Le bon goût du pain

Le plus souvent, nous sommes endettés à cause de notre idée de grandeur et de notre orgueil. Les conséquences de ce comportement sont destructrices : du point de vue matériel et spirituel.

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Rav ‘Avira pose la question suivante : “Quel est le sens du verset (Psaumes 112 : 5) : ‘Bon est l’homme généreux qui consent des prêts et conduit ses affaires avec équité’ ?

Selon Rav ‘Avira, ce verset signifie qu’un homme doit dépenser de l’argent pour manger et boire en dessous de ce qu’il peut s’offrir ; d’autre part, il doit dépenser pour s’habiller et prendre soin de lui selon son budget ; enfin, il doit honorer sa femme et ses enfants au-delà de ce que ses moyens lui permettent réellement. La raison de cette différence est que sa femme et ses enfants dépendent de lui, comme lui dépend du Créateur.
 
Selon Rachi, le verset s’explique ainsi :
 
Bon est l’homme généreux qui consent des prêts : aux personnes pauvres
 
Et conduit ses affaires avec équité : qui accorde à ses propres besoins une importance modérée et ne court pas après tous les désirs malsains de la terre. Cet homme dépense moins qu’il pourrait se permettre ; il s’habille d’une façon modeste, sans avoir honte de ses vêtements ; d’autre part, cet homme honore sa femme au-delà de ses moyens financiers. (Guémara ‘Houlin 84b).
 
Rabbi ‘Aqiva a dit : “Fais de ton Chabath un jour de semaine, mais ne demande pas l’aide des autres personnes” (Guémara Chabath 118a). Ceci semble contredire ce qui est dit dans une autre Guémara (Betsa 15b) : “Rabbi Yo’hanan a dit d’après Rabbi Elé’azar le fils de Rabbi Chim’on : ‘Hachem a dit à Israël : faites des prêts en Mon Nom et sanctifiez la sainteté du jour [c’est-à-dire du Chabath] ; croyez-en Moi et Je rembourserai’.”
 
Selon nos Sages, la différence entre les deux déclarations est que dans le deuxième cas, la personne a les moyens de rembourser. D’autre part, la première déclaration – celle de Rabbi ‘Aqiva – concerne une personne qui n’a pas les moyens de rembourser.
 
Le rabbin Levi Yits’haq Bender, z.ts.l. – une des figures breslev les plus importantes de la précédente génération –a raconté qu’à plusieurs occasions, lui-même et sa famille durent se contenter de pain et d’eau pendant le Chabath. Lorsque cela arrivait, sa femme se donnait du courage et se renforçait en disant : “Grâce à D-ieu, nous mangeons sans doute du pain et buvons de l’eau, mais au moins, nous ne transgressons pas les paroles de notre Rabbi en empruntant de l’argent et en ayant des dettes.” 
 
Ainsi, même s’ils faisaient face à des difficultés importantes et qu’ils étaient obligés de se contenter de pain et d’eau – de plus est, le jour saint de Chabath ! – ils étaient heureux et satisfaits de leur sort. De fait, ils remerciaient le Tout-Puissant et prenaient plaisir à manger ce qu’ils avaient, même si ce n’était que du pain. Pour eux, le plus important était de ne pas s’écarter de l’enseignement de Rabbi Na’hman, ni de devoir de l’argent à d’autres personnes.
 
Être heureux de son lot
 
Chaque personne doit être heureuse de son lot et de ce que lui accorde Hachem. Il faut surtout faire attention à ne pas dépenser plus que nos moyens le permettent pour nous-mêmes ou pour les personnes de notre famille. Évidemment, il faut également ne pas s’offrir des produits de luxe si nous ne pouvons pas réellement les payer.
 
Cela est différent de la façon de se comporter d’un nombre important de personnes. De nos jours, il est habituel de dépenser l’argent que nous ne possédons pas afin de ne pas nous différencier de nos voisins ou de notre famille. Même si cela nous fait vivre un train de vie que nous ne pouvons pas nous offrir, les dépenses n’en finissent plus et les dettes sont le lot du lendemain.
 
Il est important de se rendre compte que le plus souvent, nous sommes endettés à cause de notre idée de grandeur et de notre orgueil. Les conséquences de ce comportement sont destructrices : du point de vue matériel bien sûr, mais également spirituel. Si nous suivons ce chemin, nous devons savoir que nous nous éloignons chaque jour un peu plus d’Hachem et du respect que nous devons à Sa Tora.
 
Les personnes qui ne sont pas satisfaites du montant d’argent dont elles disposent – c’est-à-dire du montant d’argent que leur a alloué D-ieu – et qui vivent au-dessus de leurs moyens ont été décrites par le verset suivant (Proverbes 13: 25) : “Le ventre des méchants n’en a jamais assez.” Ces personnes ont continuellement l’impression qu’il leur manque quelque chose dans la vie.
 
C’est pour cette raison qu’il est de la première importance de trouver une grande satisfaction en les revenus dont nous disposons. En fin de compte, n’est-ce pas Hachem qui a décidé du montant de nos revenus ? De plus, nous ne devons pas oublier que peu importe le montant des fonds dont nous disposons, nous devons obligatoirement en donner un certain pourcentage à la tsédaqa (charité), comme cela est dit d’une façon claire dans le Choul’han ‘Aroukh.
 
Rabbi Na’hman a dit dans le Liqouté Moharan (I:54) qu’une personne qui est satisfaite de son lot et qui donne régulièrement ce qu’elle doit en tsédaqa – c’est-à-dire qu’elle réserve une partie de ses revenus pour venir en aide aux autres – réalise de nombreux Tiqounim (réparations spirituelles). De plus, cette personne attire sur elle-même un surcroît d’Abondance divine.
 
Il est écrit dans la Michna (Avoth 6) que la Tora s’acquiert de 48 façons différentes. Une de ces façons consiste à être satisfait de son lot. Un individu qui mérite d’être satisfait de son sort ne court pas après la richesse. De fait, à ses yeux, il est déjà riche ! Ceci correspond à ce qui est écrit dans la même Michna : “Qui est riche ? La personne qui est contente de son lot.”
 
Responsable des fonds
 
De nombreuses personnes se trompent sur la véritable nature de l’émouna (la foi) et du bita’hon (la confiance) en D-ieu. Selon ces personnes, il n’y a pas de problème à s’exclamer : “Je vais demander un prêt et j’ai confiance en D-ieu pour m’envoyer l’argent nécessaire afin de le rembourser à temps.” Ces personnes s’adjugent le titre de “Responsable des fonds célestes.”
 
Cependant, pour quelle raison Hachem donnerait-Il à cette personne l’argent dont elle a besoin pour rembourser son prêt ? Peut-être que cet argent n’est pas inscrit dans les fonds qui sont destinés à cette personne. Peut-être que ces fonds ne lui sont destinés que l’année suivante.
 
Nos Sages ont dit : “Le montant d’argent dont dispose une personne est décidé d’un jour de l’an à l’autre” (Bétsa 16a). Selon Rachi, il est décidé – pour chaque personne – du montant exact dont elle disposera pour l’année à venir. Ainsi, chaque individu doit faire extrêmement attention à ne pas dépasser ce montant qui lui est destiné car dans tous les cas, rien ne lui sera ajouté. Plutôt, il revient à chaque personne de vivre avec ce qu’elle dispose.
 
Cela permet d’éviter les situations où nous avons déjà utilisé – au beau milieu de l’année – la totalité des fonds qui nous étaient impartis pour cette année. Lorsque cela se produit, la question est simple : avec quoi pouvons-nous vivre pour le restant de l’année, avant qu’un nouveau montant nous soit alloué ?
 
Il existe une raison supplémentaire pour ne pas mettre la charrue avant les bœufs. Si une personne emprunte de l’argent en étant persuadée que – peu importe ce qui arrivera – Hachem lui donnera l’argent dont elle a besoin pour rembourser ses dettes. Si cela est vraiment le cas, pour quelle raison cette personne ne demande-t-elle pas d’obtenir l’argent du Ciel, avant d’emprunter ?
 
Peut-on penser un seul instant que les coffres célestes sont vides à l’heure actuelle, et que nous empruntons de l’argent dans le but de les remplir ? Que D-ieu nous garde d’une telle pensée !
 
Ceci est l’erreur fondamentale que nous faisons en rapport avec l’émouna (la foi) et la confiance : la “confiance de renégat” ou la “confiance imaginaire” (consulter le chapitre 25 des Proverbes et le Liqouté Moharan 1:63). Lorsqu’une personne emprunte de l’argent – et qu’elle devient endettée et l’équivalent d’un esclave qui doit rembourser sa dette – elle a mis sa confiance en les forces du mal.
 
Si un individu emprunte de l’argent en dernier recours – par exemple, afin de pouvoir se nourrir – il est possible de comprendre son attitude. Cependant, est-il logique d’emprunter des sommes importantes simplement pour assouvir ses propres plaisirs ? Parce que notre voisin a acheté la nouvelle voiture à la mode, devons-nous posséder la même ? 
 
Dans toutes ces situations, le plaisir de l’emprunteur sera de courte durée. Très vite, il comprendra que ses dettes lui empêchent de ressentir le plaisir qu’il avait espéré avoir en s’offrant sa dernière folie.       
         
À suivre…

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