Un temps pour méditer

Il est évident qu’un père est heureux d’avoir un tel fils, et il se dit : “Quel fils aimable ! Il apprécie le bien qu’on lui fait. Il s’efforce de corriger ses actions...”

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le Rav Shalom Arush

Posté sur 06.04.21

Un substitut aux souffrances
 
Il existe un moyen de supprimer complètement, ou du moins en grande partie, les tribulations de ce monde-ci. Nous commençons par une parabole.
 
Le père punit son fils. Le fils imbécile se met en colère pour la punition qu’il reçoit et hait son père.
 
Bien qu’il ne soit pas satisfait de la punition et qu’il en souffre, un fils un peu plus intelligent comprend qu’il n’est pas puni pour rien et recherche la cause. Lorsqu’il la trouve, il se confesse, regrette, demande le pardon et s’engage à ne plus récidiver. Même lorsqu’il ne sait pourquoi il est puni, il demande pardon à son père d’une façon générale et dit : Mon père, pardonne-moi de mes fautes. Aide-moi à ne jamais recommencer.
 
Le fils encore plus intelligent, sait que son père l’aime et qu’il le punit pour son bien. Il accepte donc joyeusement cette punition et dit : Mon père, je sais que ton intention fut uniquement de m’éveiller pour me rapprocher de toi. Je te remercie de ne pas m’abandonner à mes erreurs. Je te prie de me dire, cher père, quelle fut la cause de cette punition. Lorsque son père la lui révèle, il se confesse, regrette, demande pardon et s’engage à réparer sa faute et de ne plus recommencer.
 
Il est évident que ce fils-là a atteint un haut niveau, puisqu’il est content de la correction, mais c’est seulement lorsqu’il est puni, qu’il s’éveille et corrige ses actions.
 
Mais il existe un autre fils qui aime vraiment son père, et qui n’attend pas d’être puni pour comprendre qu’il a fauté, qui chaque jour s’introspecte et interroge : Quel est le précepte que mon père m’ordonna d’accomplir aujourd’hui ? L’ai-je réalisé entièrement ? Est-ce que je me conduis selon la volonté de mon père ? Il effectue un examen de conscience détaillé pour chaque pensée, parole et action, afin de savoir comment se conduire. Il remercie son père pour les bonnes actions qu’il eut déjà le mérite de réaliser et regrette ses mauvaises actions. Il se tourne vers son père et le remercie pour tous les bienfaits qu’il reçoit de lui : la nourriture, l’entretien, l’enseignement de la sagesse, de l’entendement et de la connaissance. Il confesse devant lui sa mauvaise conduite, lui exprime ses regrets, demande son pardon et lui promet de corriger ses actions.
 
Il est évident qu’un père est heureux d’avoir un tel fils, et il se dit : Quel fils aimable ! Il apprécie le bien qu’on lui fait et il désire bien faire. Il s’efforce de corriger ses actions sans attendre la punition et m’épargne ainsi la peine de punir un enfant afin qu’il répare ses erreurs. Même si je vois qu’il s’égare, transgresse mes injonctions et qu’il n’a pas encore corrigé tout ce qu’il faut, et qu’il commet des fautes graves, comment puis-je le punir ? Il consacre journellement un temps à son introspection, afin de se rectifier et exécuter ma volonté. Punirais-je un tel fils ? Au contraire, il suffit qu’il ouvre la bouche et déjà j’exauce tous ses souhaits. Là où il se trompe encore, je procède par de très fines allusions et beaucoup d’amour, car je sais qu’il corrige son erreur, dès qu’il la discerne.
 
Le père continue à méditer : Si seulement tous mes fils venaient à moi chaque jour, me parlaient de cette façon et me demandaient de subvenir à leurs besoins, il est certain que je céderais à leurs demandes. Quant à celui qui ne comprend pas et se met en colère dès que je le punis, s’il se tournait vers moi et me demandait une faveur, je l’exaucerais et peut-être comprendrait-il combien je l’aime.
 
Le fils bien-aimé
 
Si un fils remercie ses parents journellement pour chaque bienfait qu’il reçoit, leur demande pardon pour chaque mauvaise action commise, les supplie de se rapprocher d’eux et de l’aider à se renforcer dans son obéissance et effectue un examen de conscience quotidien sur ses bonnes ou mauvaises actions, qui pourra punir un tel fils ?
 
Un homme qui veut se comporter comme un fils qui aime vraiment son père, doit s’isoler au moins une heure chaque jour dans une chambre ou aux champs et s’entretenir avec HaChem béni soit-Il, le supplier – en s’excusant avec des paroles d’apaisement – et Lui demander qu’Il le rapproche à Lui en Le servant vraiment. Il doit aussi se juger, comme il est écrit (Psaumes 112 : 5) : “Il règle ses affaires avec justice”, c’est-à-dire qu’il juge lui-même chacune de ses pensées, paroles et actions. Pour chaque action jugée convenable, il doit Le remercier joyeusement et de tout son coeur. Pour chaque conduite jugée incorrecte, il doit se confesser devant HaChem béni soit-Il, Lui demander pardon, exprimer ses regrets, s’engager à corriger ses actions et à ne pas récidiver. Il doit se conduire ainsi tous les jours de sa vie ; il doit juger les actions accomplies dans le laps de temps qui sépare l’isolement de la veille et celui d’aujourd’hui. Il annulera ainsi ses angoisses et ses peines, car lorsqu’on est jugé ici-bas, on est dispensé du jugement d’En-Haut, et il n’est pas nécessaire d’envoyer des souffrances des Cieux à cet homme, afin de l’éveiller, car il le fait lui-même.
 
Faire attention
 
L’homme qui consacre journellement une heure à l’isolement et à la méditation (hitbodedouth), atteint un plus haut niveau que celui qui accepte les souffrances avec amour et joie, puisqu’il n’attend pas de souffrir pour s’éveiller mais s’éveille de lui-même, comme il est rapporté dans la guemara (traité Berakhot 7) :
 
Rabbi Yo’hanan dit au nom de rabbi Yossi : Une correction morale dans le cœur de l’homme vaut mieux que la flagellation, comme il est dit (Osée 2 : 9) : “Elle a couru après ses soupirants, etc. Et elle a dit : Je veux retourner auprès de mon premier mari car alors j’étais plus heureuse qu’à présent”. Selon Rech Lakich, le repentir est préférable à cent coups de bâtons, comme il est dit (Proverbes 17 : 10) : “Un reproche fait plus d’impression sur un homme intelligent que cent coups de bâtons sur un sot”. Rachi explique ce verset : une correction morale, c’est la soumission que l’homme accepte de lui-même.
 
Il en résulte qu’en s’éveillant de lui-même et en faisant attention à corriger ses actions, l’homme s’épargne beaucoup de douleurs, et de plus, son éveil est bien plus efficace et utile pour son repentir que de nombreuses souffrances.
 
Cher lecteur ! Médite sur la grande bonté et la puissante miséricorde du Créateur, qui nous offre un tel cadeau : grâce à la méditation dans l’isolement, l’homme peut s’affranchir de toutes ses fautes, d’amères punitions et de plus, recevoir une récompense infinie pour son repentir et sa méditation. Il est dit à ce propos : rien n’est plus grand et élevé que la méditation dans l’isolement !
 
La force d’une simple prière
 
Il faut savoir aussi que l’heure choisie par l’homme pour méditer dans l’isolement et effectuer son examen de conscience est tellement importante qu’elle a la force de protéger le monde entier, comme il est écrit dans les Causeries de Rav Na’hman (leçon 70) :
 
“Est-il possible de laisser HaChem béni soit-Il décréter dans le monde ? Devons-nous interrompre HaChem béni soit-Il qui est occupé à Ses décrets, que D. nous en préserve, afin qu’Il les abandonne, se tourne vers nous et écoute nos demandes de rapprochement à Son service ? En effet, lorsqu’un Juif désire parler à HaChem béni soit-Il et qu’il ouvre son cœur, HaChem abandonne toutes Ses affaires, tous les décrets qu’Il prépare, que D. nous en préserve, pour se tourner vers cet homme”.
 
La signification de cette Causerie est la suivante : tout homme, femme, adolescent, adolescente, de bas ou de haut niveau ; que ce soit la personne la plus simple, effacée ou médiocre et même l’être le plus impie du monde, a la possibilité et le mérite de se tourner vers HaChem, pour Lui demander de se rapprocher de Lui, et le Saint béni soit-Il abandonne tout pour écouter sa prière ! C’est grâce au mérite d’un tel homme, que le monde est sauvé des durs et mauvais décrets que le Créateur pourrait prononcer à la même heure ! Il s’ensuit que si les gens étaient occupés vingt quatre heures par jour à la méditation dans l’isolement, le monde serait épargné de tout mauvais décret.
 
On raconte qu’avant la déclaration de la seconde guerre mondiale, les Juifs polonais assuraient la relève de la méditation dans l’isolement (hitbodedouth) de telle sorte qu’on la pratiquait sans cesse et dès que cette chaîne cessa, la terrible guerre éclata…
 
Il s’avère que chacun doit commencer à méditer dans l’isolement, ce qui est vraiment un devoir facile et agréable. Rien de tel que la rencontre avec le Souverain, qui détient tout entre Ses mains ! Si on invitait un homme célibataire à rencontrer en privé le plus grand courtier de mariages (chadkhan) du monde pour lui trouver la meilleure des femmes, repousserait-il une telle rencontre ? Si on proposait à un homme de passer une heure avec le plus grand millionnaire du monde, devant lequel il formulerait toutes ses requêtes, hésiterait-il un seul instant ? Si on organisait pour un homme une entrevue avec le ministre de l’habitat qui trouverait une solution à ses problèmes de logement, négligerait-il de s’y rendre ? N’irait-il pas rencontrer un Professeur de renommée mondiale, qui connaît le remède de chaque maladie ; ou parler avec le meilleur conseiller matrimonial et lui soumettre ses problèmes de paix dans le ménage ; ou être reçu par un expert international dans l’éducation des enfants pour recevoir une orientation adaptée à son cas ; ou être soigné par le meilleur médecin pour guérir son âme ? L’homme négligerait-il une telle occasion de résoudre tous ses problèmes et difficultés de la vie ? Toute réponse est bien sûr superflue.
 
Le Saint béni soit-Il est à la fois le courtier de mariages, le médecin, le millionnaire, le ministre de l’habitat, l’éminent éducateur, le conseiller matrimonial, le médecin des âmes, etc. comme il est écrit dans les Psaumes “HaChem est bon pour tout”. Il est bon pour la subsistance, Il est bon pour la guérison, Il est bon pour le choix d’un conjoint, etc.
 
Il est important que le lecteur qui ignore encore le concept de la ‘méditation dans l’isolement’ (hitbodedouth) sache qu’elle peut être effectuée en tout lieu, sous n’importe quelle forme, en toute langue et avec les mots les plus simples et les plus naturels. Si l’homme a faim ou qu’il est est fatigué, il peut au préalable manger ou se reposer. S’il a chaud ou froid, il peut allumer le ventilateur ou le chauffage. Il peut se tenir debout ou se promener, s’asseoir ou s’étendre. Bref, il doit chercher les conditions qui lui permettent de méditer dans l’isolement de la manière la plus tranquille, avec l’esprit en paix pour qu’il puisse épancher son coeur devant Celui qui a dit : “Que le monde soit et il fut” et en profiter.
 
Abandonne tout
 
Pourquoi, malgré tout, l’homme s’abstient-il de méditer dans l’isolement ? Pourquoi l’obstacle est-il si grand qu’il empêche la chose la plus naturelle et concevable que l’homme croyant puisse faire : parler à HaChem béni soit-Il ?
 
La réponse est la suivante : le mauvais penchant connaît la valeur de la méditation dans l’isolement. Il sait que c’est la finalité de l’homme ! Il sait que si l’homme médite dans l’isolement, il parvient alors à sa réparation (tikoun) dans ce monde et maîtrise toutes les difficultés et épreuves d’ici-bas ! Par conséquent, le mauvais penchant alourdit la tâche de la méditation dans l’isolement, tout en affaiblissant l’homme de telle sorte qu’il ne la pratique pas et qu’il trouve toutes les preuves et points d’appuis pour ne pas la pratiquer !
 
Cependant, l’homme intelligent qui lit ce livre doit arriver à la conclusion que peu importe ce qui arrivera : il doit tout abandonner et trouver le temps de méditer dans l’isolement, et commencer une nouvelle vie, une vie très douce ! Comme on le voit d’après la parabole citée plus haut, il n’existe pas de plus grand plaisir pour le Saint béni soit-Il, que d’avoir devant Lui un homme qui médite dans l’isolement, effectue un examen de conscience et Lui demande de subvenir à ses besoins matériels et spirituels. HaChem béni soit-Il entretient une relation chaleureuse avec un tel homme. Ce qu’il ne réussit pas lui-même à corriger, le Saint béni soit-Il, dans Sa longanimité, le lui suggère par de fines allusions et par toutes sortes de moyens. Et comme il consacre du temps à la méditation et à l’isolement, il a le temps et les moyens d’éclaircir les messages qu’HaChem béni soit-Il lui envoient. Il utilise évidemment les trois règles de la foi dans tous les événements de sa vie et il a donc les moyens de tout corriger, puisqu’à chacune de ses insuffisances il multiplie les prières jusqu’à ce qu’il mérite d’être exaucé. Ainsi, il mérite de connaître une vie de foi, proche d’HaChem, ce qui est la finalité de la création de l’homme.
 
Il est important que l’homme consacre un certain temps dans sa méditation solitaire pour prier sur la foi, et de demander à HaChem béni soit-Il :
 
HaChem, je Te prie, donne-moi une foi parfaite afin que je puisse croire que le mal n’existe pas dans le monde, que tout est entre Tes mains et que tout est pour le bien. Donne-moi la foi de croire que Tu m’aimes tel que je suis et que je te donne du plaisir.
 
Donne-moi la parfaite foi que rien n’existe hormis Toi, c’est-à- dire que les hommes n’existent pas et que celui qui se lève apparemment contre moi n’est qu’un bâton dont Tu te sers pour m’éveiller à me rapprocher de Toi. Donne-moi la foi que ce n’est ni ma femme, ma belle-mère, mon patron, ni personne, mais que c’est bien Toi qui me fais signe pour que je m’approche de Toi et te supplie.
 
Donne-moi la parfaite foi que je ne désire pas me mortifier, et m’accuser car le ‘moi’ n’existe pas, puisqu’il n’existe rien hormis Toi, béni soit-Il. Donne-moi la foi que par la prière, il est possible de tout réparer, briser tout défaut et entraver tout désir.
 
Donne-moi la parfaite foi que chaque manque dont je souffre n’est causé que par un manque de prière et donne-moi la volonté d’intensifier et de prolonger la prière pour chaque insuffisance matérielle et spirituelle, afin que je puisse mériter le bien dans tous les domaines, matériels et spirituels.
 
Donne-moi la foi que tout est entre Tes mains, afin que je puisse renier le principe de ‘C’est ma puissance et ma force’, et que je n’investisse que dans la prière, etc.
 
J’ai entendu de mon maître et rabbi, rav Lévy Yts’hak Bender zts’l, qu’après cent et vingt ans, on ouvre le livre de l’homme qui arrive au Ciel et se présente devant le Tribunal céleste. Ses pensées, paroles et actions quotidiennes sont consignées à chaque page. Partout où une méditation dans l’isolement est consignée, on tourne la page sans le juger sur le jour précédant. Mais là où une telle méditation manque on juge cet homme pour chaque pensée, parole et action, et il doit rendre des comptes détaillés.
 
Il est si difficile de consacrer un temps à la méditation dans l’isolement, que l’homme doit se battre à nouveau chaque jour pour gagner cette heure, même lorsqu’il pratique cette méditation depuis des années. La méditation dans l’isolement est la correction de la journée et on comprend pourquoi le mauvais penchant lutte pour empêcher l’homme d’effectuer sa réparation éternelle.
 
Le juste rabbi Na’hman de Breslev, que son mérite nous protège, a dit à propos de ce prodigieux culte et de cette précieuse opportunité de se rapprocher d’HaChem, qui résout aussi tous les problèmes : Rien n’est plus élevé ni grandiose que la méditation dans l’isolement !
 
À suivre…

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