Ma vie ? La Tora et la prière !

La prière sans la Tora est très faible et vide de contenu, d’où la nécessité de l’étudier. D’autre part, si on ne prie pas pour cela, l’étude de la Tora est impossible.

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Sur la Tora et le culte divin

Que le lecteur ne se trompe pas en pensant que dorénavant il pourra négliger l’étude de la Tora au bénéfice de la prière. Que D-ieu nous en préserve, car il est évident que nous devons étudier beaucoup la Tora, y songer et approfondir son étude jour et nuit. Rien n’est plus évident.
 
Au contraire, la Tora et la prière sont liées ensemble d’un lien très puissant, comme il est rapporté dans Liqouté Moharan (I:2) : La Tora et la prière se renforcent et s’éclairent réciproquement. On doit donc s’occuper des deux, respecter et accomplir la Tora étudiée, dont les lettres sont des étincelles spirituelles qui s’habillent dans la prière et s’y renouvellent comme dans une grossesse (‘Ibour). C’est de cette manière qu’on perfectionne la lumière de la prière.
 
D’une part, on apprend de cette causerie que la prière sans la Tora est très faible et vide de contenu, d’où la nécessité évidente de l’étudier. Mais d’autre part, nous sommes obligés de savoir que si on ne prie pas pour cela, l’étude de la Tora est impossible.
 
Qui parmi nous est plus grand que rabbi 'Aqiva qui répandit des torrents de larmes pour mériter d’étudier la Tora et de se repentir : il s’agit de l’hitbodedouth, car où répandit-il des torrents de larmes, sinon dans les prières de l’isolement ?
 
Qui parmi nous est plus grand que le Ben Ich ‘Haï, qui pratiquait très souvent, comme on le sait, l’hitbodedouth ? Que dira-t-on du ‘Hafets ‘Haïm qui pratiquait l’hitbodedouth deux heures par jour d’une façon régulière, à part beaucoup de supplications et de requêtes qu’il prononçait pour les cas de détresse collective et individuelle.
 
Combien d’hitbodedouth pratiqua le roi David qui connaissait toute la Tora ? Combien de prières prononça-t-il ? Combien de larmes répandit-il ? Combien de fois demanda-t-il à Hachem qu’Il le rapproche de Lui ? Tous les justes n’ont cessé de pratiquer l’hitbodedouth.
 
Si les justes qui étaient attachés à Hachem et à Sa Tora, ont tant pratiqué l’hitbodedouth et ont tant supplié Hachem pour qu’Il les ramène à Lui, à plus forte raison celui qui est éloigné d’Hachem et de Sa Tora, doit-il demander à Hachem de le rapprocher pour avoir le mérite de l’étudier, de l’enseigner, de la respecter, de l’accomplir et de la connaître. Combien doit-il supplier Hachem pour qu’Il le rapproche de Lui, béni soit-Il.
 
Celui qui sait ne pas être attaché à la Tora depuis le jour de sa naissance, et qui a déjà fauté et transgressé l’ensemble de la Tora des milliers de fois, et qui continue à transgresser chaque jour ses interdits les plus graves, combien doit-il supplier et implorer le Créateur pour qu’Il lui donne la force de maîtriser son mauvais penchant. Il doit faire cela afin de détruire tout mal en lui ; ses défauts et mauvais désirs, et pour qu’Il le rapproche à Lui, afin de mériter un vrai et total repentir.
 
Combien de prières sont-elles nécessaires pour cela ? Nous répétons donc ces mots : l’homme doit savoir que sa rédemption, c’est la prière !
 
S’il on le mérite, la Tora est un remède
 
De temps à autres, des élèves de sages (talmidé ‘hakhamim) qui ont étudié depuis leur enfance à la yéchiva, viennent me voir. A première vue, que leur manque-t-il ? Rien ne vaut la vie de Tora ! Néanmoins, ils viennent me voir, alors qu’ils sont découragés et perplexes.
 
S’ils traversent une quelconque épreuve, ils sont désespérés et ont perdu toute confiance en eux-mêmes. Ils sont incapables de sortir de l’obscurité qui les enveloppe. Pourquoi ? Que leur manque-t-il ? C’est la prière qui leur fait défaut ! Ils sont éloignés de la rédemption, parce qu’ils sont éloignés de la prière. Qu’en est-il de leur étude de la Tora ? Ils sont loin d’accomplir ce qu’ils apprennent.
 
Le conseil essentiel pour accomplir ce qu’on étudie, est celui de la prière. Même celui qui étudie jour et nuit, avec l’intention d’accomplir tout ce qu’il apprend, doit encore prier beaucoup pour accéder à ce mérite. Si son intention n’est pas d’accomplir ce qu’il apprend, il est préférable qu’il s’abstienne d’étudier la Tora.
 
Par conséquent, un talmid ‘hakham qui délaisse la prière, est privé de l’essentiel, car le moyen qui lui permettra d’accomplir ce qu’il étudie, c’est la prière. De plus, sans la prière, on perd son lien avec Hachem, car l’essentiel de ce lien passe par la prière. Et pourquoi étudierait-t-on la Tora, sinon pour créer un lien avec Hachem ?
 
Lorsqu’on étudie la Tora, et en particulier les livres d’éthique (moussar) et de piété (‘hassidouth) la perfection ne vient que lorsqu’on transforme la Tora en une prière, comme notre saint Maître l’écrit dans Liqouté Moharan (I:22) : En priant pour la Tora cachée, on s’élève de degré en degré, et ce qui était caché devient révélé, repoussant ainsi ce qui était caché à un niveau supérieur. Il écrit dans le même texte que la prière se trouve à un niveau supérieur à la Tora.
 
Dans le Liqouté Moharan (II:25), Rabbi Na'hman de Breslev à écrit : Il convient aussi de transformer la Tora en prière, c’est-à-dire lorsqu’on entend un mot de Tora de la part d’un authentique juste, il faut demander à Hachem de mériter d’accéder au contenu de cette parole et comme on en est éloigné, Lui demander d’avoir le mérite d’accomplir tout ce qu’elle contient.
 
L’être intelligent et de bonne volonté, sera conduit par Hachem sur la vraie voie, et déduira de lui-même ce qu’il doit faire pour l’appliquer : comment se conduire afin que ses paroles soient gracieuses et justes, afin de Lui plaire pour qu’Il puisse le rapprocher de Sa véritable adoration.
 
Le thème de cette causerie est sublime, car la transformation de la Tora en prière, en fait un délice dans les Hauteurs célestes. Grâce à la prière, on construit des réceptacles spirituels destinés à recueillir une abondance de Tora dans le monde qui, sans la prière, ne pourrait être révélée. Sans la prière, la lumière de la Tora ne peut briller et influencer l’homme. Par conséquent, il n’y a pas de doute qu’il faille étudier la Tora, car l’ignorant n’est pas pieux (‘hassid), et le sot ne craint pas la faute (Avoth, 2:5). De plus, si l’homme n’étudie pas la Tora, à propos de quoi priera-t-il ?
 
De fait, cet homme ignore ce qui est permis et interdit et quelle est la Volonté divine à son égard. Mais après l’étude, l’homme doit passer à l’action, et c’est alors qu’il faut pratiquer l’hitbodedouth. Comme il est écrit : Sache aujourd’hui même, et place-le sur ton cœur, etc.’ car il faut assimiler la Tora et la connaissance et l’inscrire dans le cœur, selon ce verset : Écris-le sur le tableau de ton cœur.
 
Or, cela n’est possible que si on prie pour accomplir ce qu’on a étudié. Il s’ensuit que la prière maintient la Tora, car on prie pour accomplir la Tora. Si on étudie sans pratiquer, on n’a rien fait.
 
De plus, Rabbi Na'hman a écrit (I:101) de superbes choses à propos de l’importance de l’étude de la Tora. Lorsque l’homme prend vraiment sur lui-même le joug de la Tora, c’est-à-dire qu’il l’étudie en profondeur jusqu’à saisir sa pensée, il mérite alors de détruire ses défauts et son visage s’éclaire.
 
A première vue, il suffit donc d’étudier la Tora afin de parvenir à la réparation et la rédemption. Mais en vérité, afin d’accéder à un tel niveau d’étude en profondeur, et s’engager à vraiment prendre sur soi le joug de la Tora, il faut beaucoup prier. Si l’homme étudie en profondeur sans prier, il s’emplit d’orgueil, et la Tora, non seulement sera impuissante à le débarrasser de ses défauts, mais lui portera même préjudice ; comme nos Sages de mémoire bénie l’enseignent : Si on ne le mérite pas, la Tora devient un poison mortel. Nous voyons des impies parmi les érudits, qui s’opposent aux justes et les méprisent.
 
D’après ce qui précède, on comprend combien l’homme a besoin d’hitbodedouth pour l’étude de la Tora, soit pour simplement mériter de s’asseoir et d’étudier, soit pour comprendre et déduire de justes conclusions ; soit pour se défendre de tout sentiment d’orgueil, soit pour mériter d’accomplir toute son étude ou éclairer son visage, à force d’étudier en profondeur. Il en résulte que de toutes manières, l’homme a besoin de beaucoup d’hitbodedouth et que l’étude de la Tora ne le dispense pas de la prière.
 
Au contraire, l’étude de la Tora est la principale raison de la multiplication des prières, car elle l’éveille à la prière, et la juste voie de l’étude conduit au désir de l’accomplir et de l’exprimer par les mots – ce qui n’est pratiquement rien d’autre que la prière.
 
De plus, il a besoin de prier pour la Miséricorde divine afin de mériter d’étudier en l’honneur de Son nom, comme l’on dit nos Sages : Comment l’homme devient-il sage ? En minimisant son commerce et en augmentant son étude. On leur répondit : Beaucoup agirent ainsi sans devenir sages pour autant ! Mais c’est qu’il faut demander miséricorde à Celui qui détient la sagesse. (Nida, 70).
 
Et la Guemara de conclure : Les deux sont nécessaires : accroître l’étude et prier pour la miséricorde.
 
A plus forte raison lorsque nos Sages de mémoire bénie nous enseignent que la Tora possède ces deux forces : Si on le mérite, c’est un remède, sinon c’est un poison mortel. Sur quoi s’appuie celui qui croit en ces enseignements de nos Sages, bénie soit leur mémoire, pour ne pas faire partie de ceux qui goûteront à un poison mortel ? A sa bonne étoile ?
 
Celui qui possède un minimum de bon sens comprend que beaucoup de prières et de supplications sont nécessaires pour mériter que la Tora étudiée devienne un remède et non un poison mortel. L’étude de la Tora est l’un des sujets à propos duquel il convient de prier régulièrement une demi-heure chaque jour, pendant une longue période. On doit demander à Hachem d’ouvrir les portes de l’étude, de mériter l’amour de la Tora, de déduire de justes conclusions, de l’accomplir, etc.
 
On doit prier ainsi durant une certaine période et remercier chaque jour pour ce qu’on mérite d’apprendre, même si on n’a étudié qu’une seule ligne. De même, on doit effectuer un honnête examen de conscience sur l’étude journalière de la Tora.
 
À suivre…

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