Une montagne en or

Il n'existe pas d'idolâtrie plus terrible que la poursuite de l'argent. C'est à cela que fait allusion Rabbi Na'hman lorsqu'il décrit la “montagne en or et un château en perles.”

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

 Plus tard, [le vice-roi] se réveilla. “Où suis-je donc sur cette terre ?” demanda-t-il au serviteur. [Le serviteur] lui raconta toute l'histoire… Tant de soldats étaient passé, puis ce fut le carrosse. Elle avait pleuré sur lui… elle avait crié : “Quelle pitié pour lui et pour moi !”. Entre temps, il regarda et vit le foulard près de lui. Il demanda : “D'où vient cela ?”

Le serviteur répondit : “Elle a laissé cela ; elle a écrit dessus avec ses propres larmes !” Le vice-roi saisit le foulard et l'éleva face au soleil. Il commença à distinguer les lettres. Il lut ce qui était écrit : ses plaintes et ses cris… et que maintenant, elle ne se trouvait plus au château mais qu'il cherche une montagne en or et un château en perles : là-bas, tu me trouveras !…

La princesse informe le vice-roi que dorénavant, elle ne se trouvera plus dans le premier château. Plutôt, il doit chercher une montagne en or et un château en perles. C'est dans cet endroit qu'il la trouvera.
 
En faisant référence à ces endroits, Rabbi Na'hman de Breslev fait allusion à notre exil actuel qui est symbolisé par un désir ardent d'argent. De nos jours, la Chekhina (la Présence divine) et l'émouna (la foi) sont tombées à un niveau profond et se trouvent au beau milieu des qélipoth (les forces du mal). Cette chute a été si forte que la Chekhina (la Présence divine) et l'émouna (la foi) ont atteint la cinquantième porte de l'impureté spirituelle, le niveau imaginable le plus bas.
 
Ce niveau est atteint lorsque le désir d'argent devient tout puissant. Lorsque cela est le cas, il inclut toutes les formes d'idolâtrie. De fait, il n'existe pas d'idolâtrie plus terrible que la poursuite et la recherche de l'argent. C'est à cela que fait allusion Rabbi Na'hman dans son histoire lorsqu'il décrit la “montagne en or et un château en perles.”
 
En vérité, de toute son histoire, le monde n'avait jamais été le témoin d'une génération comme la nôtre. D'une façon ou d'une autre, la plupart d'entre nous sommes atteints-es de cette maladie : le désir d'argent. Il est extrêmement rare de rencontrer une personne qui ne désire pas posséder plus d'argent. Il est important de se rendre compte qu'il est difficile de se sortir de ce type de désir malsain et effrayant ; à bien des égards, il est bien plus terrible que tous les autres types de désirs.
 
C'est sans doute pour cette raison que dans l'histoire “Le Maître de prière”, Rabbi Na'hman fait dire au personnage principal de l'histoire que le désir d'argent est le plus difficile de tous les désirs et qu'une personne atteinte par ce désir possède peu de chances de pouvoir s'en sortir. Je vous conseille de lire cette histoire et les conseils de Rabbi Na'hman pour se sauver de ce désir.
 
La raison pour laquelle il est extrêmement difficile de se débarrasser du désir d'argent que des autres désirs – tels que le désir de manger ou de l'envie de femmes, qui présentent leurs propres difficultés – est que nous ne pensons pas sans cesse à ces derniers. De fait, il nous arrive plus ou moins souvent de nous sentir libérés de ces désirs. Par exemple : après un bon repas, qui pense encore à manger ? Lorsqu'une personne a la panse bien remplie, il devient possible de lui parler de concepts élevés. Une personne rassasiée est souvent réceptive au discours du repentir, de la foi et du retour vers D-ieu.
 
La situation est identique pour les personnes qui pensent souvent aux plaisirs charnels : selon les heures, ces personnes n'y pensent pas particulièrement. Dans leurs cas aussi, il devient alors possible de leur parler de repentir et d'émouna (de foi).
 
La situation est bien différente en ce qui concerne le désir d'argent. Les personnes atteintes par ce désir malsain sont noyées dans leur passion vingt-quatre heures sur vingt-quatre ! Dès l'instant où ces personnes ouvrent un œil, elles commencent à penser à l'argent : “Comment vais-je faire pour gagner de l'argent ; que dois-je faire pour avoir plus d'argent qu'hier ?” Etc.
 
Ce genre de pensées capture tout le jour l'esprit de ces personnes. La seule chose à laquelle pensent ces victimes est l'argent. La nuit, le sommeil devient fuyant ; elles tournent dans tous les sens dans leur lit et pensent sans s'arrêter à l'argent. De nouvelles idées surgissent dans leur cerveau pour gagner plus d'argent ; leurs rêves possèdent souvent ce sujet : l'argent. La situation dramatique dans laquelle se trouvent ces personnes les rend sourdes aux paroles spirituelles, à celles de la foi et à la notion de D-ieu.
 
Lorsque nous essayons de parler à une personne atteinte du désir d'argent de l'objectif suprême dans la vie, notre discours se heurte à des oreilles sourdes et à un cœur scellé. Tandis que nous prononçons nos paroles, son manque d'attention nous saute aux yeux.
 
Tout au plus, cette personne nous écoute poliment quelques instants, en opinant de la tête. Cependant, le plus souvent, ses yeux la trahissent et sont les témoins qu'elle ne comprend pas ce qu'on désire d'elle. Voici ce qu'elle pense : “Pourquoi perdre mon temps – qui est précieux – pour des balivernes ? Plutôt, je devrais réfléchir à ce que je pourrais faire pour gagner plus d'argent…”
 
Qui est réellement riche ?
 
Nous apprenons de tout cela que le tiqoun de cette génération sont la “montagne en or et le château en perles.” Cela signifie que nous devons briser notre désir pour l'argent et avoir une confiance entière en Hachem. Ce que nous possédons – peu importe ce dont il s'agit – doit être la raison d'une source importante de joie et de satisfaction pour nous. Nous devons réellement penser que nous vivons sur une montagne en or et dans un château en perles. Si l'on nous demandait si nous manquions de quelque chose, notre réponse serait négative : nous possédons véritablement toute la richesse du monde !
 
Peu de personnes possèdent une émouna (foi), une confiance et une joie de ce type. La joie dont nous parlons est celle typique des personnes qui sont satisfaites de leur lot au point où elles se sentent l'équivalent de véritables millionnaires. Ces personnes ont l'impression qu'elles vivent sur une montagne en or et dans un château en perles. Aussi longtemps que nous ne pensons pas de la sorte, il nous est impossible de sortir la princesse. Sans briser notre désir pour l'argent, la véritable émouna est hors d'atteinte et la présence de D-ieu dans notre vie un concept vide de sens.
 
Dans le Liqouté Moharan (I:13), Rabbi Na'hman a écrit : “Prendre conscience de la présence de D-ieu dans notre vie est impossible aussi longtemps que nous ne brisons pas notre désir pour l'argent…”
 
Il abandonna son serviteur et partit tout seul la chercher…
 
Dans ce passage de l'histoire, le vice-roi grimpe de niveau spirituel. Il laisse derrière lui son serviteur – c'est-à-dire l'aspect animal de son âme – et part seul chercher la princesse. Cela signifie qu'il est parvenu à se purifier et à se nettoyer de tous les désirs de ce monde. Le résultat est qu'il ne possède plus aucun rapport avec l'aspect animal et physique de son âme. Partant, le vice-roi ne possède plus qu'un seul désir : servir D-ieu, sauver l'émouna de son exil ; en d'autres termes : sauver la princesse.
 
Nous constatons qu'à partir de ce point de l'histoire, la recherche et les requêtes du vice-roi prennent une nouvelle forme. De fait, dès l'instant où le vice-roi tourne son dos à ce monde-ci – c'est-à-dire qu'il ignore les appels pressants de son corps et qu'il laisse derrière lui l'aspect animal de sa personnalité – sa recherche obtient un regain d'énergie et de vitalité. Il ne ressent aucune fatigue et aucun besoin de faire une pause. Le vice-roi ne connaît plus les chutes et il ne rencontre plus d'entraves qui pourraient le retarder.
 
La nouvelle situation lui permet d'acquérir plus de confiance en lui et de faire des efforts plus conséquents dans sa recherche. Peu importe le type d'obstacles qu'il rencontre, il est chargé d'une force suffisante pour y faire face. Même les embûches que lui placent devant lui les plus grands Tsadiqim et les personnes plus puissantes que lui ne représentent rien. Dans tous les cas, elles ne possèdent pas le pouvoir de le décourager ou de freiner sa conviction. Le vice-roi n'est plus atteint par les confusions qui étaient les siennes auparavant. Tout cela lui permet – en fin de compte – de pouvoir faire sortir la princesse et de la sauver.
 
Il la chercha de nombreuses années. Il pensa qu'en pays habité, il ne trouverait sûrement pas de montagne en or, ni de château en perles. De fait, il était expert en chroniques et en cartes du monde. “J'irai donc chercher dans les déserts.” Il alla dans les déserts la chercher pendant de nombreuses années
 
Nous lisons à plusieurs reprises les différentes étapes de la recherche de la princesse et le nombre important d'années de sa durée. Nous apprenons de cela que la recherche pour l'émouna parfaite demande une grande patience et une persévérance évidente. Dans le domaine spirituel, une personne ne peut pas franchir les étapes aussi rapidement qu'elle le désire ; cela prend du temps. Avant de pouvoir constater un résultat tangible de nos efforts, beaucoup de temps doit s'écouler.
 
Il est également important de relever que durant les différentes phases de sa recherche, le vice-roi continue sans interruption à faire hitbodédouth ; cela lui permet d'acquérir la tranquillité d'esprit dont il a besoin pour atteindre son objectif. C'est pour cette raison qu'il est écrit dans l'histoire que le vice-roi “réfléchit et se dit…”
 
À suivre

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