La montre disparue

Tous les invités se mirent à regarder tout autour. De qui parlait le marié ? De ses parents ? De la personne qui les avait présentés ? Non, il ne faisait référence à aucun d’eux...

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 18.03.21

Au milieu de la réception du mariage, le marié -un étudiant de Yechiva exceptionnel qui épousait la belle fille d'une famille prestigieuse- demanda le micro. « Je voudrais dire quelques mots, en effet, je me dois d'exprimer ma gratitude. Tout d'abord, je dois remercier Hachem pour le privilège de me donner une femme aussi indescriptiblement splendide, issue d'une si belle famille. Deuxièmement, je dois remercier La personne, présente ici ce soir, qui a rendu cette occasion joyeuse possible… »

Tous les invités se mirent à regarder tout autour. De qui parlait le marié ? De ses parents ? De la personne qui les avait présentés ? Peut-être se référait-il à son Roch Yechiva, de qui il s’était particulièrement rapproché au cours des trois dernières années ? Non, il ne faisait référence à aucun d’eux.

« Je dois partager mon histoire avec vous, car c'est une histoire qui montre comment un acte de bonté d’un enseignant soucieux de ses élèves, peut déterminer tout l'avenir d’un d’entre eux… » De toute évidence, ému, le jeune marié rougissant s'éclaircit la gorge et commença à raconter :

J'étais en quatrième année au h’eder (école primaire juive religieuse pour garçons). La plupart d'entre nous étaient issus de familles de kollelman, dont les parents ne gagnaient pas grand-chose. Un des garçons de la classe avait une grand-mère riche qui lui avait acheté une montre avec toutes sortes de fonctions, le genre de choses dont nous n'avions jamais rêvé. D’habitude, pendant la récréation, nous courions nous défouler sur le terrain de foot. Comme le garçon à la nouvelle montre avait peur de l'abimer, il la mit dans le tiroir de sa table de classe avant de sortir jouer.

Lorsque la cloche sonna pour indiquer que la récréation était terminée, chacun regagna sa place en classe. Reuven, le garçon à la nouvelle montre, ouvrit tout de suite son tiroir et cria : « Ma montre ! Elle n’est plus la ! Quelqu'un me l'a prise ! » Son visage était blanc comme un cachet d’aspirine.

Le « Rebbe » – notre professeur – courut à la porte de la classe et la ferma à clé. « Très bien, les garçons, » dit-il, « Je vois que vous êtes tous là. Aucun d'entre nous ne quittera la classe jusqu'à ce que Reuven récupère sa montre. J'ose espérer que celui qui l'a prise par erreur sera assez courageux moralement pour la lui rendre maintenant et je vous promets que tout sera pardonné. »
Aucun d’entre nous ne bougea d’un poil. Chacun était assis sur sa chaise.

« S’il en est ainsi, » poursuivit le Rebbe, « je vais devoir passer d’élève en élève et vérifier vos bureaux, vos sacs et vos poches. Vous ne me laissez aucun choix. » La recherche commença ; vous auriez pu entendre une aiguille tomber sur le plancher de la salle de classe. Tandis que le Rebbe passait d'un garçon à un autre, la tension montait. Les cœurs battaient la chamade, mais pas aussi vite que le mien. Vous voyez, j'avais piqué la montre. Le bureau de Reuven était à côté du bien. Avant la récréation, j'avais saisi la montre en un éclair et l’avais mise dans mon sac.

Le Rebbe était à un bureau du mien. Dans une minute, je serais dévoilé. Les pensées les plus effrayantes entrèrent dans mon esprit de dix ans. Cela allait être la pire des déceptions. Peut-être que je serais expulsé de l'école. Peut-être que ma famille serait forcée de sortir de la ville. Qui sait ce qui adviendrait de moi ? Tandis que je sentais mon cœur palpiter dans ma gorge, le Rebbe se posta devant mon bureau. Je me suis presque évanoui…

« Personne ne quitte sa place ! » Dit le Rebbe pour distraire l'attention de la classe. « Il y a encore vingt minutes jusqu'à ce que la classe soit terminée – regardez l'horloge ! » En un éclair dont n'importe quel magicien serait fier, le Rebbe pris la montre de mon sac et la mit dans sa poche. Il continua ensuite à vérifier les autres garçons, comme si la recherche n'était pas terminée.

Après nous avoir tous vérifiés, le Rebbe revint au-devant de la classe et a déclara : « J'ai trouvé la montre ! » En la sortant de sa poche, il dit : « Le mauvais penchant a frappé. Il a pris en embuscade un de nos meilleurs garçons dans cette classe et a tenté de l'incriminer. Cela n'a pas réussi, parce que je sais que ce magnifique garçon est certainement plein de remords et qu’il ne refera jamais une telle chose ! »

Le Rebbe avait raison : j'ai fait téchouva comme je n'en ai jamais rêvé.
Le Rebbe – mon professeur de quatrième année – aurait pu m'embarrasser devant toute la classe. La réaction naturelle d'un enseignant aurait été ou aurait pu être un sentiment de triomphe pour exposer le crime. Il aurait pu faire un démon vivant de moi aux yeux de toute la classe. Mais non, le Rebbe n'a pas agi de la sorte. Dans son amour pour chaque élève et dans sa prévoyance, il était conscient de l'effet que quoi qu’il fasse aurait sur mon avenir. Grâce à lui, j’ai eu la volonté d’être un érudit en Torah d'un caractère irréprochable, exactement comme lui. Grâce à lui, je me tiens ici devant vous en cette joyeuse journée. Merci, Rebbe, et que chaque enseignant en Torah soit comme vous. »

De ma vie, je n'ai jamais entendu une histoire aussi poignante qui montre tellement la prodigieuse responsabilité d'un éducateur, aux mains de qui Hachem confie des âmes tendres. Puisse cette histoire être un idéal pour lequel nous nous battons tous !

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