Yeux bleus, films bleus

Il m'a fallu longtemps pour arrêter de penser à l'image que j'ai vue dans un bus public. Le jeune homme était tellement absorbé par la saleté qu'il regardait qu'il n'a même pas essayé de...

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Yehudit H'anan

Posté sur 16.03.21

Je suis monté sur le bus n ° 417, celui qui va de Ramat Beit Shemesh au centre de Jérusalem. Après mes petits-enfants exubérants, j'ai fait mon chemin vers l'arrière où les enfants voulaient s'asseoir et tout le monde s'est installé. Ma belle-fille Avital a fini de payer  le trajet et s'est jointe à nous.

Alors que le bus circulait dans les différents quartiers, mes petits-enfants, agenouillés sur les sièges, regardaient fixement par la grande vitre arrière. Ils arrivaient d'Australie, ils appréciaient le paysage inconnu, bavardaient et riaient.

Le bus s'est arrêté pour laisser entrer d'autres personnes et un jeune homme portant des vêtements hassidiques a avancé vers l'arrière et s'est assis sur le siège en face de nous.

Au bout de quelques minutes, ma belle-fille qui était assise derrière lui se tourna vers moi avec une expression horrifiée. "Ema," me murmura-t-elle, "il regarde de la porno sur son téléphone "

Nous avons rapidement ramené les enfants de l'autre côté du siège et nous sommes assis là en état de choc. Même en écrivant ce sujet maintenant, je sens la nausée me monter. C'était vraiment dérangeant et avouons-le, dégoûtant.

L'homme portait des écouteurs et je n'avais donc pas d'autre choix que de lui taper sur l'épaule. Normalement je ne toucherais jamais un homme, surtout s’il est religieux mais je me suis dit avec ce qu'il regardait, il pourrait survivre à un petit coup sur l'épaule d'une grand-mère. Il farfouilla son téléphone et se retourna avec surprise.

"Que fais-tu ?" Lui ai-je demandé. Il m'a regardé et j'ai répété ma question.

"Rien" protesta-t-il.

« Regarde, nous avons vu ce que tu faisais », dis-je. 'Nous avons vu !"

Ma belle-fille l'interpella "Comment oses-tu !" Siffla-t-elle, "Comment peux-tu regarder cette saleté dans un bus public où il y a des enfants ? Comment peux-tu apporter de telles pourritures dans un endroit public ! Vas aux toilettes si tu veux regarder ce genre d’ordures ! Va ou il n’y a personne d'autre !

"Je ne pensais pas qu’on pouvait voir marmonna-t-il. Il nous regarda, étonné, et je remarquai combien il était jeune et combien ses yeux étaient beaux. Des yeux bleus brillants … et il les utilisait pour regarder des images horribles qui le mangeraient vivant. Ses peyot blondes pendaient sur les côtés de son visage juvénile et soudainement ma colère fondit.

Qui sait ce qu'a été sa vie ? Quels problèmes l'ont conduit à cet endroit pathétique et laid ? Ce qui l'y a amené, ce n'était certainement pas du bon.

"Ecoute," lui dis-je, "c'est très malsain pour toi. C'est une faute et cela entraine des dégâts sur ta personnalité et ton âme. Ce n'est pas bon pour toi et tu vas en souffrir toute ta vie. Tu as besoin d'aide ; tu dois aller voir quelqu'un qui peut t’aider à sortir de cette boue. Il y a des gens à qui tu peux parler. C'est très addictif. "

"Je sais", dit-il lentement, "je sais que c'est mauvais. Je sais que j'ai besoin d'aide. "

Nous avons continué à rouler pendant quelques minutes en silence jusqu'à ce que le bus ralentisse. L'homme se leva et se dirigea vers la porte. Alors qu'il attendait que le bus s'arrête, je lui ai crié. "B'hatzlacha ! Bonne chance"

Il m'a regardé et a répondu "Merci ! "et il est descendu du bus.

Il m'a fallu beaucoup de temps pour arrêter de penser à cet homme. Il m'a fallu beaucoup de temps pour arrêter de penser à l'image que j'ai vue en une fraction de seconde. C'est horrible d'avoir ça dans ma tête et je ne peux même pas imaginer de quoi sa tête est farcie. J'espère qu'il trouvera de l'aide et qu'il a ressenti l'inquiétude que j’éprouvais pour lui.

J'ai été assez surprise par ma réaction. Il y a des années, j'aurais été choquée et furieuse. Je lui aurais crié dessus, par dégoût et par zèle (sans parler de toutes les choses que ma belle-fille avait ressenties et avec lesquelles je suis d'accord). Mais maintenant je suis de moins en moins dans le jugement. Je sais distinguer le bien du mal mais je comprends aussi les chutes et les erreurs. À mon âge, j'ai eu ma propre part de hauts et de bas.

Mon sentiment dominant envers le jeune homme était la compassion. Il sait évidemment que c'est mal de regarder de telles choses. L’humiliation et la colère il les porte en lui, j’en fais le pari. Peut-être que lui parler gentiment avec amour et respect a plus de chance de l’aider. Nous ne pouvons qu'essayer d'éveiller le cœur de nos frères juifs. Quand quelqu'un est vraiment prêt à changer Hachem l'aidera dans son retour.

Mais avec une tolérance zéro pour la faute, un peu d'amour envers le fauteur peut l’aider à retrouver santé, au bonheur et à une vie sainte.

Rebbitzen Yehudit Channen est un thérapeute certifié Emuna pour Breslev Israël. Vous pouvez prendre rendez-vous avec elle en contactant staff@breslev.co.il

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