Le goût et l’odeur de mon âme

Je me retrouvai plongée dans un monde d'obscurité et je ressentis immédiatement un sentiment de vulnérabilité...

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Libi Astaire

Posté sur 06.04.21

Le 15ième jour du mois juif de chevat (janvier-février), nous célébrons la fête de Tou BiChevat, le nouvel an des arbres. Une coutume largement répandue consiste à manger ce jour-là des fruits de la Terre d'Israël. Une coutume un peu moins connue – recommandée par les Sages du Talmud – est de prier le jour de Tou BiChevat pour un bel étrog.

L'étrog (photo ci-deÈtrog pour la fête de soukothssous) est l'agrume qui fait partie des quatre espèces de végétaux qu'on utilise pendant la fête des cabanes (Soukoth). Pendant les semaines qui précèdent la fête de Soukoth, trouver un bel étrog est une priorité de premier ordre. Cependant, lorsque nous célébrons la fête de Tou BiChevat, Soukoth est seulement dans huit mois (ou neuf durant les années bissextiles). Pour quelle raison devrions-nous nous sentir concernés-es par la recherche d'un étrog aussi longtemps à l'avance ?
 
Pratiquement parler, nous savons que l'étrog – contrairement à l'argent – pousse sur un arbre et qu'il exige un travail long et attentionné (ainsi qu'un climat favorable) pour être produit en grande quantité. Par conséquent, il semble logique de prier à Tou BiChevat – lorsque la croissance de l'étrog en est à ses premières étapes – pour que l'arbre de notre futur étrog rencontre les conditions favorables à la croissance de ses fruits. Cependant, il existe une autre raison qui explique notre prière.
 
Chacune des quatre espèces de végétaux qui sont utilisées pendant la fête de Soukoth symbolise une partie différente du corps. L'étrog représente le cœur. Par conséquent, considéré sous son aspect symbolique, l'enseignement de nos Sages nous apprend qu'à Tou BeChavat, nous devons prier pour obtenir un bon cœur qui sera notre “avocat de la défense” lors de Roch Hachana (le jour de l'an juif) et de Yom Kipour (le Jour du Grand pardon).
 
Même s'il n'est jamais trop tôt pour commencer à prier pour avoir un bon cœur, lorsque nous devons en cultiver un – comme cela est le cas avec un verger d'étrog – la prière ne représente qu'un des aspects (même s'il est essentiel) du processus. De fait, nous devons également nous adonner au travail de préparation des mois à venir afin que la réponse à nos prières pour un bel étrog tombent sur une terre fertile. Les métaphores de la fête de Tou BiChevat – empruntées à la nature – nous indiquent le chemin à suivre.
 
Le goût et le parfum – Tora et âme
 
Le jour de Tou BiChevat, de nombreuses personnes ont l'habitude d'organiser un séder de Tou BiChevat. À l'occasion de ce repas, on consomme généralement une étonnante variété de fruits. L'immense majorité de ces fruits sont un véritable délice pour le goût et pour l'odeur.
 
D'autre part, pendant la fête de Soukoth, parmi les quatre espèces de végétaux que nous utilisons, un seul possède un goût et une odeur agréables : l'étrog. Ainsi, ce fruit est sans doute l'archétype pour une signification profonde de ces deux attributs.
 
Selon la kabbale, le goût fait référence au da'ath, un mot hébreu qui signifie “connaissance” ou “savoir véritable”. Quant à l'odeur, elle fait référence à l'essence de l'âme juive.
 
Grâce à notre âme, nous pouvons nous lier à la lumière infinie de D-ieu. Si ce lien était interrompu, nous cesserions immédiatement d'exister. Pourtant, nous ne pouvons pas voir, entendre, sentir ou goûter ce lien avec l'infini. Tout ce que nous pouvons faire, c'est le connaître grâce à notre da'ath.
 
D'aath ne fait pas référence à un savoir qu'il est possible de quantifier grâce à des formules scientifiques ou que nous pouvons décrire par le langage ou par un dessin. Da'ath, considéré à son niveau le plus simple, correspond au savoir que chaque personne possède qu'il ou elle existe. De quelle façon savons-nous cela ? Les philosophes ont répandu une quantité phénoménale d'encre afin d'essayer de répondre à cette question. Pourtant, en fin de compte, l'existence n'est pas un concept qui peut être prouvé. Il s'agit plutôt de quelque chose que nous savons, tout simplement.
 
Le da'ath nous apprend également que cette existence possède un sens, qu'il existe un centre moral à l'univers et qu'il y a certaines choses que nous pouvons ressentir, au-delà de nos cinq sens. Par conséquence, nous ne devons pas être surpris-es que selon la pensée kabbalistique, le da'ath fasse également référence aux sens profonds de la Tora.
 
Approchée sous son aspect extérieur, la Tora peut être quantifier en utilisant les statistiques : X quantité de “faites” ; X quantité de “ne faites pas”… Cependant, c'est le sens profond de la Tora qui nous lie avec l'infini et nous apprend la signification réelle des 613 mitswoth. C'est en approfondissant les aspects profonds des lois et des histoires que nous commençons à “goûter” la véritable essence des enseignements de la Tora. L'étude de la Tora nous fournit la nourriture de l'âme et c'est cette nourriture qui, à son tour, est utile pour mettre en valeur l'odeur de l'âme.
 
Cependant, selon Rabbi Yéhouda Leib Eiger de Lublin, auteur du livre “Torath Émeth”, le goût et l'odeur d'une personne “dépendent de sa pureté d'âme.”
 
Étudier la Tora en tant qu'exercice purement intellectuel n'est pas suffisant. Les enseignements bibliques doivent nous pénétrer et ils doivent pénétrer les recoins les plus profonds de notre cœur. Toutes les influences extérieures qui obstruent les artères du cœur doivent être nettoyées et de l'espace doit être fait pour une nouvelle façon de penser et de vivre, selon les enseignements de la Bible et de nos Sages.
 
Selon la 'hassidouth, le résultat final de ce processus de nettoyage permet d'obtenir un cœur qui est pur et débarrassé entièrement des soucis et de toutes les formes d'inquiétude. Cela est possible car la personne qui possède un cœur pur fait totalement confiance à D-ieu. Tous les “fruits” qui sont servis à cette personne pendant sa vie – même les plus aigres et les plus amers – sont perçus comme succulents et agréables car elle sait que tout vient de D-ieu et que par conséquent, ils sont forcément bons.
 
Une personne qui parvient à comprendre cela, n'est pas aveugle devant les difficultés de la vie ; également, elle n'est pas insensible aux problèmes des autres personnes. Plutôt, elle fonctionne dans une sphère différente – celle du da'ath – et ceci l'aide à voir au-delà des aspects extérieurs et physiques des problèmes relatifs à la vie dans ce monde. De fait, elle perçoit ces problèmes selon leurs sens spirituel et essentiel qui les lient à D-ieu.
 
Même si la personne s'occupe de la gêne physique causée par une difficulté spécifique, si elle possède un cœur pur, elle fait aussi appel à D-ieu afin de Lui demander : “Que suis-je censé-e apprendre de tout cela ? Que dois-je faire afin de corriger mon âme ? Que suis-je censé-e faire pour les autres que je n'ai pas encore fait ? Que dois-je faire pour changer la nature apparemment négative de cet évènement en une leçon enrichissante de croissance spirituelle pour mon âme ?”
 
Même si atteindre un tel état élevé dans lequel le cœur est débarrassé entièrement des soucis et de toutes les formes d'inquiétude – et dans lequel l'amertume des citrons peut être transformée en la douceur de la citronnade – n'est pas facile, une étude rapide de deux psaumes écrits pas David HaMelekh (le Roi David) peut nous aider à y arriver.  

 
À suivre…
 
(Libi Astaire est une artiste, une femme écrivain et une réalisatrice de courts-métrages. Elle vit à Jérusalem. Pour visiter son site Internet : http://www.decoupageforthesoul.com)

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