Le bébé kidnappé

Le cardinal Jean-Marie Lustiger est allé si loin dans l'église catholique, qu'il a été candidat à devenir pape. C'était un Juif de Pologne, né Aaron Levy, de parents juifs…

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le rabbin Lazer Brody

Posté sur 15.03.21

Question : Qui est considéré comme un « tinok chénichba » (traduction littérale : « un bébé qui a été fait prisonnier ») et quelles en sont les ramifications Halakh’iques ?
Réponse :
Je voudrais commencer ma réponse par la véritable histoire de l’archevêque de Paris, le cardinal Jean-Marie Lustiger, qui est allé si loin dans l’église catholique qu’il a été candidat pour devenir pape. C'était un Juif de Pologne, né Aaron Levy, de parents juifs tués durant l'Holocauste. Avant de mourir, ses parents l'ont caché avec des catholiques. N'ayant jamais entendu parler de ses parents, le garçon s'est converti au catholicisme romain. Il a fait une ascension fulgurante à la fois dans ses études et dans son statut jusqu'à ce qu'il devienne dirigeant de l'église française et conseiller du pape Jean-Paul II.

Avant sa mort en 2007, le cardinal Lustiger a contacté le grand rabbin de France, le rabbin Joseph Chaïm Sitruk zal, et lui a demandé de dire Kaddish pour lui après sa mort, avouant qu'il était juif, que son nom était Aaron Levy et que malgré sa conversion, il n’avait jamais renoncé à se sentir juif.

À la mort du cardinal, le Rabbin Sitruk ne savait pas quoi faire. Il a donc contacté le grand de notre génération, « Maran », le Rav Ovadia Yosef zatsal, lui demandant comment agir. Les larmes coulèrent dans les yeux de Maran. Il a répondu : « Sans aucun doute, vous devez répondre à la demande du défunt, car même s'il était pêcheur, il était juif. Et surtout à cause des circonstances dans lesquelles ses parents ont dû le cacher dans une église pendant la Shoah. Il est donc considéré comme un tinok chénichba – un bébé captif qui n’a pas eu le bénéfice d’une éducation de Torah – et non un apostat. »

La Guemara a inventé le terme tinok chénichba, bébé en captivité. C'est un enfant qui a été kidnappé ou a simplement grandi parmi des non-juifs, comme le cardinal Lustiger. Le Rambam élargit la définition de tinok chénichba à tout enfant qui n'a pas reçu d'éducation de Torah. Le Bet Yosef va dans ce sens, en spécifiant que de tels enfants doivent être traités comme des juifs, dans la mesure où il est interdit de les haïr, de leur prêter de l'argent avec intérêt ou de les diffamer, car ils sont considérés comme des enfants kidnappés.

En ce qui concerne le secteur laïque et non orthodoxe de notre peuple, et j'insiste sur celui-ci, le H’azone Ich est très précis, comme suit :
Premièrement, il déclare que, alors que les pêcheurs étaient passibles de la peine capitale aux temps des générations des prophètes et du Temple sacré, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour atteindre leur niveau.

Deuxièmement, il déclare que tout Juif qui ne respecte pas la Torah, tout en se déclarant juif, ne peut être considéré comme un apostat, mais simplement comme un Juif qui pêche.

Troisièmement, les fils et filles de parents non observateurs sont considérés comme des enfants anoussim – qui ont été forcés – et ont donc le statut de tinok chénichba. Un tinok chénichba jouit de tous les privilèges du judaïsme : ses offrandes sacrificielles sont acceptées dans le temple sacré et nous devons violer le Chabat pour sauver sa vie. Il nous est également commandé de l'aimer comme nous aimons tout autre Juif et il est considéré comme un enfant contraint, qui a reçu de force une éducation autre que la Torah. C’est ainsi que nous considérons tous les Juifs laïcs et non orthodoxes de cette génération. Le Rabbi de Loubavitch, les rabbins Noah Weinberg et Shlomo Zalman Auerbach, tous de mémoire sainte et bénie, se rallient à cette opinion.

Je veux aller encore plus loin avec une décision monumentale donnée par mon cher enseignant et guide spirituel, le Rav Shalom Arush chelit'a, bien que la plupart des décisionnaires soutiennent qu'une personne qui a été élevée dans un foyer observant la Torah et qui s’en éloignée ne peut en aucun cas être considérée comme un tinok chénichba. Rav Arush chelit'a affirme que si l'enfant n'a jamais appris la Emouna, ni la prière personnelle, ni son propre lien personnel avec Hachem, il est aussi semblable aux enfants contraints, puisqu'un homme qui a la Emouna n'abandonne jamais Hachem.

En conclusion, le Chafetz Chaïm zatsal nous met en garde de ne rien dire de mal sur qui que ce soit, car malgré le fait qu'il soit permis de parler de façon préjudiciable à propos d'une personne perverse, si cette personne a le statut de tinok chénichba, celui qui aurait parlé sur elle aura de gros problèmes – ne vous y risquez pas…

Résumé : Tout enfant qui n'a pas reçu une éducation de Torah et de Emouna est considéré comme un tinok chénichba. En tant qu'adulte non orthodoxe, il a le statut de pêcheur accidentel et non de pécheur volontaire ou d'apostat.

Puissions-nous tous nous aimer les uns les autres et puissions-nous bientôt voir la pleine rédemption de notre peuple d’Israël, la venue de Machia’h’ et la reconstruction de notre Temple Saint à Jérusalem, rapidement et de nos jours, amen !

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