Saisir l’opportunité

Ce n'est pas le montant que nous donnons au pauvre qui compte, c'est notre façon de donner ; les quelques pièces que nous lui donnons ne résoudront pas ses problèmes, mais notre sourire pourrait bien

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Nathalie Coban

Posté sur 14.03.21

Quand on a frappé à ma porte, c'est mon yetser hara (inclination au mal) qui a répondu. Là, sur le pas de ma porte, se trouvait un homme qui, sentant ma présence, a commencé à énumérer tous ses malheurs en succession rapide – en hébreu, pas moins. J'ai commencé à me faufiler entre les enfants et tout le désordre que les enfants ont l'habitude de faire sur le sol, à la rechercher d’un peu de monnaie. Je me suis mise à rouler des yeux, marmonnant à voix basse devant l'audace de cet homme, m'interrompant – MOI ! Ne voit-il pas que je suis OCCUPEE ? Qu'est-ce qui lui donne le droit de faire irruption dans ma vie et de perturber mon équilibre ?!

Mon yetser hara s’en donnait à cœur joie tout autour de moi alors que je cherchais désespérément quelques pièces. Les nerfs ! Tout à coup, mon bon penchant (yetser tov) a fait son entrée en scène, m'a attrapé et secouée puis m’a dit :

« Ne te souviens-tu pas ce que nous avons appris au cours de Chmirate Halachone de la Rabbanite ?! Comment as-tu pu déjà oublier ?! »

Je me suis alors arrêtée à mi-chemin entre le canapé et la porte.
Voyant ma pause réfléchie, mon bon penchant a commencé à remémorer la dernière leçon sur les excès de vitesse.

« Tu te souviens ?! »
«Donner de la tsedaka (une œuvre de charité) vaut six bénédictions (Berah’otes) !
Mais si tu donnes même un petit peu de tsedaka, mais que tu donnes à la personne dans le besoin une bénédiction et un sourire, tu obtiens onze Berah’otes ! Si tu donnes cent shekels avec un visage aigre, tu n’en gagneras que six – mais si tu donnes deux shekels avec un sourire et un mot d'encouragement, tu peux obtenir onze Berah’otes ! ONZE ! »

Mon yetser hara s'arrêta net, car l'impact de ce que j'avais entendu m’avais frappée. Oui oui ! Je me rappelle ! Comment aurais-je pu oublier ! Qui préférerais-je être ? Le donneur ou celui qui, malheureusement, doit prendre. Cet homme a probablement de la difficulté à accepter des autres. Dois-je aggraver la situation et lui montrer que je ne veux pas donner ? Devrais-je lui dénier sa dignité parce que je me sens gênée ? Ou pourrais-je choisir de me mettre sur la tête presque le double de la berah’a pour avoir donné la même tsedaka, mais avec une apparence différente ?

Mon bon penchant attendait avec impatience. Mon mauvais penchant tirait sur ma jupe avec un regard plein d'espoir. Bien sûr, tout cela ne prit que quelques secondes dans le temps réglementaire – mais en minutes spirituelles, ils me regardaient sur ce grand écran plasma dans le ciel, se demandant lequel des deux je choisirais.

Je regardai mes enfants autour de moi, activement impliqués, inconscients du bras de fer spirituel de leur mère. Ce sont les moments, pensai-je, où nous construisons nos arsenaux spirituels – pas avec des paroles, mais avec des actes. Ils peuvent ne pas toujours écouter tout ce que je dis. Mais mes actes, ils y prêtent attention – la plupart du temps.

Je m'approchai de la porte, déterminée à faire le bien par le biais de cet homme brisé sur le pas de ma porte. Un homme qui préfèrerait ne pas demander, mais qui se trouve maintenant, la main tendue, attendant que je mette un peu d'espoir à l'intérieur. Mais plus que de mon argent, il a besoin de ma compassion, de ma compréhension. Plus que de l'argent, il a besoin de mes encouragements et de ma bénédiction. Mon bon penchant me lève le pouce ; mon mauvais penchant est honteux. Je me dirige vers la main tendue et y dépose quelques pièces. Et puis, avec le peu d’hébreu que je connais, je commence à bénir cet homme du plus profond de mon être.

« Que ce soit avec la réussite, la santé, dans la joie… »
Son visage est transformé. Son regard s’éclaire et il me donne quelque chose en retour. Il commence à me bénir ! Il est un donateur, une partie de Klal Israël, et il veut aussi donner, et il le fait.

Et donc, ce qui aurait pu être un échange de deux secondes, sur le seuil d’une porte quelque part en Erets Israël, est devenu quelque chose de plus. C'est devenu une opportunité d'élévation spirituelle. Ce qui aurait pu être un incident banal et inaperçu est devenu un élan pour le changement.

Ainsi, la prochaine fois que vous vous retrouverez dans le tourbillon de votre vie et qu’un homme fatigué et honteux se pointera sur le pas de votre porte, ne laissez pas le moment filer, car vous ne savez jamais quand l’occasion se présentera.

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