Donner ou recevoir ? – Qora’h

La Sainteté est le symbole de celui qui répand et donne, c'est-à-dire de celui qui est venu sur terre que pour donner, agir afin de dévoiler le nom de D-ieu aux autres…

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le rabbin Éliyahou Haviv

Posté sur 06.04.21

 Je n'ai pris l'âne d'aucun d'entre eux.” (Bamidbar 16- 15)

Donnons une courte explication de la différence entre la Sainteté (Qédoucha) et l'impureté (Touma), telle qu'elle est présentée dans le “Lékèt Amarime” du Rav Cheikhter

La Qédoucha est le symbole de celui qui répand et donne, c'est à dire que l'homme n'est venu sur terre que pour donner, agir afin de dévoiler le Nom de D-ieu aux autres, agir au nom de la sainte Tora et répandre des bienfaits, matériels ou spirituels, à la collectivité et aux particuliers. Et tout ce qu'on prend d'Hachem n'est pris que dans le but d'être redistribué.”
 
En sens inverse, la Touma (impureté) consiste à vouloir et aspirer une chose uniquement pour son intérêt personnel, ses passions et son orgueil. Elle réside dans l'intention de se faire du bien uniquement à soi.”
 
Dans la mesure où Hachem a créé le monde pour faire du bien à ses créatures, la Sainteté consiste à Lui ressembler en rayonnant sur son entourage, sans attendre quoi que ce soit en retour, sinon on rentre à nouveau dans le domaine de l'impureté, du “pour soi”.
 
Et en vérité, il est difficile de connaitre la motivation réelle de nos actions de bienfaisance, si nous n'en retirions aucune jouissance personnelle, est-ce que nous les aurions faites avec autant d'entrain, aurions nous donné autant ? C'est pourquoi nos Sages enseignent que le plus grand degré de Tsédaqa consiste à donner sans que la personne qui reçoit sache d'où proviennent ses bienfaits.
 
En faisant ainsi, on est sûr de ne retirer aucun bénéfice “personnel” de notre mitswa, pas de prestige en tant que donateur ou de jouissance devant la reconnaissance admirative, parfois soumise, de celui à qui on a prodigué ses bienfaits. Parfois, on remet de grosses sommes d'argent à un Tsadiq dans le but d'obtenir sa considération et surtout dans l'espoir de recevoir une bénédiction pour ses affaires personnelles, pas parce que le Tsadiq redistribuera cet argent comme il convient.
 
L'intention est tellement importante que nos Sages ont déclaré dans le Talmud : “Une faute faite pour le Nom de D-ieu est plus appréciée par Hachem qu'une bonne action qui n'est pas faite pour le Nom de D-ieu !” (Nazir 23a).
 
Dans les Pirqé Avoth, il est enseigné : “Ce qui est à moi est à toi et ce qui est à toi est à toi”, ce qui signifie que quand je te donne ce qui est à moi, je ne dois pas attendre en retour que tu me donnes quelque chose, ce qui est à toi reste à toi. La Sainteté consiste à donner sans calcul de contrepartie.
 
L'incompréhension de ce principe est à la base de tous les conflits humains et plus particulièrement dans les rapports de couple. Les problèmes de couples proviennent essentiellement du fait que chacun a l'impression (parfois authentique) de ne pas recevoir autant qu'il donne. Si seulement les deux partenaires aspiraient à donner plus qu'ils ne recevaient, tous les conflits conjugaux s'arrangeraient et le chalom (la paix) règnerait à la maison.
 
Hélas, notre génération est sous l'emprise (momentanée) de l'influence occidentale où tout est basé sur le plaisir personnel et l'égocentrisme, l'autre n'existe que dans la mesure où il représente un intérêt quelconque à mes yeux. Même mes amis ne le sont que parce qu'ils partagent les mêmes activités ludiques ou économiques que moi. Par exemple, quand on est invité à une fête dans l'intention d'y recevoir des honneurs, on ressortira souvent déçu de n'avoir pas été traité comme il convient. Mais si l'on est venu dans l'unique intention de donner de la joie aux mariés ou au BarMitswa, on ressort heureux et comblé.
 
Par conséquent, le principe essentiel de la Qédoucha est de vouloir donner, donner et encore donner, sans attente de contrepartie. Ceci constitue toute la différence entre Moché Rabbénou et Qora'h. Moché ne pensait jamais à lui, il se donnait complètement à son peuple car il avait compris à quel point le 'AmIsraël (le peuple d'Israël) était important pour D-ieu (Liqouté Moharan 79). À tel point qu'il disait à Hachem: “Que Moché et mille comme lui meurent mais que ne meure aucun enfant d'Israël” (Midrach Tan'houma Vaèt'hanan).
 
À l'inverse, Qora'h réclamait le pouvoir pour lui, et nos Sages expliquent qu'il avait vu que sortiraient de sa descendance des dirigeants du peuple d'Israël. Il en conclut alors que ses exigences étaient justifiées et que sa démarche était désintéressée et trouva la force de s'opposer à Moché.
 
Mais le berger fidèle d'Israël n'était pas dupe et il demanda à Hachem : “N'accepte pas les offrandes de Qora'h et son assemblée car je n'ai pris l'âne d'aucun d'entre eux”, c'est à dire que Moché avouait qu'il donnait au peuple sans en retirer d'intérêt, il ne profitait pas de sa position pour utiliser les facilités de chacun, il préférait marcher à pied plutôt que d'utiliser l'âne d'un autre.
 
Tandis que Qora'h, déguisé sous les meilleures intentions du monde, avec des prophéties à la clef, ne recherchait en vérité que son intérêt personnel. La morale de cette histoire, pour nous qui ne sommes pas encore parfaits, est de rechercher les actions désintéressées. Donner à son conjoint, ses enfants, ses amis ou même un inconnu, juste pour faire du bien, à l'image d'Hachem.
 
Accepter que rien ne nous revient et cesser de faire des comptes d'apothicaires quand on donne, ne pas calculer ce qu'on va en retirer. Grâce à cette attitude, on rentrera de plein pied dans le camp de la sainteté, jusqu'à la venue du Machia'h (le Messie), qui enlèvera totalement de nous l'orgueil et l'égoïsme, Amen !
 
SeferHamidoth – Recevoir des invités
 
Recevoir des invités est plus grand que construire une maison d'études ou de recevoir la face de la Présence Divine (Chékhina).”
 
Celui qui n'est pas souvent entouré de Rabbins (notamment en les invitant), ressemble à un Samaritain (qui ne reconnait pas la Tora orale).”
 
Celui qui pratique l'hospitalité est craint par les autres.”
 
Grâce à la sanctification (du Nom) d'Hachem, le prestige des chefs (authentiques) de la génération se renforce. Et grâce à cela, la mitswa de recevoir des invités devient importante aux yeux de tous, ce qui permet alors à ceux qui étudient la Tora que la loi soit comme ils l'ont prescrite.”
 
Commentaire: les vrais chefs de la génération sont les Tsadiqim authentiques grâce au mérite desquels toutes les bénédictions descendent dans ce monde. À l'image du Créateur, ces chefs sont voilés par l'illusion de notre monde matériel. Quand on sanctifie le Nom de D-ieu, c'est à dire quand on dévoile que D-ieu dirige le monde pour le bien, ceci jusque dans les moindres détails, on lève le voile de l'illusion de ce monde qui veut nous faire croire que nous sommes les maitres de tout.
 
Une fois que cette illusion est levée, la vérité se dévoile et par conséquent se dévoilent les vrais chefs de la génération qui sont les Tsadiqim authentiques, ceux qui ont vraiment compris la volonté de D-ieu grâce à leur étude de la Tora et leur dévotion. Alors les “lois” dévoilées par ces Tsadiqim sont acceptées par tous et le peuple d'Israël se renforce dans la foi (émouna).
 
Ce mécanisme est aussi vrai en sens inverse, quand on dévoile au monde les enseignements des Tsadiqim authentiques, il s'ensuit une sanctification du Nom de D-ieu. Alors la mitswa de recevoir des invités devient importante aux yeux de tous, c'est à dire que chacun a le mérite de ne comprendre à quel point il est important de vivre dans la paix, la bonté et la fraternité, et ces trois valeurs sont incluses dans la mitswa de recevoir des invités. Grâce aux enseignements des Tsadiqim, l'être humain perçoit qu'il n'est qu'un invité dans ce monde et que sa vraie maison l'attend, pleine de lumière, après 120 ans.
 
Lois de Chabath
 
Il est interdit de transporter à Chabath des écorces de noix ou des coquilles d'œuf ou tout type d'écorce ou d'épine dures et sèches qui ne sont pas comestibles, même pour les animaux. Ceci d'après le principe que tout objet qui ne rentre pas dans la définition d'aliment est mouqtsé (ne doit pas être bougé).
 
Conseils
 
Tu dois savoir que dans chaque souffrance et dans chaque problème on peut trouver un 'élargissement' (c'est à dire une raison de trouver du bon dans ce qui nous arrive). Cet 'élargissement' n'est pas seulement présent dans l'espoir que par Sa bonté Il nous sauvera et annulera l'objet de notre souffrance, il se trouve à l'intérieur même de cette souffrance.
 
Recherche bien cet 'élargissement' (har'hava) et grâce à cela tu pourras supporter et toujours accepter avec amour ce que tu endures, rien ne t'écroulera et tu t'approcheras constamment d'Hachem. Grâce à cela, Hachem te sauveras.” (Liqouté 'Etsoth, Savlanout 8)
 
Commentaire: Quand on recherche vraiment le bien qui se cache dans une situation catastrophique, D-ieu répond à nos questions et dévoile devant nous le bien incroyable caché dans cette situation. Toute personne qui a eu la foi de se comporter ainsi en temps d'épreuve, peut témoigner que jamais elle ne s'est autant rapprochée d'Hachem et qu'elle a trouvé un bien incroyable caché dans sa souffrance, un bien qu'elle n'aurait peut-être jamais reçu sans cette épreuve.

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