loin leur cri exubérant; ces voix ne me donnent pas de repos. Je réfléchis : "Je suis entrain de rater quelque chose" et pourtant j’ai l’impression de rester au sol.
   
Pendant tout ce temps, mon Père se trouve debout, à une certaine distance et en me faisant des signes. Pourtant, je ne lève pas souvent mes yeux pour Le trouver.
 
Combien d’années peut-on vivre dans ce monde sans s’élever soi-même, sans nous permettre de voler? Combien de douleur et de souffrance peut endurer un enfant et un Père, alors qu’il ne s’agit que d’un petit bouton ? 
 
Le bouton, c’est la prière !
 
Un être humain – et seulement un être humain – peut, et a le besoin, de prier pour ce qui lui manque.
 
La prière signifie la reconnaissance de l’existence de la Source d’abondance, la Seule qui a la compétence de donner et de prendre. On réalise qu’il n’y a aucune raison pour que l’on reçoive tout ce dont on a besoin et que les forces de la nature sont un euphémisme pour la volonté du Créateur.
   
Lorsque celui qui prie reçoit en abondance ce qu’il recherche, cela engendre une qualité spirituelle. C’est une part du Divin. Tout dans la création est nourri par le Créateur, mais dans le moyen de subsistance de chaque chose, manque un ingrédient vital : la connaissance de D-ieu, la proximité de D-ieu, la Lumière Infinie. Cette étincelle est réservée à ceux qui prient.
  
Lorsqu’on reçoit ce dont on a besoin à travers la prière, on ressent une intimité particulière avec Hachem. Les détails de notre routine journalière deviennent une raison pour se tourner vers Hachem, en créant des voies qui nous conduisent vers le Divin, et ce qui en résulte est une merveilleuse conversation avec Celui qui “parla et le monde fut créé”.     
 
Rabbi Na’hman a dit à propos d’une personne qui ne prie pas : "Bien que Hachem lui donne des habits, sa subsistance et tout ce dont elle a besoin pour vivre, sa vie entière ressemble cependant à celle d’un animal, car Hachem donne aussi les moyens de subsistance aux animaux. Puisque cette personne n’utilise pas son énergie en priant Hachem, l’énergie de sa vie est comme celle d’un animal. Un homme doit tirer toute l’énergie de sa vie et de ses besoins d’Hachem par le moyen de la prière et des supplications, à l’exclusion de tout autre moyen." (Si’hoth HaRan 233)
 
Selon Rabbi Nathan, la raison pour laquelle Hachem l’a tellement aidé durant ses vieux jours est parce qu’il consacrait tous les jours un temps bien précis pour se consacrer à Hitbodédouth et pour parler – en privé – avec son Créateur. De fait, Rabbi Nathan ne pouvait rien faire sans en parler en premier à Hachem !
 
Rabbi Nathan nous a appris qu’un certain Motsé Chabath (un samedi soir, à la fin du Chabath), Rabbi Na’hman lui parla de la cave de Éliyahou Hanavi  (Elijah le Prophète) qu’il avait visité durant son séjour en Eretz Israël (en Terre d’Israël). Parmi ses saintes paroles, Rabbi Na’hman a dit : “Je pense que Éliyahou Hanavi faisait Hitbodédouth dans cette cave.” Quand Rabbi Na’hman a dit cela, Rabbi Nathan est devenu tout excité face à la nouveauté de cette idée ; celle-ci lui permit de prendre conscience que Éliyahou était un être humain qui – grâce à Hitbodédouth – a pu atteindre un niveau spirituel tellement élevé qu’il n’a jamais goûté le goût de la mort ! Rabbi Nathan a compris par les paroles saintes du Rabbi que même Éliyahou avait atteint son niveau grâce à Hitbodédouth et que tous les tsadiqim ont atteint leur niveau uniquement grâce à Hitbodédouth
 
Un jour, Rabbi Na’hman parla du cœur brûlant de Avraham Avinou (Abraham notre père) à ses ‘hassidiques. De fait, Avraham fut le premier à servir son Créateur, jour et nuit  en toute abnégation et à faire connaître le Nom de D-ieu au monde. En plein milieu de la sainte discussion du Rabbi, quelqu’un soupira de tristesse : “Que faut-il faire pour posséder un cœur d’une telle qualité ?”   
 
Rabbi Na’hman réprimanda cette personne et lui dit : “Toi aussi tu as un coeur comme cela ; cependant, tu ne le réchauffe pas !” Tous les hommes possèdent le libre-arbitre et tous – aussi petit soient-ils – peuvent atteindre le plus haut niveau [spirituel]" (Parparoth le’Hakhmam, introduction).
 
De la même manière, Rabbi Nathan a écrit à son fils : “Hachem ne considèrent pas les mondes supérieurs – dans lesquels tous les anges Le servent dans la peur et la crainte – d’un niveau plus élevé que la conversation et la prière d’une personne dans ce monde ici-bas" (Mikhtavé Moharnat, ‘Alim leTroufa, 202)
 
Nous n’avons pas besoin d’un talent particulier ou d’une connaissance antérieure, aucune condition préalable n’est requise. Mais nous avons besoin d’un ardent désir. Nous avons besoin de croire en notre Père et de réaliser qu’Il veut que nous décollions. Nous avons juste à pousser le bon bouton, le bouton de la prière.
 
(Reproduit avec l’aimable autorisation de: levhadvarim.com)

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