Apprendre du passé – Matoth-Massé’é

D-ieu utilise un langage dur pour que les princes tirent une leçon du sort de ceux qui les ont précédés. S’ils font preuve de modestie, ils mèneront une vie agréable dans ce monde…

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le Rav David Hanania Pinto

Posté sur 06.04.21

Moïse parla aux chefs des tribus des enfants d’Israël [en leur parlant] en ces termes : 'Voici ce qu’a ordonné l’Éternel. Si un homme fait un vœu au Seigneur ou s’impose par un serment quelque interdiction à lui-même, il ne peut pas violer sa parole : tout ce qu’a proféré sa bouche, il doit l’accomplir.'" (Nombres 30:2-3)

Ces versets posent un certain nombre de questions :
 
1) Pourquoi le verset stipule-t-il chefs des tribus, et non princes ? Tel était en effet le titre qu’ils portaient.
 
2) Pourquoi le verset commence-t-il par le verbe vayédaber” (“Moïse parla”), qui implique une certaine rigueur, et se poursuit par “lémor” (“en leur parlant”) qui implique une certaine tendresse (cf. Chabath 87a) ?
 
3) Parlant des chefs des tribus, Rachi explique : le verset accorde d’abord les honneurs aux princes. Ce n’est qu’après leur avoir donné des directives que D-ieu s’adresse aux enfants d’Israël. Mais cela est tout à fait normal. Que se cache-t-il de plus profond dans cette explication ?
 
C’est que Moché savait que les princes sont en mesure d’influencer la conduite des enfants d’Israël, positivement ou négativement. En effet, les explorateurs – qui étaient tous de grands Sages – ont cependant dissuadé les enfants d’Israël d’entrer en Terre Sainte : c’est à cause d’eux que toute la génération de la Connaissance a erré quarante ans dans le désert et y a disparu.
 
Qora’h et ses partisans ont eux aussi entraîné à leur suite un certain nombre de grands de la communauté d’Israël – dont Na’hchon, fils d’Aminadav – dans leur lutte pour la prêtrise contre Moché. Dans ces deux cas, ce qui primait, c’était la recherche de l’intérêt personnel : les explorateurs voulaient rester dans le désert, car ils savaient qu’aussitôt entrés en Éretz Israël, ils perdraient automatiquement leur fonction de princes. Aussi débitèrent-ils de méchants propos sur le pays (cf. Nombres 14:37).
 
Quant à Qora’h, il a lui aussi parlé du mal de Moché et d'Aharon, qu’il voulait remplacer avec ses deux cent cinquante membres du Sanhédrin. Mais quand les princes, c’est-à-dire les dirigeants d’Israël, font preuve d’humilité, s’effacent complètement devant le Saint, béni soit-Il, et s’engagent dans l’étude de la Tora et l’accomplissement de mitswoth, ils exercent certainement leur influence sur le peuple qu’ils renforcent dans le Service divin. De la sorte, ils ne veillent qu’à la Gloire de D-ieu.
 
La Tora utilise donc au début un langage dur – “vayédaber” – car Moché veut apprendre aux princes des tribus comment servir l’Éternel. Ce langage dur leur sera certainement très bénéfique en fin de compte.
 
Moché leur explique que cette fonction extrêmement importante requiert beaucoup d’honneur. Il les avertit donc de ne pas l’exploiter pour faire preuve d’orgueil. Le verset stipule donc, chef des tribus et non princes, car le terme “HaMaToTh” a la même valeur numérique (460) que “HaGaAVaH MeTh” (l’orgueil est mort).
 
Le terme MaTéH ” fait aussi allusion à l’humilité que doivent ressentir les princes des tribus d’Israël. Ils ne doivent regarder que “léMaTaH ” (“vers le bas”), et non vers le haut, avec orgueil ; ils doivent complètement déraciner ce mauvais trait, car l’orgueil n’appartient qu’au Saint, béni soit-Il, comme il est écrit : “L’Éternel règne ! Il est revêtu de majesté (Guéouth)” (Psaumes 93:1).
 
D-ieu utilise donc un langage dur pour que les princes tirent une leçon du sort des princes qui les ont précédés : les explorateurs, Qora’h et ses partisans. S’ils font preuve de modestie, ils mèneront une vie agréable dans ce monde comme dans le monde futur. C’est “lémor ” dans un langage doux et bon. Car les enfants d’Israël en tirèrent du bien : ils suivront alors leur trace et se rapprocheront du Saint, béni soit-Il.
 
Toutefois, pour accéder à l’humilité, il faut s’engager dans l’étude de la Tora : sans elle, il est impossible de déraciner l’orgueil. C’est pourquoi Moché a commencé par accorder des honneurs aux princes, puis leur a parlé de la question des vœux. Car les vœux et la Tora sont liés l’un à l’autre. Nos Sages enseignent à cet effet : “Celui qui dit : 'Je me lèverai tôt pour faire le vœu d’apprendre un chapitre de la Tora', fait un grand vœu pour le D-ieu d’Israël (Nédarim 8a)”, car la grandeur ne convient qu’à la Tora.
 
Il s’épargne ainsi du mauvais penchant, car comme nous l’avons vu (Qidouchin 30b), la Tora lui est un épice et un médicament contre le mauvais penchant. Grâce à l’étude de la Tora, on se dresse des barrières qui nous conduisent dans la Sainteté, aspect de : “Il ne peut violer sa parole : tout ce qu’a proféré sa bouche, il doit l’accomplir” (Nombres 30:3).
 
À leur tour, si les enfants d’Israël suivent la voie tracée par les princes et se conduisent avec modestie, tout ce qui sort de leur bouche, le Saint, béni soit-Il, l’accomplira, aspect de : “Le Tsadiq prononce un décret et le Saint, béni soit-Il, l’exécute” (Mo'ed Qatan 16a). D-ieu prononce un décret et le Juste l’annule, car le Tsadiq a sanctifié ses paroles.
 

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