Cela vaut bien tout le temps du monde

Aucun de nous n'aime les longues files d'attente. Surtout dans notre génération de l’instantané, où nous nous attendons à tout obtenir à la vitesse de l'éclair et où chaque petit retard nous rend fous

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Rav chalom Arouch

Posté sur 04.02.21

Cela vaut bien tout le temps du monde

Tout ne se fait pas en un clic

Aucun de nous n'aime les longues files d'attente. Surtout dans notre génération de l’instantané, où nous nous attendons à tout obtenir à la vitesse de l'éclair et où chaque petit retard nous rend fous.

Dans certaines grandes enseignes, il est même devenu possible de faire ses achats sans faire la queue ni même parler. On peut aujourd’hui tout obtenir en un "clic".

Cependant vous seriez prêt à attendre très longtemps un spécialiste de renommée mondiale, et si nécessaire voyager au bout du monde pour une consultation. Si on vous dit que si vous attendez, vous obtiendrez un nouvel appartement gratuitement – il ne fait aucun doute que vous serez prêt à patienter aussi longtemps que nécessaire.

Un jugement n'est pas une petite chose

Et c'est là qu’Ytro commit une erreur. Ytro suggéra à Moché de nommer des juges parce qu’il considérait le jugement des enfants Israël comme une «petite chose», une sorte de bureaucratie ennuyeuse, une tâche harassante dont tout le monde veut se débarrasser le plus rapidement possible. Selon lui, attendre du matin au soir pour obtenir la réponse de Moché avait en effet fastidieux et angoissant. Quoi de plus naturel que de répartir le lourd fardeau sur un système juridique ramifié, ce qui, de l'avis de Ytro, aurait facilité la tâche à la fois à Moché et au peuple.

Mais Ytro n'avait pas compris la valeur infinie de se tenir devant Moché : "Car le peuple vient à moi pour chercher D.ieu." Car celui qui se présentait devant Moché, se connectait directement avec la Che’hina et recevait les instructions comme de la bouche du Saint Béni Soit-Il. Une rencontre avec Moché n'était pas une conversation avec un service client. Non et non! La rencontre avec Moché était un événement étonnant qui transformait la personne et lui donnait force et vie.

Quand il s'agissait de poser une question sur les lois de la Torah à Moché – le Tsadik n'essayait pas de résoudre uniquement le point en question, mais il résolvait le problème à la racine. Il leur disait non seulement qui avait tort ou raison, et leur donnait une direction pour travailler et se parfaire. Leur foi, leur respect et leur amour de D.ieu – les mettaient alors sur une nouvelle voie et leur évitait de nombreux conflits à venir.

Échec du test

Quiconque a vu le visage du Rav Ovadia Yossef ou du Rabbi de Loubavitch, et a eu le privilège de leur parler ou de recevoir un sourire affectueux de leur part, ne l'oubliera pas de toute sa vie. De même que voir un Juif qui a eu le privilège de voir le ‘Hafets ‘Haim est édifiant, tout comme voir ceux qui ont vu les grands de la génération précédente. Alors, que dire à propos de Moché Rabenou ? Si seulement nous aurions pu nous tenir un seul moment devant Moché notre maître ! Cela valait vraiment la peine d'attendre toute une vie et tout le temps du monde pour se tenir devant lui.

Le fait que les enfants d'Israël aient accepté les choses avec sérénité et ne se soient pas rebellés contre ce conseil d’Ytro montre leur manque de compréhension de la grandeur du Tsadik, leur manque de visibilité sur sa puissance dans la transmission de la parole de D.ieu, et son pouvoir pour diriger le peuple d’Israël, conduire chaque Juif à sa place exacte et mener le peuple à la rédemption finale.

La réticence à attendre le jugement de Moché relève exactement de la même réticence et impatience dont le peuple d'Israël a fait preuve le quarantième jour après le don de la Torah. Attendre six heures le retour de Moché les a rendus fous. Ils ont alors vite abandonné tout l'héritage de leur maître et ont érigé un veau d'or. Si le peuple d'Israël avait un lien véritable et profond avec Moché, il aurait attendu sans aucune confusion, et ne se serait pas disposé à remplacer Moché par un autre substitut quelconque et aurait clamé : "Rien ne nous intéresse, nous ne voulons que Moché. "

C’était le test adressé au peuple d'Israël et il ne l'a pas réussi, ce qui est d’ailleurs l’origine de tous leurs échecs dans la Torah.

 

 

Loi, vérité et paix

Quand Moché régnait, c'était lui qui donnait le dernier mot. Les choses étaient incontestablement acceptées. Toutes les controverses qui pouvaient existé se réglaient systématiquement.

Mais dans le système juridique de Ytro, un Juif sur dix devenait «juge de quartier». Chaque président de comité de maison prenait la place d’un «chevalier de justice». Il y avait presque plus de juges que de citoyens. La fonction de juge n'était alors plus respectée et leurs décisions non acceptées. Ainsi, chaque jugement ne mettait pas fin au conflit mais au contraire était le début d’un long cauchemar. Comme on le voit de nos jours, où un procès ne fait qu'alimenter les querelles et le processus d'appel en justice fastidieux et épuisant. La vie est devenue un nid de querelles et de calomnies.

Et voilà, nous n’avons pas voulu attendre pour bénéficier des jugements de Moché, et aujourd’hui nous subissons des procédures pénales de plusieurs mois ou années…

J'ai entendu un proverbe qui dit : "Le paresseux travaille le double". Rabbi Nahman disait même que lorsque vous ne voulez pas souffrir un peu, vous souffrez beaucoup.

Mais comme nous l'avons dit, après que Moché ait rendu son jugement, les deux partis recevaient leur réparation et devenaient de nouvelles créatures, ils sortaient du tribunal plein d’amour pour une nouvelle voie et sans jamais revenir en arrière. C'était un traitement à la racine de l'âme de chacun. L'atmosphère dans le peuple d'Israël était saine et positive. Amour, fraternité et paix prévalait dans le camp parce que «la vérité et la justice ont prévalu à vos portes». Car les décisions de Moché mettaient fin à toutes les turbulences et permettaient de commencer quelque chose de nouveau.

De plus, les enfants d'Israël recevaient de Moché des conseils complets, nés de la vérité ; et non des conseils d’ignorants qui, au mieux, mêlent le bien et le mal et au pire les dirigent vers « les voies de la mort».

Sans les conseils d’Ytro, nous aurions eu aujourd'hui, des recueils de responsa de Moche Rabenou… Combien sa génération a perdu et la nôtre aussi !

 

Se renouveler comme un jeune aigle

Ytro craignait pour la santé de Moché et lui dit : « Tu es fatigué, tu vas t’épuiser ». Comment peut-on imaginer chose pareil au sujet de Moché Rabenou sur lequel on dit qu’à l'âge de cent vingt ans que "sa vue ne s’est pas obscurcie et sa vigueur est restée". Allait-t-il s’épuiser à la suite des jugements du peuple d'Israël ? Ytro n’avait pas compris que le Tsadik ne mène pas une vie matérielle et que son pouvoir n’est pas lié à ses forces physiques. Le Tsadik vit de par sa relation avec D.ieu comme il est écrit : "Et le Tsadik vivra par sa foi." Le Tsadik reçoit force et vie de son service Divin, et il reçoit d'énormes pouvoirs quand il s’occupe du peuple de D.ieu. Il ne fait que monter et s’élever plus, comme il est dit : « Grâce à mes disciples plus que de tout autre ». Peut-on dire de Moché qu’il allait être "épuisé"? Ytro aurait dû plutôt dire "telle une plante qui pousse et devient encore plus grande"!

Mais apparemment, Moché Rabenou lui-même était d'accord avec Ytro et accepta ses conseils…

En effet comme pour la demande des explorateurs, Moché ne sembla pas s’opposer. Pourtant, dans le Livre du Deutéronome, Moché réprimanda les enfants d'Israël avant sa mort et, sa première réprimande concernait justement les juges.

De même que l’on voit dans le livre du prophète Samuel que le peuple demande au prophète un roi. Celui-ci nomma alors pour eux un roi mais comprit qu'ils avaient torts et le leur prouva. Ce fut comme un rejet de la royauté de D.ieu.

Nous voulons nous préparer à la rédemption complète, et la rédemption viendra lorsque le peuple d'Israël demandera sans compromis le vrai leader et recherchera D.ieu et David leur roi. Que vienne le Sauveur, le Machia’h qui nous jugera comme il est écrit «il jugera avec équité », bientôt et de nos jours. Amen.

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