Pourquoi en Israël ?

La question que la dame me posa était difficile. J'étais habitué aux questions du genre : “Pour quelle raison perdez-vous votre temps à étudier des textes anciens ?”

5 Temps de lecture

Ya'aqov Rupp

Posté sur 06.04.21

“Prends le combiné et répond à ma grand-mère !” mon ami m'interpella. En même temps, il me tendait le téléphone duquel j'entendais la voix de sa grand-mère qui commençait à s'impatienter.

Je rentrais à l'instant de la synagogue et je me préparais à pratiquer mon activité favorite de la soirée : ma séance de musculation. Je portais mon vieux survêtement avec lequel je n'ose plus sortir dans la rue depuis longtemps. J'avais déjà mis mes gants d'exercice pour l'haltérophilie et plutôt que soulever des poids, je devais maintenant répondre à la grand-mère de mon ami.
 
La question que la vieille dame me posa était particulièrement difficile. De fait, j'étais habitué aux questions du genre : “Pour quelle raison perdez-vous votre temps à étudier des textes anciens ?”, mais celle-ci me prit par défaut : “Pour quelle raison étudiez-vous en Israël ?”
 
Je dois admettre que la grand-mère de mon ami avait vu juste. En fin de compte, ne peut-on pas étudier nos Textes saints en France, aux États-Unis ou en Angleterre ? De plus, l'étude dans ces pays a des chances d'être plus confortable et moins jonchée d'obstacles de toutes sortes tels qu'on les rencontre en Terre sainte.
 
Également, étudier dans le pays où nous sommes nés représente l'avantage d'être près de nos familles. Une page de Guémara n'est-elle pas la même à New York, à Paris ou à Jérusalem ? Le peuple juif n'est-il pas la preuve vivante qu'il est possible d'étudier dans tous les recoins du monde ? Le jour où cette vieille dame me posa cette question, je n'avais pas réalisé que la réponse se trouvait dans le sens d'une fête que je ne comprenais pas réellement.
 
Roch Hachana pour les arbres
 
La fête de Tou biChevat porte le nom de “Roch Hachana des arbres – Le jour de l'an des arbres.” Je vous préviens de suite : ceci ne signifie pas que nous devons nous embrasser comme nous le faisons lors du jour de l'an. À Tou biChevat, nous n'avons pas l'habitude de prendre de nombreuses résolutions. Également : à Tou biChevat, nous ne mangeons pas de pomme trempée dans le miel pour nous souhaiter une douce année. De fait, la seule coutume de ce jour de fête consiste à consommer des fruits d'Israël.
 
Cette habitude met en valeur le fait que Tou biChevat est un jour halakhique important : il s'agit du jour de l'an des arbres et cela n'est pas anodin.
 
L'agriculture est une activité importante en Eretz Israël. Non seulement l'agriculture est la source d'un revenu significatif pour le pays, mais cette activité est également l'opportunité de réaliser de nombreusesmitswoth majeures. De fait, il existe certaines lois qui concernent les produits agricoles qui ont poussé en Eretz Israël ; ces lois incluent notamment la séparation d'une certaine partie de la récolte. On appelle cela donner la dîme.
 
Tou biChevat – qui est le 15ième jour du mois de Chevat – est une date pivot : les produits qui sont arrivés à maturité avant cette date doivent être séparés avec les produits de l'année précédente. D'autre part, les produits qui ne sont pas encore mûrs le jour de Tou biChevat doivent être séparés avec les produits de l'année suivante.
 
Cependant, quel rapport existe-t-il avec nous qui ne sommes pas fermiers ? Sans doute, plus que nous le pensons. La Tora compare à maintes reprises l'homme à un arbre. Ainsi, il est écrit (Devarim 20:19) : “Si tu es arrêté longtemps au siège d'une ville que tu attaques (…), tu ne dois cependant pas en détruire les arbres (…). Oui, l'arbre du champ c'est l'homme même.”
 
L'homme et les arbres
 
Selon le Maharal de Prague, il existe un lien profond entre l'homme et un “etz”, ou “arbre” en hébreu. Un “élon” est toujours un arbre fruitier, tandis qu'un “etz” peut être un arbre fruitier ou d'une autre espèce. “Etz” fait référence plus particulièrement à la structure physique de l'arbre, tandis qu'“élon” fait référence à la nature de l'arbre. Le mot “etz” est composé des lettres hébreu “ayin” et “tzadi.” La letter “tzadi ” fait penser au mot “Tsadiq” (une personne exceptionnellement pieuse). En hébreu, le mot “'ayin” signifie “voir.” Ainsi, le mot hébreu “etz” peut être lu comme “'ayin Tsadiq” ou “regarder un Tsadiq.”
 
 
Selon le Maharal de Prague, en regardant un arbre, il est possible de comprendre la constitution physique d'un Tsadiq. Le corps d'une personne ressemble à un tronc, ses membres à des branches et ses cheveux peuvent être comparés à la multitude de racines qui s'étendent du tronc. Pourtant, si l'on examine un homme et un arbre, il est évident qu'un des deux est à l"envers ! Les racines d'un arbre sont dans le sol, tandis que les cheveux de l'homme – ses “racines” – sont dans la partie la plus élevée de son corps.
 
Selon le Maharal, un arbre prend racine dans le sol parce que c'est de cet endroit qu'il extrait les éléments nutritifs dont il a besoin pour croître. Même si nous coupons les branches d'un arbre, celui-ci continuera à croître… aussi longtemps que ses racines demeureront dans la terre. D'autre part, les racines d'une personne – symbolisées par ses cheveux – sont dirigées vers le Ciel afin de nous faire comprendre que l'essence de l'homme consiste à être spirituel.
 
Tou biChevat est appelé le Roch Hachana pour les élonoth, c'est-à-dire les arbres fruitiers. Dans la littérature juive, les Tsadiqim et les érudits sont comparés à des arbres fruitiers. Leurs fruits sont les bonnes actions et la connaissance de la Tora que le peuple juif peut récolter à volonté. Le Rav Zev Leff offre une explication profonde du lien qui existe entre les arbres fruitiers et les personnes saintes.
 
Le Rav Leff note que le mot “élon” s'épelle alef, youd, lamed, noun. Si nous séparons le alef du reste du mot, il reste les lettres youd, lamed et noun. La valeur numérique des ces trois lettres réunies ensemble atteint quatre-vingt-dix. Ceci est exactement la valeur numérique du mot “Tsadiq.” En hébreu, le mot “elef ” ou “alef ” signifie “enseigner.” Ainsi, “élon” signifie “apprendre-Tsadiq.” En d'autres termes, nous pouvons apprendre à être un Tsadiq en étudiant les lois qui s'appliquent aux élonoth, c'est-à-dire aux arbres fruitiers qui croissent en Eretz Israël.
 
Les quatre dîmes principales qui doivent être prises des produits d'Eretz Israël sont appelées : terouma, ma'asser richon, ma'asser chéni et ma'asser ani. De plus, nous prenons les bikourim (les premiers fruits qu'un fermier récolte et sépare du reste de la récolte.) Lorsque cette séparation a eu lieu, nous attribuons ces produits à Hachem.
 
Ces différentes séparations représentent un concept splendide dont la pertinence est grande pour le peuple juif. L'agriculture est un travail difficile : un fermier doit préparer son champ, investir dans l'achat de graines, prendre soin des jeunes plants… Son travail porte ses fruits (le jeu de mot est voulu) lorsqu'il peut récolter ses produits. Une bonne récolte possède de grandes chances d'être la source d'une grande satisfaction pour le fermier. La grande quantité de produits récoltés n'est-elle pas la preuve de la réussite du travail du fermier ?
 
À suivre…         

Ecrivez-nous ce que vous pensez!

Merci pour votre réponse!

Le commentaire sera publié après approbation

Ajouter un commentaire

Featured Products